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Produire moins pour plus d’autonomie

Certains éleveurs réduisent la taille de leur troupeau pour mieux l’adapter aux surfaces ou au temps disponible. Une pratique intéressante une fois les investissements remboursés et à condition de respecter certains seuils de rentabilité.

Même si les laiteries sont plutôt à chercher du lait de chèvre en ce moment, certains éleveurs font leur calcul et préfèrent adapter la taille de leur cheptel aux surfaces fourragères disponibles. Avec moins de chèvres, on gagne en autonomie alimentaire en produisant davantage son alimentation et en achetant moins d’aliments à l’extérieur. Moins de chèvres, c’est aussi moins de temps passé à s’en occuper. Avec plus de temps pour les surveiller et moins de densité en bâtiment, c’est potentiellement aussi une meilleure santé du troupeau.

« On a toujours intérêt à faire mieux avec ce que l’on a avant d’en faire plus », recommande Nicole Bossis de l’Institut de l’élevage. Mais produire moins de lait pour gagner en autonomie n’est pas toujours gagnant d’un point de vue économique. « Il y a des seuils de litrage ou de chèvres par UMO à respecter pour dégager un revenu, être autonome au moins en fourrages ou être à l’aise d’un point de vue travail… Mais ces seuils sont parfois contradictoires entre eux », reconnaît l’économiste en détaillant ces seuils.

Selon les données de coût de production 2018, un livreur doit produire un minimum de 150 000 litres en conventionnel s’il veut espérer dégager deux Smic par unité de main-d’œuvre (UMO). En bio, il faut un minimum de 100 000 litres en se basant sur les prix du lait de 2016-2017. Pour les fromagers fermiers, un minimum de 20 000 litres semble nécessaire quand on peut avoir une bonne valorisation du litre de lait (c’est le cas dans le Sud-Est). Quand les fromages ne sont pas autant valorisés, c’est plutôt 30 000 litres minimums. On estime en parallèle qu’une chèvre suitée ingère chaque année 1,1 tonne de matières sèches, soit, en fonction des potentiels pédoclimatiques, 5 à 10 chèvres par hectare.

Faire mieux avec moins de chèvres

Sur la question du travail, on estime qu’en moyenne, une chèvre amène une quinzaine d’heures de travail d’astreinte par an. Mais cela varie de 7 à 20 heures par an et cela décroît, grâce aux économies d’échelles, au-delà de 180 chèvres. En élevages fermiers, il faut en moyenne 5 000 heures de travail pour produire, transformer et commercialiser les 60 000 litres d’un troupeau de 90 chèvres.

Les élevages caprins français sont globalement moins autonomes que d’autres élevages. Par exemple, l’autonomie alimentaire globale n’était que de 56 % en 2014 chez les éleveurs caprins contre 85 % en moyenne en élevage de bovins laitiers. C’est particulièrement vrai dans le cas des élevages avec caprins et bovins viande. « Aujourd’hui, bon nombre d’entre eux sont très voire trop chargés, estime Nicole Bossis. La surface n’a pas suivi l’agrandissement des troupeaux. Les chèvres sont parfois conduites sur des systèmes tout achat avec, à côté, un troupeau bovin viande pas toujours rentable ». Il est alors judicieux de redimensionner la taille et l’équilibre entre les deux troupeaux pour que les chèvres puissent gagner en autonomie alimentaire et que le troupeau allaitant serve d’abord à pâturer les surfaces non accessibles et à manger les refus du troupeau caprin.

À chacun de faire ses calculs, dans son contexte pédoclimatique et avec ses objectifs. Mais la question ne se pose pas de la même façon selon que l’on soit jeune installé ou que l’on ait fini de payer ses investissements… La problématique n’est la même non plus quand le prix du lait est élevé ou non…

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