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Livreur de lait en Mayenne, l’EARL Al’Pin mise sur le désaisonnement des chèvres et la transformation en fromages

Installés en 2018 en Mayenne, Samuel Vallée et sa conjointe Justine Monsimer ont fait le choix du désaisonnement et de la transformation partielle pour assurer une bonne valorisation du lait.

En 2018, après un BTS Acse, une licence de droit des entreprises agricoles et deux ans comme conseiller bancaire, Samuel Vallée s’est installé à Entrammes, en Mayenne, par reprise d’une exploitation en vaches allaitantes et cultures. Sa conjointe, Justine Monsimer, titulaire d’un BTS Acse, d’un CS caprin et qui travaillait alors comme inséminatrice bovins-caprins, l’a rejoint peu après, comme salariée à mi-temps pour l’instant.

« Nous voulions depuis toujours nous installer en caprins, expliquent-ils. Mais nous ne sommes pas issus du milieu agricole et n’avions pas de ferme à reprendre. Et comme il n’y avait pas de chèvres sur l’exploitation, il fallait tout construire. Nous avons choisi de nous installer avec Agrial qui, dans le cadre de son plan caprin, nous a apporté un appui technique, une avance de trésorerie et nous a soutenu auprès des banques. » Dès le départ, les éleveurs ont aussi fait le choix du désaisonnement et de la transformation d’une partie des volumes pour viser une bonne valorisation du lait.

Mises bas fin août

L’exploitation compte aujourd’hui 430 chèvres laitières alpines, 150 chevrettes et 6 vaches allaitantes gardées pour valoriser les refus des chèvres et des terres accidentées. La SAU de 73 hectares se répartit entre 40 hectares de SFP (10 hectares de luzerne, 10 de ray-grass italien et trèfle, 20 de prairies naturelles) et 33 hectares de culture (orge, blé, maïs épi). « Nous sommes autonomes au niveau des fourrages mais nous achetons 50 tonnes de paille par an », précise Samuel.

Le cheptel a été constitué essentiellement par achat de chevrettes à Chevrettes de France. « Nous avons acheté 250 chevrettes gestantes désaisonnées à Chevrettes de France. Et comme il en manquait à ce moment-là, nous avons aussi acquis 175 chevrettes d’un mois, ce qui nous a permis de nous faire la main sur l’élevage des jeunes. » Toutes les mises bas ont lieu fin août. 35 % des chèvres sont inséminées par Justine. « Nous faisons des échographies à 35 jours sur les inséminations, puis sur tout le troupeau, précise-t-elle. Nous avons le matériel d’échographie en commun avec d’autres éleveurs, ainsi qu’une cage de pesée et une cage de parage. »

Les éleveurs pratiquent aussi la filiation sur les chèvres et chevrettes en lutte naturelle, avec un bouc pour 32 chèvres ou 19 chevrettes pendant trois semaines, puis le mélange des femelles et des mâles. Les chevreaux et chevrettes sont séparés de leur mère à la naissance et vont en nurserie où ils reçoivent du colostrum thermisé puis passent à la louve. Ils sont ensuite pesés une fois par mois. De 60 à 70 chevreaux par an sont engraissés sur place. Et 130 à 150 chevrettes sont gardées pour le renouvellement. Le reste est vendu à Chevrettes de France ou désormais gardé en lactation longue.

Un prix payé de 960 euros les 1 000 litres

Après avoir débuté avec du foin et du concentré distribué au seau, les éleveurs se sont équipés en 2023 d’un bol mélangeur, d’un distributeur de concentré et d’une pailleuse dérouleuse. La ration des chèvres est désormais constituée d’ensilage d’herbe, de concentrés Chèvre laitière à 21 % de MAT, de correcteur azoté à 39 % de MAT, de maïs épi et de mélasse. Elle est apportée le matin puis repoussée le soir. Le concentré (1,1 kilo par jour) est distribué matin et soir. Et les chèvres reçoivent 100 grammes d’orge aplatie à chaque traite. Au final, Samuel et Justine parviennent ainsi à livrer en désaisonné 387 000 litres de lait, soit une moyenne de 900 litres par chèvre, avec un TB de 49 grammes par litre, un TP de 37 grammes par litre et 800 000 cellules par millilitre de lait. « Notre objectif aujourd’hui est d’augmenter la production par chèvre, par la génétique et en cherchant à avoir des chevrettes plus lourdes, pour qu’elles produisent plus la première année, expliquent les éleveurs. Le désaisonnement et les taux élevés nous assurent toutefois une bonne valorisation du lait, avec un prix payé de 960 euros les 1 000 litres. »

Transformer 90 000 litres de lait

En 2024, l’EARL Al’Pin a investi 38 000 euros dans un atelier de transformation. Environ 200 litres de lait par jour sont actuellement transformés en fromages lactiques (bûche, pyramide, fromage rond) et yaourts (6 parfums), l’objectif étant de transformer 90 000 litres de lait. Pour avoir du lait toute l’année, les éleveurs pratiquent désormais des lactations longues. « Depuis 2024, nous gardons 140 chèvres en lactation longue, ce qui nous assure du lait toute l’année et nous donne moins de travail en période de mises bas. Nous avons par contre moins de chevrettes à vendre à Chevrettes de France. » Les produits sont commercialisés en grandes surfaces, dans des restaurants, en restauration collective, à la ferme le vendredi soir et sur des marchés festifs. L’EARL est labellisée Bienvenue à la ferme et communique sur les réseaux sociaux et dans la presse locale. « Il y a de la demande, assure Justine. La difficulté est de trouver le temps de démarcher ! »

Une chèvrerie conçue pour le désaisonnement

Samuel et Justine ont investi 485 000 euros dans un bâtiment de 1 700 m2 regroupant la chèvrerie, la nurserie et la salle de traite. Avant de le construire, ils ont fait venir un géobiologue. La chèvrerie a été pensée pour des mises bas désaisonnées. « L’hiver, nous allumons la lumière de 6 à 22 heures, pendant trois mois, explique Samuel. Puis pendant deux mois, nous veillons à ce qu’il y ait peu de lumière. Il y a donc assez peu d’ouvertures, peu de translucides, pas de translucides sur les aires paillées. » La traite se fait dans une installation ligne haute 2x32 places, simple équipement, avec deux sorties rapides. « Elle a été conçue pour pouvoir traire seul, précise Justine. Nous ne faisons pas de trempage, ni avant ni après la traite. La traite dure environ 1h30 au pic matin et soir. » La nurserie attenante à la chèvrerie est isolée et en ventilation dynamique.

Chiffres clés 2025

EARL Al’Pin

3 UMO Samuel, Justine à mi-temps, un salarié, une apprentie
73 ha, dont 40 ha de SFP et 33 ha de cultures
900 l par chèvre
TB 49 g/l, TP 37 g/l
387 000 l livrés à Agrial
960 €/1 000 l payés en livraison
Coût de production 700 €/1 000 l, dont alimentation : 440 € ; frais de reproduction : 14 € ; frais vétérinaires : 7 €

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