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Une conduite simple mais efficace des jeunes bovins

À la SCEA Couvé et fils, dans l’Orne, le bien-être animal a été privilégié, sans compromis pour autant sur les performances des jeunes bovins.

L’engraissement est une histoire de longue date à la SCEA Couvé et fils, située à Villebadin dans l’Orne. Elle a commencé en 1977 avec le père de Philippe et Christophe Couvé et grand-père de Maxime et Paul Couvé. « À l’époque, mon grand-père a créé le site avec l’engraissement d’une centaine de bœufs pour valoriser les prairies et d’une centaine de taurillons. Les premiers ont par la suite été remplacés par des veaux normands de 8 jours. La crise monétaire avec l’Italie, celle de la vache folle et le développement de l’atelier porcs sur paille sont venus à bout de cette production en 1997 », explique Paul Couvé, associé sur l’unité de méthanisation et participant aux tâches sur l’exploitation, en parallèle de son travail à l’extérieur. « Lors de l’installation de mon frère Christophe, en 1986, 160 places supplémentaires d’engraissement de jeunes bovins ont été créées. À la mienne, en 1989, il y a eu 100 places de plus d’engraissement, l’aménagement de 84 places de nurserie et la reprise d’un second site d’exploitation. Quand mon neveu Maxime nous a rejoints, un troisième site a été repris en 2015, avant un regroupement de structures en 2017 », ajoute Philippe Couvé, l’un des quatre associés de la SCEA et responsable de l’atelier jeunes bovins. Pendant quelques années, les éleveurs ont eu jusqu’à 100 vaches allaitantes. Cet atelier a été arrêté en 2018, pour des raisons de main-d’œuvre. L’exploitation est sous autorisation (ICPE) depuis 1995.

Des taurillons surveillés

Sur l’élevage, six bâtiments sont dédiés aux jeunes bovins. L’un est réservé à la réception des broutards de 330 kg environ. « J’habite à côté du bâtiment de ‘quarantaine’, cela me permet de surveiller très régulièrement les nouveaux venus (lot de 25 à 30 bêtes maximum) pendant cette phase cruciale. Ils sont ainsi isolés durant trois semaines à un mois, selon la place disponible dans les autres bâtiments. Les animaux disposent alors de foin et de l’aliment produit sur la ferme. Ils ne sont pas vaccinés. On intervient uniquement en curatif », note Philippe Couvé. Après la phase de démarrage, la surveillance reste importante en engraissement. Les jeunes bovins sont vus systématiquement trois fois par jour.

Les bêtes sont pesées à l’aide d’un pont-bascule à leur arrivée, lors du changement de bâtiment et à leur départ. « On négocie avec des marchands de bestiaux du Centre de la France. On privilégie la race Charolaise et on engraisse uniquement des mâles. On ne travaille plus avec un groupement depuis 1995 », ajoute l’éleveur.

Une quasi-autonomie alimentaire

Cela fait vingt ans que le maïs grain humide inerté a été intégré à la ration des taurillons. Selon les années (rendement), il est distribué de fin octobre début novembre à juin environ. La jonction entre-temps est faite avec les céréales de la ferme. Hormis le complémentaire, l’atelier d’engraissement des jeunes bovins est autonome.

« Un nutritionniste nous épaule pour caler la ration qui nous revient à 2,34 euros par jour. Cette dernière a d’ailleurs récemment évolué suite à la fermeture de la sucrerie voisine. La pulpe surpressée, jusqu’alors utilisée, a donc été remplacée par de la pulpe déshydratée. Celle-ci apporte de l’appétence à la ration des taurillons, tandis que le maïs inerté ramène de l’humidité. » L’alimentation est distribuée tous les matins à l’automotrice à vis horizontale et repoussée le soir. Les taurillons sont abattus à un poids carcasse moyen de 450 kg. Leur GMQ arrivée - abattage est de 1 700 g/jour.

 

 

 

 

 

Privilégier le bien-être animal

« Depuis quelques années maintenant, le bien-être de nos animaux est une priorité. Des aménagements ont été effectués dans les bâtiments. L’accès à l’eau est favorisé et le nombre de taurillons par case, limité. Chacun dispose ainsi de 3,8 m2. En réduisant le chargement dans les cases, on a également diminué les frais vétérinaires », souligne Paul Couvé. La sécurité des hommes est également importante. Aussi, chaque bâtiment est bien équipé côté contention et quai d’embarquement.

