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La Fnec revient sur une année bousculée par le Covid-19 pour les éleveurs caprins

Lors de son assemblée générale en distanciel, la Fédération nationale des éleveurs de chèvres a fait le point sur l’année chaotique de 2020 : crise du chevreau, hausse des coûts de production et renouvellement des générations ont été discutés.

La première assemblée générale à distance de la Fnec a réuni 40 chevriers adhérents au syndicat national. © Fnec
La première assemblée générale à distance de la Fnec a réuni 40 chevriers adhérents au syndicat national.
© Fnec

Pour une première assemblée générale par écrans interposés, la Fnec a réussi à battre le rappel des troupes, après l’annulation en 2020 de l’AG qui devait se tenir en Vendée. Avec 40 participants au plus fort de l’évènement qui s’est déroulé durant la matinée du 20 avril, Jacky Salingardes, président du syndicat national, s’est dit très satisfait des nombreux échanges qui ont rendu vivante cette réunion hors du commun.

Les conséquences de la pandémie de Covid-19 ont eu de nombreuses conséquences sur la production de lait de chèvre, pour les livreurs comme pour les fromagers fermiers. Car, malgré le maintien des activités agricoles pendant le premier confinement de mars 2020, nombre de débouchés ont disparu, au moins momentanément. Avec la fermeture des restaurants, écoles et marchés, les industriels et certains fromagers ont tenté de ralentir leur production pour coller au plus près du marché. Les astuces et pratiques d’urgence mises en place sur les élevages ont été nombreuses et ont été la preuve de réactivité des acteurs de la filière. « Les baisses de chiffre d’affaires à cause de la Covid-19 sur les exploitations sont très liées au canal de distribution, détaille Nicole Bossis, de l’Institut de l’Élevage. Les éleveurs livrant des restaurants ou comptant sur la proximité avec une route passante ont dû se réinventer. »

 

 

 

L’impact des confinements sur le revenu des fromagers fermiers en 2020 est loin d’être négligeable, comme l’a démontré la spécialiste de la filière dans sa présentation. « Lors du confinement de mi-mars à mi-mai, 60 % des producteurs fermiers ont enregistré des baisses du chiffre d’affaires et parmi eux, entre 15 et 25 % ont perdu plus de la moitié par rapport aux années précédentes », pointe Nicole Bossis. De mi-mai à mi-juin, pendant la phase de déconfinement et la reprise progressive de l’activité économique, la moitié des producteurs fermiers ont vu encore leurs revenus diminués. « La période estivale, avec un tourisme accru sur tout le territoire a renfloué les caisses avec un éleveur sur deux qui a maintenu son chiffre d’affaires par rapport à 2019 et 30 % ont même gagné plus », développe l’experte.

De nouveaux circuits de distribution sont apparus, certains se sont arrêtés avec le regain de liberté de déplacement, d’autres se sont maintenus depuis un an (vente à la ferme, drive fermier, Amap, magasins de producteurs, etc.), occasionnant parfois un temps de travail beaucoup plus important et une rentabilité relative, notamment avec les livraisons à domicile, très en vogue au printemps 2020. « Les confinements successifs ont dynamisé la demande en fromage en rayon libre-service en grandes surfaces », souligne Maria Campos Herrada, économiste à l’Institut de l’Élevage. En effet, les achats de ce type ont augmenté de 6 % par rapport à 2019.

Des relations commerciales tendues et des avancées pas à pas

Face à ces aléas du marché et pour faire suite aux États généraux de l’alimentation, la Fnec continue son travail pour la revalorisation du prix du lait. Jacky Salingardes a d’ailleurs souligné que « les relations commerciales ont été un peu plus tendues que l’an dernier. La hausse obtenue ne permettra que de couvrir les pertes occasionnées par la dévalorisation du chevreau. » Si les hausses se sont poursuivies en 2021, elles ont été moins importantes que l’an passé. L’objectif pour le syndicat reste « un prix moyen annuel de 790 euros/1 000 litres, pour produire un lait de qualité « origine France » en accord avec les attentes sociétales. »

En livraison ou en production fromagère, l’élevage caprin reste attractif pour les porteurs de projets d’installation. Cependant, certains participants à l’assemblée générale mettent en garde contre le manque de préparation de certains et les incohérences face à la réalité du métier. L’élevage caprin est d’ailleurs la production animale qui enregistre le plus de volatilités de carrières. « Il faut que les futurs installés fassent mieux mûrir leur projet. On a un profil qui se répète beaucoup, une personne qui veut travailler seule, en transformation intégrale. Hélas, il y a souvent de grosses lacunes sur la connaissance du métier et ses contraintes », alerte Jean-Philippe Bonnefoy, vice-président de la Fnec et producteur fromager en Bourgogne. Constat partagé avec Laurent Balmelle, producteur en Ardèche : « Il y a beaucoup d’installations hors cadre familial, de personnes qui ont tout à apprendre. » Se pose alors l’adéquation des programmes scolaires face aux réalités de l’élevage caprin. Samuel Hérault, éleveur dans les Deux-Sèvres, alimente le débat : « Nous travaillons à un rapprochement entre les cursus des collèges et lycées et le monde de l’élevage. »

Néanmoins, la question du renouvellement pérenne des générations reste une inquiétude majeure pour l’avenir de la filière. « Si aujourd’hui les laiteries ont de la matière première, il y a une grosse incertitude à l’horizon de la prochaine décennie, avec un grand nombre de départs en retraite des producteurs d’aujourd’hui », avance Jacky Salingardes.

Le coût de l’aliment plombe la fin 2020

 

 

 

La fin d’année 2020 a par ailleurs été marquée par une forte hausse des coûts de production. Alors que, sur l’ensemble de l’année, la variation par rapport à 2019 n’est que de + 0,3 %, on note une progression plus marquée dès septembre. En cause notamment, la hausse des prix de l’aliment. « Le prix des aliments achetés est en augmentation de 2,2 % entre 2019 et 2020, mais rien qu’entre décembre 2019 et décembre 2020, la hausse est de 5 % », montre Maria Campos Herreda, de l’Institut de l’Élevage. Pour atténuer un peu cette flambée des coûts de production, on constate aussi une importante hausse du prix de base du lait. Dès mars et jusqu’à la fin de l’année, l’augmentation entre 2019 et 2020 flirte avec les 4 %.

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