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[Sabots d'or en race Blonde d'Aquitaine] La généalogie au cœur de l’élevage

Au Gaec Villeneuve à Saint-Maurice-Étusson dans les Deux-Sèvres, l’amélioration de la génétique et de la performance des 300 mères Blondes d’Aquitaine et de leur suite est au cœur du travail des associés depuis 1988.

Les premières Blondes d’Aquitaine sont arrivées sur l’exploitation du Gaec Villeneuve à la suite d’un voyage dans le Gers et conduites avec les Rouges des prés présentes sur la ferme, dès 1971. Mais le vrai tournant a été pris à l’installation de Damien Belleannée, en 1988, date à laquelle la question de la conduite avec deux races s’est posée. La vente des premières blondes a conforté les associés du Gaec de l’époque dans le choix de cette race. Des achats d’embryons et les transplantations ont débuté en 1989-1990, les premières inscriptions au livre généalogique ont suivi pour atteindre un troupeau pure race dans le milieu des années 1990. Les éleveurs se sont vite pris au jeu de la généalogie et disposent aujourd’hui d’un cheptel inscrit avec un fort potentiel génétique, en atteste l’obtention des Sabots d’or de la race en 2020.

Une orientation vers la production de viande

Sur l’exploitation, la monte naturelle est privilégiée (80 % des naissances). Les inséminations sont réservées aux vaches afin d’utiliser des taureaux au fort potentiel. Elles sont également utilisées en cas d’incertitudes sur la capacité d’un taureau à reproduire sur des génisses. Les 300 vêlages sont répartis sur l’année avec deux pics (l’un en juillet-août-septembre et l’autre en janvier-février-mars) de manière à fournir régulièrement en broutards l’atelier d’engraissement. « On limite cependant le nombre de mises bas entre avril et juin, pour éviter de sortir des babys (11,5 mois en moyenne) pendant le carême orthodoxe. Les sorties sont organisées tous les quinze jours, pour cela ils sont pesés sur le même rythme. Ils ne doivent pas dépasser les 360 kilos de carcasse (en moyenne 350 kilos carcasse pour un GMQ moyen compris entre 1 800 et 1 900 g/jour) », note Damien Belleannée, responsable des bovins au sein de l’exploitation. Il est épaulé par son frère Samuel, associé depuis 1998 en charge des cultures, de l’atelier oies et de la comptabilité et de Matthieu Bazantay, dernier associé arrivé et responsable de l’engraissement des taurillons, de l’entretien du matériel et de la préparation des sols.

Les mâles qui ne sont pas engraissés sont commercialisés comme reproducteurs ou conservés pour produire sur l’élevage. Ils sont triés au sevrage, sur ascendance. En moyenne, dix à quinze mâles sont gardés chaque année dont la moitié est évaluée en stations, à Casteljaloux ou à Doux. Cinq taureaux diffusés par insémination sont nés sur l’exploitation dont le plus connu est Malinois (Onyx, Minerval, Argus, Nutella). D’autre part, le Gaec commercialise des embryons au schéma de sélection d’Auriva. Il a d’ailleurs été un gros fournisseur entre 2000 et 2010, période où la demande a été importante. Cette année quinze vaches ont été prélevées pour le schéma et quinze de plus pour l’exploitation.

Pas d’animaux improductifs

En 2018, la reprise de terres jouxtant l’exploitation et d’un troupeau de 100 mères a continué de faire croître l’élevage. Cette évolution a toutefois eu un impact sur l’intervalle vêlage-vêlage qui s’est légèrement dégradé (385 jours en 2018 et 382 jours en 2019) alors qu’il tourne généralement autour de 372 jours. « Sur une durée de deux ans, nous avons éliminé petit à petit les animaux du troupeau acquis et fait croître notre cheptel en interne pour parvenir aux 300 vêlages annuels. Notre objectif étant désormais atteint, on va de nouveau s’attacher à produire un veau par vache et par an et essayer de ne plus avoir de vêlages de fin mars (mise à l’herbe) à début juillet », souligne Damien Belleannée. Aussi, les vaches et génisses qui ne sont pas pleines dans la période de reproduction sont systématiquement engraissées et ce, quel que soit leur niveau génétique. Un suivi échographique est là pour identifier les animaux non productifs.

