Gérer le parasitisme des chèvres par les strongles gastro-intestinaux
La maîtrise du parasitisme des chèvres au pâturage repose sur un suivi coprologique régulier, des traitements ciblés et une gestion rigoureuse des parcelles pour limiter la contamination et freiner les résistances.
La maîtrise du parasitisme des chèvres au pâturage repose sur un suivi coprologique régulier, des traitements ciblés et une gestion rigoureuse des parcelles pour limiter la contamination et freiner les résistances.


Le pâturage expose fortement les chèvres au parasitisme par les strongles gastro-intestinaux. Ces parasites posent des problèmes car la chèvre n’a que peu d’immunité naturelle. Or, les conséquences peuvent être graves : baisse de production, amaigrissement, anémie, diarrhée, voire décès. En parallèle, les résistances aux traitements augmentent, notamment en région Auvergne-Rhône-Alpes où 85 % des élevages sont concernés.
Un cycle parasitaire rapide
Les œufs des parasites sont excrétés par les chèvres sur les pâtures. En moins de dix jours, ils deviennent des larves infestantes que les animaux consomment. Ces larves se transforment ensuite en parasites adultes en une vingtaine de jours, ce qui entraîne une recontamination rapide des prairies. Pour casser ce cycle, il est essentiel d’agir à deux niveaux : dans l’animal et sur la prairie.
La coprologie permet de connaître le niveau d’infestation et d’ajuster les traitements. Il est recommandé de faire une première analyse avant la mise à l’herbe, puis une autre au printemps et une dernière avant la rentrée en bâtiment. Il faut envoyer les échantillons rapidement pour éviter l’éclosion des œufs.
Gare aux résistances
Face aux résistances, le traitement ciblé sélectif est à privilégier : on traite uniquement les animaux infestés, et au bon moment. Cela permet de préserver des parasites sensibles dans le troupeau et de limiter la pression de sélection. Il faut utiliser un produit autorisé, respecter la posologie selon le poids du plus lourd des animaux traités, alterner les familles d’anthelminthiques et vérifier l’efficacité par coprologie après traitement.
Les animaux introduits peuvent également être porteurs de parasites résistants. Une quarantaine, un traitement éventuel et une coproscopie sont recommandés lors de l’introduction d’animaux.
Préserver les pâtures par l’alternance
La gestion du pâturage joue aussi un rôle clé. Il faut éviter les « parcelles parking » utilisées toute l’année, créer des blocs de pâturage par période et prévoir au moins 60 jours de repos entre deux passages. Par exemple, un premier bloc peut être pâturé de mi-mars à mi-mai, un second de mi-mai à mi-juillet, et un troisième de septembre à novembre, avec fauche ou pâturage par d’autres espèces entre-temps. L’objectif est de proposer aux chèvres les parcelles les moins contaminées possible.
Trois vidéos et des infos
Trois vidéos ont été réalisées dans le cadre du projet ParCap Aura pour diffuser des connaissances sur la gestion du parasitisme en élevage caprin, en complément des autres livrables du projet. Les vidéos sont à voir sur idele.fr/…/videos-sur-la-gestion-du-parasitisme-en-strongles-gastro-intestinaux-en-elevage-caprin et les documents sur idele.fr/cappradel/.
« Face aux résistances, ne traiter qu’après coproscopie et avis vétérinaire »
Le projet ParCap Aura souligne l’urgence de limiter l’usage des antiparasitaires et de développer des alternatives, face à l’inefficacité croissante des traitements disponibles chez les chèvres. Recommandations de Jacques Devos, vétérinaire en Auvergne-Rhône Alpes.

« Le projet ParCap Aura a mis en évidence le faible arsenal médicamenteux disponible pour traiter les strongles gastro-intestinaux chez les chèvres, notamment à cause des délais d’attente pour le lait. L’éprinomectine, seule molécule avec un délai nul, est largement utilisée mais présente d’importants problèmes d’efficacité. Dans trois élevages sur quatre, elle ne fonctionne plus que ce soit à cause de la formulation pour-on ou d’une résistance avérée. Les benzimidazoles, bien que sujets à résistance depuis plus de trente ans, restent efficaces dans environ un sixième des élevages, ce qui en fait une option encore exploitable dans certains cas, sous réserve de tests de réduction d’excrétion fécale. Face à la généralisation des résistances, la principale recommandation est de réduire au maximum l’usage des antiparasitaires. Pour cela, il ne faut traiter qu’après coproscopie et avis vétérinaire. Il faut aussi vérifier l’efficacité des molécules avant emploi et, surtout, développer des alternatives non médicamenteuses car ce sera la seule voie durable pour maintenir les chèvres au pâturage à long terme. »