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Mathieu Pissot, manager filière bœuf chez Moy Park Beef Orléans
« Un outil pour évaluer le bien-être animal »

BoviWell a été mis au point par Moy Park Beef Orléans. En 2018, les 1 600 élevages ayant contractualisé des animaux avec l'entreprise seront audités. Et ce premier outil d'évaluation du bien-être animal en élevage bovin est mis à la disposition de tous les membres de la filière qui le souhaitent.

Mathieu Pissot, manager filière bœuf chez Moy Park Beef Orléans
© Moy Park Beef Orléans
Comment est né BoviWell ?

Mathieu Pissot - Depuis 2013, nous nous sommes, de notre initiative,  donné les moyens d’avancer sur le bien-être animal en élevage. Il a fallu trois ans pour que nous mettions au point un outil adapté à nos besoins avec l’Isa de Lille, les seize organisations de producteurs (1) avec qui nous travaillons et des éleveurs. En effet, l’outil de référence européen pour évaluer le bien-être animal est Welfare Quality. Il a été construit pour les scientifiques, et nécessite pratiquement une journée d’audit par élevage. Il fallait l’adapter aux moyens dont disposent les organisations de producteurs.

Nous ne cherchons pas à mettre en place une différenciation de nos produits sur ce critère. Avec notre client McDonald’s France, nous travaillons depuis 2003 sur un cahier des charges qui intègre des indicateurs de progrès sur quatre axes de développement durable : réduction des émissions de gaz à effet de serre, préservation des ressources en eau, biodiversité, et bien-être animal.

Quel est le principe de cet outil ?

M.P. - Il s’agit d’approcher le bien-être animal de façon objectivée, à partir de critères mesurés et donc répétables. Il faut compter une heure pour faire le diagnostic. Cela commence au bureau, par le passage en revue des références concernant le bien-être animal déjà présentes dans la charte des bonnes pratiques d’élevage, puis une partie complémentaire est abordée. Elle recense notamment les pratiques d’écornage, de castration, la mortalité, les conditions de vêlage… Ensuite le diagnostic se poursuit en bâtiment : observation des animaux (note de propreté similaire à celle utilisée pour l’entrée en abattoir, présence/absence de blessures, boiteries, toux…), contrôle des abreuvoirs (nombre, périmètre et propreté), test d’approche, présence/absence de comportements anormaux… BoviWell évalue l’atelier d’engraissement des jeunes bovins qui sont contractualisés mais aussi l’atelier élevage, qu’il s’agisse de vaches allaitantes ou de vaches laitières.

La méthode d’agrégation des résultats donne plus de poids aux points pour lesquels les résultats ne sont pas parfaits. On aboutit à une note sur 100, traduite ensuite en quatre niveaux (excellent, supérieur, acceptable, non classé). Il n’y a pas d’obligation de résultat. Un plan individuel est établi en fonction des scores obtenus.

Comment les éleveurs qui ont déjà été audités avec BoviWell ont-ils trouvé cet outil ?

M.P. - BoviWell est abordé avec peut-être une certaine appréhension, mais rapidement les éleveurs se rendent compte qu’il s’agit de reconnaître leur savoir-faire sur le bien-être animal, et de leur permettre de le prouver. Les éleveurs se montrent intéressés du fait que ce diagnostic conduit à revenir aux fondamentaux de leur métier : l’observation des animaux.

Plus de 400 éleveurs ont déjà été audités. Nous comptons d’ailleurs partager avec eux les bonnes idées recensées chez les uns ou les autres. Nous envisageons déjà une deuxième version améliorée avec certains nouveaux critères. L’objectif est que, fin 2018, les 1 600 élevages qui contractualisent des animaux avec nous soient audités avec BoviWell. Ils auront également, à cette échéance, tous réalisé un diagnostic environnemental avec l’outil CAP’2ER.

Nous mettons BoviWell à disposition de tous les membres de la filière viande bovine qui le souhaitent. L’idée est d’avancer tous ensemble sur ce sujet. Nous avions échangé en amont avec certaines ONG welfaristes de protection animale (notamment CIWF et Welfarm). Nous venons de leur présenter en élevage l’outil sous sa forme opérationnelle, et les retours ont été très positifs.

Qu’avez-vous mis en place sur la partie en abattoir ?

M.P. - Depuis 2002, au-delà du HACCP, hygiène et traçabilité, une de nos équipes spécialisées et un organisme tiers auditent tous nos partenaires abatteurs deux fois par an sur le volet bien-être animal à partir d’une grille objectivée (mode de déchargement, temps d’attente, comptage des glissades, utilisation ou non d’un aiguillon, insensibilité sur le rail après étourdissement…). Si le résultat n’est pas satisfaisant, nous exigeons des changements de pratiques.

(1) Les seize organisations de producteurs ayant participé au développement de BoviWell sont Agrial, Bovineo, Cap Seine, CCBE, Cecab, Cevinor, Cialyn, Cloe, Copelveau, EMC2, Sanders, Sicagieb, Sicarev, Ter’elevage, Triskalia.
Donner aux éleveurs les moyens de prouver leur savoir-faire

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