Un nursing au top pour bien démarrer les petits veaux
Les trois ou quatre premières semaines de vie du veau sont une période clé pour sa santé. Une surveillance bien organisée et des soins renforcés en cas de fragilité permettent de sécuriser leur démarrage. Le confort thermique du veau est souvent au cœur de la réussite.
Les trois ou quatre premières semaines de vie du veau sont une période clé pour sa santé. Une surveillance bien organisée et des soins renforcés en cas de fragilité permettent de sécuriser leur démarrage. Le confort thermique du veau est souvent au cœur de la réussite.




Durant leurs quatre premières semaines de vie, les veaux sont les animaux les plus vulnérables du troupeau. « Les nouveau-nés, ça se pouponne », présentaient lors d’une formation le GDS de Saône-et-Loire et le GTV Bourgogne Franche-Comté(1). Même quand tout va bien, le passage dans la filière pelvienne présente toujours un risque de manque d’oxygène et de traumatismes. En cas d’assistance forte pour la naissance, l’acidose est importante et un manque d’oxygène voire une anoxie se produisent. Le veau passe en un instant d’un bain à la température stable de 37°C à l’ambiance de la stabulation ou de son pré. La rupture du cordon et le déclenchement de la respiration passent par de nombreux changements vasculaires au niveau du cœur et des poumons, qui peuvent être plus ou moins réussis. Et le veau naît avec une réserve énergétique, dans sa graisse brune, qui lui permet de tenir seulement six heures dans une ambiance normale, et bien moins longtemps quand il fait très froid.
En plus de l’expérience de l’éleveur, un peu d’équipement et une démarche bien cadrée donneront toutes leurs chances aux petits veaux, parce que la rapidité des interventions compte beaucoup pour la réussite.
« Le premier geste du nursing est de vérifier la vitalité du veau en lui stimulant les naseaux avec une paille ou en lui arrosant la nuque avec à peu près un litre d’eau. » S’il secoue la tête, il va bien et on peut procéder aux premiers soins. S’il ne réagit pas, il faut vérifier si le cœur bat avec une main à plat sous l’épaule ou avec un stéthoscope. Parfois, il bat très lentement, ce qui peut être difficile à percevoir.
Si le cœur bat, mais que le veau ne respire pas, il faut le réanimer en le plaçant la tête plus bas que le cœur pour augmenter l’apport de sang au cerveau. « Le centre qui commande la respiration se situe assez superficiellement en arrière du crâne. Il faut arriver à le stimuler dans un temps très court. » Les cordes du palan, poulie ou treuil ne doivent pas serrer sur l’articulation du jarret, mais sont à passer au-dessus ou au niveau des boulets. Le veau ne doit pas être suspendu plus d’une minute, et libéré dès le premier mouvement de défense.
L’étape suivante, si le veau ne réagit toujours pas, est de libérer les voies aériennes supérieures pour favoriser le passage de l’air vers les poumons soit « manuellement » avec une pression sur la cage thoracique, soit à l’aide d’un dispositif adapté pour aspirer les liquides de type « calf resuscitator ». Puis d’insuffler plusieurs fois de l’air par une des narines en bouchant l’autre. « Pour l’administration de médicaments à cette étape, la trousse de réanimation d’urgence est préparée avec le vétérinaire de l’élevage au moment de l’établissement des protocoles de soin. »
Des points de repère pour une prise de décision rapide
Un veau qui va bien se redresse en décubitus sternal dans les dix minutes qui suivent la naissance. Une thèse vétérinaire a montré que pour 85 % des mortalités dans la première semaine de vie, le veau avait mis plus de 15 minutes pour le faire. Le temps mis pour se lever peut aller de 30 minutes à 2h30, et l’idéal est que la première tétée intervienne deux heures maximum après la naissance.
Le réflexe de succion doit être présent à la naissance et/ou lorsqu’on trouve le veau, sinon c’est le signe d’une souffrance fœtale ou d’une carence.
« La température corporelle du veau est un bon indicateur pour savoir où il en est, notamment quand on le trouve aux pieds de sa mère sans avoir vu la naissance », signalent le GDS de Saône-et-Loire et le GTV de Bourgogne Franche-Comté. À la naissance, elle est de 37 à 38 °C. Au bout de six heures, une température de 38,8 à 39 °C signe une prise colostrale. Vingt-quatre heures après la naissance, sa température doit être de 39 à 39,5 °C s’il a bu suffisamment.
La fréquence cardiaque permet aussi de suivre la santé du veau. Elle est de 90 à 100 battements par minute dans les deux premières heures de vie, et entre 70 à 90 ensuite. La fréquence respiratoire du veau est de 60 à 80 respirations par minute les premières heures, 40 à 50 ensuite. « L’hyperventilation est normale pour lutter contre l’acidose liée à la naissance et doit disparaître en une à deux heures maximum. »
Éviter les contaminations au moment de la naissance
Le veau naissant stérile et sans anticorps, avec un système immunitaire prêt, mais non rodé, la naissance doit intervenir dans un endroit le plus propre possible. La première flore du veau est celle qu’il rencontre dans le vagin de sa mère, puis au sol, et lorsque sa mère le lèche.
Le contrôle visuel du nombril permet de détecter une anomalie (rupture trop courte, conformation anormale, hémorragie, hernie). La vidange manuelle du sang résiduel dans le cordon se fait en portant des gants jetables, et sa désinfection peut être réalisée par pulvérisation ou trempage – certains éleveurs n’appliquent rien sur le nombril. Les soins à la mère après la naissance sont importants. Elle a notamment besoin de boire de l’eau en grande quantité après l’effort du vêlage et avec le lancement de la lactation. Si elle a des douleurs, elle risque d’être moins encline à bien materner son veau. L’étape fondamentale suivante est la prise de colostrum en quantité et en qualité pour un bon démarrage du veau.
Des zones de confort thermique pour les jeunes veaux

