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Trouver des marges de progrès avec les coûts de production

La méthode de calcul des coûts de production en viande bovine permet une approche économique précise dans les exploitations et une analyse fine du revenu viande grâce à la prise en compte de la totalité des produits et des charges.

La mise en commun de l’ensemble des diagnostics coûts de production réalisés par les conseillers des Chambres d’agriculture et de la fédération Bovins croissance Pays de la Loire a permis de réaliser une synthèse de plus de 300 d’entre eux effectués sur la campagne 2015, dans la région Pays de la Loire et les départements des Deux-Sèvres et de la Charente Maritime. Des résultats sont disponibles pour deux systèmes de production, naisseur et naisseur-engraisseur.

1 Naisseur : des additions techniques qui font la différence

« L’échantillon naisseur comprend 123 élevages avec des moyens de production très variables et des systèmes assez hétérogènes. Le système moyen compte 76 vêlages pour 1,08 UMO sur une surface de 122 hectares et un volume produit en tonnes de viande vive par UMO de 34. La rémunération moyenne permise est de 1,08 SMIC/UMO. Ce chiffre cache une grosse variabilité car les élevages du quart supérieur disposent d’une rémunération de 2,77 SMIC/UMO, alors que ceux du quart inférieur sont à – 0,75 SMIC/UMO. Il y a ainsi 1,69 SMIC/UMO d’écart entre la moyenne et le quart supérieur soit 29 000 €/UMO », constate Gwendoline Elluin de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire. L’essentiel de l’écart de rémunération s’explique par l’écart de coût de production qui atteint 178 € par 100 par kilo de viande vive (kgv) entre le quart supérieur et le quart inférieur. « Le poste mécanisation pèse pour un quart des charges et justifie près de 30 % de cet écart. Il n’y a par ailleurs que très peu de différence sur les produits de l’atelier viande. Côté performances, il y a 20 kgv qui s’expliquent un peu par les performances animales. Même si les écarts ne sont pas significatifs entre quart supérieur et quart inférieur, c’est l’addition de meilleurs résultats techniques (vêlages par vache présente, veaux sevrés par vêlage, intervalle vêlage-vêlage, kilo de concentrés par kilo vif produit) qui font, au final, la différence », conclut Gwendoline Elluin.

2 Naisseur-engraisseur : produire plus et ne pas gagner plus

Le groupe naisseur-engraisseur est constitué de 183 exploitations avec un cheptel moyen de 94 vêlages soit 69 vaches par travailleur (1,36 UMO en moyenne). Le volume moyen produit par travailleur s’élève à 48 tonnes de viande vive.

Au sein de cette unité, l’écart de rémunération est très important et va de 0,23 SMIC/UMO pour le quart inférieur à 3,01 SMIC/UMO pour le quart supérieur, avec une moyenne de 1,55. « Pourtant, il y a moins de différence vis-à-vis du dimensionnement de l’atelier par rapport au groupe naisseur. On observe un écart sur le produit viande mais il est moins conséquent que celui existant sur les coûts de production : 69 €/100kgv entre le quart supérieur (288 €/100 kgv) et le quart inférieur (357 €/100 kgv). Deux principaux postes de charges traduisent cette amplitude : les charges de mécanisation et le coût alimentaire. Les charges de mécanisation représentent 25 % du coût de production (77 €/100 kgv), le coût alimentaire 22 % (41 €/100 kgv). Un écart est également à noter sur la productivité du travail », présente Fanny Soulard de Bovins croissance Sèvres Vendée Conseils, avant d’ajouter « moins le coût de production est élevé, plus la rémunération est importante. Les chiffres montrent qu’au-delà d’un coût de production de 380 €/100 kgv, la rémunération ne dépasse pas 1,25 SMIC par UMO. Il existe une forte variabilité du coût de production pour une même rémunération. Le produit n’est quant à lui pas corrélé à la rémunération. Il ne l’impacte pas de manière efficace, contrairement au coût de production. »

La productivité influence le coût de production

Il y a également peu d’impact du prix de vente sur la rémunération permise des naisseurs-engraisseurs. Par contre, la productivité du cheptel (en kg vif/UGB) influence le coût de production : l’augmentation de la productivité par UGB induit une réduction du coût de production. Cette meilleure productivité est le fait d’un nombre de vêlages par vache présente supérieur, d’un IVV inférieur, d’un nombre de veaux sevrés par vêlage plus élevé, d’un âge au premier vêlage moindre et d’un poids carcasse par vache plus important. « C’est ainsi l’additivité de l’ensemble de ces critères qui fait la différence. Toutefois, l’âge au premier vêlage et la productivité des UGB sont liés : plus on rajeunit l’âge au premier vêlage plus la productivité augmente. Par contre, le poids de carcasse des vaches n’a pas d’impact sur le niveau de rémunération. »

Les auteurs de l’étude se sont ensuite penchés sur deux aspects particuliers : l’alimentation et le seuil de productivité de la main-d’œuvre. « La forte relation entre le coût de production et le coût d’alimentation nous a incités à vérifier la consommation de concentrés et la valorisation faite derrière. On constate que la quantité de concentrés consommés par kilo vif produit est inférieure pour le quart supérieur. L’alimentation est ainsi mieux valorisée dans ce groupe et la part d’autoconsommation est également plus importante. Nous nous sommes également demandé si produire plus c’est gagner plus ? Eh bien c’est non ! Le groupe qui produit le plus de volumes ne rémunère pas plus le travail que la moyenne. Il n’y a pas de meilleure rentabilité au-dessus de 35 tonnes de viande par UMO. Les ateliers qui produisent plus ont un coût de production hors main-d’œuvre et des charges de structure par 100 kgv quasiment identiques. »

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