Les bâtiments sur litière accumulée sont curés toutes les trois semaines pour alimenter le méthaniseur mis en service cette année, avant un épandage sur les prairies naturelles et les cultures conduites en technique culturale simplifiée depuis 30 ans. Une activité de prestation et de négoce de fourrages est annexée à la SCEA. Les foins non consommés sur l’élevage y sont commercialisés.

Les tâches sont clairement réparties entre les associés et les salariés. Philippe Couvé est en charge de l’atelier d’engraissement jeunes bovins, de l’achat de l’alimentation et de l’activité de négoce de fourrages. Christophe Couvé s’occupe des porcs mais aussi des cultures avec son fils Maxime qui, en plus du travail des champs, veille sur le méthaniseur. Le dernier associé, non gérant, Christophe Godard, gère la maintenance du matériel d’élevage et vient lors des pointes de travail. « Côté salariés, l’un d’entre eux s’occupe des cochons, un autre de l’élevage et de la conduite de matériel, un dernier fait l’entretien du matériel et le transport. Par ailleurs, ma tante et ma mère travaillent à quart-temps et gèrent la partie comptabilité et l’administratif », précise Paul Couvé.

Des bâtiments confortables pour les bovins

Chiffres clés

• 130 ha de prairies permanentes, blé, orge, maïs grain, maïs ensilage
• 560 places d’engraissement jeunes bovins charolais
• 8 000 porcs charcutiers par an (3 000 places administratives + maternité collective)
• 2-3 % de mortalité
• 4 associés (Philippe, Christophe et Maxime) dont 1 non exploitant, 3 salariés à temps plein, 2 salariées à quart-temps comptabilité, secrétariat, saisie, facturation…

Un atelier de 8 000 charcutiers alimenté par une maternité collective

Toutes les trois semaines, 450 porcelets de 8 kg arrivent d’une maternité collective de 700 truies, construite en 2008, dans la Sarthe. « Cela nous permet de disposer d’animaux issus d’une seule provenance et de même génétique. Les porcelets restent jusqu’à 35 kg en post-sevrage, avant d’être engraissés jusqu’à 120 kg. Depuis 5-6 ans, ils sont élevés sans antibiotiques et sans OGM et depuis quelques semaines, ils sont valorisés comme tels dans une filière spécifique (Bigard/SVA Sablé-sur-Sarthe) qui privilégie de plus des charcutiers conformés », explique Paul Couvé.

Une unité de méthanisation propice à l’environnement et au maintien de l’élevage

Après 14 mois de réflexion, d’assemblages administratif et bancaire, 9 mois de construction et 2 mois de mise en service, l’unité de méthanisation de la SAS Beaulieu Méthanergie, située à Argentan, a atteint son utilisation à plein régime en mars 2020.

« Nous sommes quatre associés sur cette structure, mon oncle, mon frère, mon père et moi. Mon oncle gère la partie logistique, mon frère, le quotidien. Ce projet nous a permis d’asseoir les productions animales de la SCEA par son volet économique, tout en y ajoutant un volet environnemental. L’ensemble des fumiers et lisiers, produit sur l’exploitation, est valorisé dans l’unité de méthanisation. On y incorpore les Cive (cultures intermédiaires à vocation énergétique), seigle et vesce velue ensilée. Auparavant, elles étaient broyées au sol. On est ainsi totalement autonomes », souligne Paul Couvé.

Alimentation de 4 000 foyers

Le choix du site, à 14 kilomètres du siège social de la SCEA Couvé, a été fait pour limiter la logistique. Le digestat, plus homogène et dont l’azote disponible est plus assimilable par la plante, devrait permettre une économie d’achat d’engrais azoté et certainement de meilleurs rendements. Par ailleurs, l’épandage réalisé par une entreprise locale, à l’aide d’un automoteur avec disques enfouisseurs, devrait réduire l’impact sur le sol, car moins lourd et avec une empreinte au sol moindre que l’épandeur jusqu’à présent utilisé.

Le gaz produit (220 normaux m3/heure) est directement injecté dans le réseau GRDF d’Argentan et des communes alentours. « Notre production de biométhane permet d’alimenter 4 000 foyers environ. Le retour sur investissement du projet est estimé entre huit et dix ans. » D’autres projets sont prévus, dont un à court terme, sur le photovoltaïque.

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