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Céréales en élevage bovins viande : bien caler le cycle du triticale

Le triticale est plébiscité pour sa rusticité, mais pour le valoriser au mieux, plusieurs règles sont à observer pour sa conduite. Arvalis synthétise les connaissances sur cette céréale qui a récemment fêté ses quarante ans.

triticale
Un semis trop précoce du triticale augmente le risque de développement des graminées. Il augmente aussi le risque de verse.
© Swalof Weibull

« Pour valoriser le triticale, il est important de bien caler son cycle », a présenté Chloé Malaval-Juéry d’Arvalis à l’occasion d’une conférence au Sommet de l’Élevage. La date de semis s’adapte à l’altitude et au type de sol, mais globalement on peut retenir qu’il faut éviter de semer trop tôt. « Un semis précoce augmente le risque de développement des graminées. Il augmente aussi le risque de verse. En effet, les sommes de températures sont de plus en plus élevées sur la période automne hiver, et le triticale a une capacité bien connue à émettre des talles à un rythme très soutenu », explique l’ingénieure.

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Il n’est pas toujours possible de s’y conformer, en altitude notamment ou l’hiver arrive brutalement à une date butoir. « Il faut aussi éviter de semer trop tard des variétés tardives car le remplissage du grain nécessite environ 100 °C de plus que celui du blé. Et la fin de cycle en sols séchants peut pénaliser le rendement. » L’idéal est d’étaler les risques en semant plusieurs variétés de précocités différentes s’il est possible de se les procurer. « On ne sait pas quand l’accident climatique va tomber. Une année, les parcelles les plus tardives vont mieux s’en sortir, et l’autre année ça sera les parcelles les plus précoces. »

Fertilisation azotée en deux apports

La densité de semis est un point clé pour réussir son triticale : elle ne doit pas dépasser 85 % de la densité de semis du blé. Les besoins unitaires en azote du triticale à l’optimum technique sont de 2,6 kgN/ha pour produire un quintal de grain. « On propose de fractionner en deux apports la fertilisation azotée, l’un au stade épi 1 cm et l’autre stade montaison. C’est fondamental pour diminuer le risque de verse. Il n’y a par contre pas utilité à faire trois apports. »

La petite faiblesse du triticale est sa sensibilité à la germination sur pied. D’une variété à l’autre, ce risque diffère. Arvalis a montré que les céréales germées sont consommables par les animaux avec une valeur énergétique non modifiée, sous réserve que le séchage et le stockage soient réalisés de façon optimale (humidité inférieure à 15 %) et que le processus de germination soit stoppé pour éviter un développement fongique.

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Le désherbage du triticale se gère comme celui du blé (gestion agronomique, et il est rattaché au blé dans le catalogue des usages sauf cas de restriction indiqué par la firme sur l’étiquette). Le chlortoluron est autorisé sur triticale. Douze essais d'Arvalis menés de 2003 à 2008 ont montré qu’il est sélectif du triticale à la dose de 1 800 g/ha en faisant attention aux conditions d’emploi.

L'ergot en recrudescence

Le triticale présente du fait de sa parentalité avec le seigle une sensibilité à l’ergot un peu plus forte que celle du blé, à la fois en fréquence et en teneur (d’après des résultats sur 4 000 parcelles récoltées entre 2012 et 2019). Ce champignon très toxique en alimentation animale représente une problématique en recrudescence. Pour se débarrasser de l'ergot, on peut «le mettre au fond du labour pendant trois quatre ans ».

Le triticale est sujet a des maladies foliaires avec en première ligne la rhynchosporiose, un champignon qui a besoin de peu de température pour se développer et qui progresse avec les pluies. Il présente une nuisibilité de 10 à 20 q/ha. On a pu constater en 2024 que les maladies foliaires détériorent le PMG de façon importante. L’oïdium peut amputer de 10 à 40 q/ha le rendement. « En ce qui concerne les mycotoxines dues à la fusariose des épis, on peut classer le risque à la parcelle en fonction des pratiques culturales comme on le fait sur le blé » précise Chloé Malaval-Juéry.

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Le choix variétal reste la clé de la réussite du triticale

La première variété de triticale a été inscrite au catalogue français en 1983 par l’Inrae de Clermont-Ferrand. Cette céréale est issue du croisement d’un blé tendre et d’un seigle d’une part, et d’un blé dur et d’un seigle d’autre part. Des lignées hexaploïdes productives ont ensuite été sélectionnées et sont à l’origine des triticales actuels. Le triticale occupe environ 15 000 hectares en France et 55 % des grains sont autoconsommés, 30 % sont utilisés en fabrication d’aliment et 11 % sont exportés.

Le progrès génétique du triticale français est soutenu par le GIE triticale depuis 1996. Les efforts actuels portent sur la résistance aux stress biotiques et abiotiques face aux aléas climatiques. Le projet Rustrit vise la sélection de variétés moins sensibles à la germination sur pied et plus tolérantes aux stress biotiques et abiotiques, notamment aux principales maladies foliaires du triticale que sont les rouilles et l’oïdium. Depuis 2023, le pouvoir couvrant des variétés de triticale est renseigné dans les essais aux stades fin tallage, deux nœuds, et post épiaison.

 

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