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Recherche : quelles avancées sur l’efficience alimentaire des bovins allaitants ?

En travaillant sur les déterminismes génétiques et nutritionnels, le programme de recherche Beefalim vise à améliorer l’efficience alimentaire des bovins allaitants.

Les auges peseuses sont posées sur des capteurs avec des pesées en continu et fonctionnent avec des animaux dotés de boucles électroniques. L'heure d'entrée et de sortie, ainsi que les quantités consommées sont enregistrées. © F. d'Alteroche
Les auges peseuses sont posées sur des capteurs avec des pesées en continu et fonctionnent avec des animaux dotés de boucles électroniques. L'heure d'entrée et de sortie, ainsi que les quantités consommées sont enregistrées.
© F. d'Alteroche

« L’efficience alimentaire (EA) est une réponse à des enjeux essentiels pour l’avenir de l’élevage bovins viande, explique Sylvie Brouard, de l’Institut de l’élevage. Elle améliore tout d’abord le revenu des éleveurs par la maîtrise du coût alimentaire, deuxième poste de charges, hors main-d’œuvre après celui de mécanisation. Ainsi, avec un coût de 450 euros pour l’engraissement d’un jeune bovin, un gain de 5 % d’efficience alimentaire offre une économie de 23 euros par animal. D’autre part, l’efficience alimentaire répond à des préoccupations environnementales et sociétales en optimisant la valorisation des ressources alimentaires, en réduisant les émissions polluantes (GES, azote…) et la concurrence avec l’alimentation humaine (moins de céréales, plus de fourrages). »
C’est pourquoi le projet Beefalim s’est penché sur le sujet et ce, pour toutes les catégories d’animaux du troupeau (mères, génisses de renouvellement, jeunes bovins).

Des comportements alimentaires très différents

La collecte de données concernant l’impact du régime et de la génétique sur l’efficience alimentaire en engraissement a été réalisée sur 485 jeunes bovins charolais issus de 24 pères principaux. À terme, 600 jeunes bovins seront phénotypés sur une ration amidon (ensilage de maïs) ou cellulosique (herbe ensilée). Les régimes retenus répondent aux objectifs expérimentaux, même si on constate une plus grande irrégularité dans la qualité de l’herbe récoltée. « Malgré des rations équilibrées en UF, on observe de moins bonnes efficiences alimentaires avec de l’herbe de moindre qualité. La ration cellulosique permet toutefois d’utiliser moins de protéines consommables par l’homme (18 % contre 41 % avec la ration maïs). On note également, une forte variabilité individuelle. Ainsi, pour un GMQ de 1 700 g/j, l’efficience alimentaire varie de 0,19 à 0,14, ce qui signifie que pour un même GMQ, un bovin peut ingérer de 9 kg MS/j à 12,5 kg MS/j. Le régime maïs obtient une meilleure efficience alimentaire brute avec une augmentation moyenne de GMQ de 160 g et une EA 10 % supérieure. Ce meilleur résultat est à relativiser au regard des performances économiques escomptées et des nouvelles exigences environnementales et sociétales », souligne Sylvie Brouard.

Des biomarqueurs pour prédire la variabilité

Les effets génétiques restent à approfondir. Car si la tendance générale est à une meilleure efficience alimentaire des descendants sur le régime maïs, pour un certain nombre de cas le classement diffère, signe peut-être d’une interaction entre génétique et régime. Connaître l’efficience alimentaire de chaque individu reste coûteuse. Elle nécessite l’utilisation d’auges peseuses individuelles pour contrôler l’ingestion journalière. La relève du poids toutes les deux semaines est également exigée et ce, durant 70 jours minimum. « Tout ceci dans l’optique de rechercher des biomarqueurs de la variabilité individuelle de l’efficience alimentaire chez le bovin en croissance. Il est apparu que l’abondance naturelle en 15N (azote 15) dans le plasma reflète l’EA de l’animal. Certaines protéines, métabolites et hormones plasmatiques pourraient également discriminer les animaux efficients des inefficients. Cela reste à être validé sur un grand nombre d’animaux. Le travail se poursuit afin de trouver une combinaison de biomarqueurs reflétant l’efficience alimentaire et ainsi disposer d’analyses en laboratoire abordables pour phénotyper », remarque Laurent Griffon de l’Institut de l’élevage.

Les résultats sur la précocité et l’efficience des génisses de renouvellement ont été présentés précédemment (lire Réussir Bovins viande, n° 273, septembre 2019, page 44-45).

Définition

L’efficience alimentaire (EA) est le rapport entre produits et ressources consommés que va mobiliser la viande pour être produite. Le bovin avec une efficience brute à 10 kg de MS consommées pour produire 1 kg de gain de poids (soit EA = 0,1) est perçu comme peu efficient. Et pourtant, c’est un animal qui valorise des ressources non consommables par l’homme et qui fournit des produits à hautes valeurs nutritionnelles. Ainsi, si on prend l’efficience protéique nette (gain de poids sur matières ingérées non consommables par l’homme), on arrive à 0,7, niveau proche des monogastriques (EA = 1).

Beefalim

Depuis 2015, le programme de recherche Beefalim 2020 est conduit par un partenariat large entre l’Inra, l’Institut de l’élevage, les chambres d’agriculture de Bretagne, de Vendée et de Saône-et-Loire, Allice, les entreprises de sélection de la race Charolaise Gènes Diffusion et Charolais Univers. Ce programme, portant sur la période 2015-2020, a pour objectif de comprendre les déterminismes génétiques et nutritionnels de l’efficacité alimentaire, afin de pouvoir sélectionner (à l’aide de la sélection génomique) des animaux à plus forte efficience alimentaire, limitant les émissions de méthane et valorisant au mieux les ressources cellulosiques (prairies, fourrages et coproduits) non éligibles à l’alimentation humaine. La race Charolaise sert de support.

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