Loger des adultes et des nouveau-nés sous le même toit n’est pas évident à l’année. « La plage de température de confort pour un veau nouveau-né va de +7 °C à +25 °C », expliquent le GDS de Saône-et-Loire et le GTV Bourgogne Franche-Comté. De l’âge de 15 jours à 1 mois, elle n’est pas beaucoup plus large : elle va de +5 à +25 °C. À partir de l’âge de 6 mois, elle varie de -5 à +22 °C.
«S’ils luttent contre le froid, les petits veaux ont moins d’énergie pour lutter contre les agents infectieux. » Leur aménager des zones de confort thermique est important, notamment par une litière abondante et sèche, car 80 % des pertes de chaleur se font par le sol. Quand le temps est très froid, les équiper de petits manteaux lavables, perspirants et résistants, est pertinent.
À l’inverse, en période de canicule, la déshydratation des petits veaux peut être très rapide. Au début, ils se déplacent peu, donc l’eau doit se trouver facilement à leur portée.
«Les veaux sont sensibles aux variations de température de plus de 6 °C par jour. Afin d'éviter que le froid ou le chaud ne rayonnent à leur hauteur jusqu'à une distance d'un mètre à leur hauteur, on peut poser des plaques isolantes en partie basse des portes et des murs en béton », note le service bâtiment d'Eilyps. « Des faux plafonds à 1,80 m du sol et des bavettes en toile ou en caoutchouc au niveau des portes améliorent aussi leur confort thermique.»
Les veaux ont en toutes conditions besoin très tôt d’avoir à disposition de l’eau, du foin, puis des concentrés et du sel.
Un nursing renforcé pour les veaux les plus faibles

Un nursing renforcé peut être mis en place systématiquement pour au moins 48 heures pour les jumeaux, les veaux nés avant 270 jours de gestation, les très gros ou très petits veaux, ceux nés par césarienne et ceux dont le vêlage a été difficile, ceux qui ont été réanimés, ceux qui ne tètent pas, et ceux nés en conditions climatiques très froides. « Cela consiste à préserver leur température corporelle grâce à une lampe chauffante, une couverture, une niche individuelle par exemple, avec une surveillance renforcée de leur état général. » On prend leur température, vérifie leur réflexe de succion et surveille l’expulsion du méconium. Si une première tétée n’a pas été vue dans les temps, une administration systématique de colostrum à la sonde le plus tôt possible est conseillée pour eux.
Côté web
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