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Les génisses mettent bas en moyenne à 33 mois. L’objectif est d’atteindre un âge au premier vêlage de 30 mois. Les nullipares sont mises à la reproduction sur deux périodes (entre juillet et octobre et en janvier février). « On travaille sur la morphologie mais ce que l’on recherche aujourd’hui ce sont des vaches qui ne nous posent pas de problèmes. On cherche à intervenir de moins en moins au regard de la taille de la structure. Une bonne vache doit être mauvaise nulle part avant d’être bonne partout ! », ajoute Damien Belleannée. Aussi, facilité de naissance et aptitude au vêlage représentent deux critères essentiels de choix. « On ne veut plus de veaux à 80 en index de naissance. Un taureau à moins de 95 en Avel et moins de 90 en facilité de naissance, on ne le regarde même pas ! On se fournit principalement en stations. La docilité pour un grand troupeau représente également un critère de choix. L’index comportement doit être à plus de 95 », poursuit-il. L’objectif des éleveurs est d’avoir 90 % des vêlages en conditions de naissance, sans aide. »

Cette année, quelques tests génomiques ont été réalisés sur l’exploitation mais pour eux cet outil reste une aide à la décision. « On en réalise sur des taureaux que l’on veut garder. »

L’herbe basse de la ration

Les femelles sont abattues à 595 kg de carcasse en moyenne et commercialisées par le biais de quatre circuits différents (4,79 €/kg carcasse) : en vente directe, à Terrena (Label et Danvial environ 573 kg c), à Rungis pour les plus grosses vaches (618 kg carcasse en moyenne) et à un boucher pour une vingtaine de vaches.

Pour atteindre de telles performances, les éleveurs se donnent les moyens et misent beaucoup sur l’alimentation du troupeau. Les vaches sont engraissées avec une ration de pré-engraissement et une ration de finition (afin de limiter le coût de l’engraissement lié à l’achat de concentrés du commerce. « L’hiver, les femelles en production disposent d’une ration à base d’ensilage d’herbe (75 %), d’ensilage de maïs (20 %) et de foin (5 %). On privilégie l’herbe sous toutes ses formes. Les animaux n’aiment pas les à-coups. Les reproductrices sont donc alimentées au champ dès début juillet, la zone étant séchante et le potentiel des terres faible. »

Cette quête de la performance s’effectue tout en optimisant les charges et en préservant l’environnement. D’ailleurs, en 2020 l’exploitation a été certifiée haute valeur environnementale (HVE niveau III), respectueuse de la biodiversité, limitant les intrants pour une agriculture autonome.

Chiffres clés

590 ha de SAU dont 380 de pâtures, 45 de maïs et 120 de céréales (50 de blé, 50 de triticale, 20 de triticale semence), 20 de luzerne et 6 de parcours
3 associés, 2 salariés à plein temps, 3 salariés à temps partiel et 1 apprenti
300 mères en système naisseur engraisseur Blondes d’Aquitaine inscrites, 200 places d’engraissement
10,8 % de pourcentage de mortalité
2 500 oies de chair

Avis d’expert - Fabrice Pottier, technicien Bovins croissance Sèvres Vendée conseils

« Un élevage pratique »

« Le Gaec Villeneuve est un élevage remarquable par le nombre. Il est très productif et économique. L’objectif des éleveurs est d’avoir un veau par vache et par an tout en passant le moins de temps possible par vache. On peut caractériser l’exploitation, d’élevage facile. Les associés recherchent pour cela des vaches de type mixte, capables d’élever facilement un veau. Les reproductrices doivent disposer de bonnes aptitudes au vêlage et de bonnes qualités maternelles. Pour être faciles à conduire, la docilité représente également un critère important. Aujourd’hui, l’élevage dispose d’une bonne génétique et de bonnes performances à 210 jours. »

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