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Quand le Gascon remplace le Blond

Parti d’un double troupeau blond et gascon, le cheptel d’Evelyne Esteveny vire au seul gris clair. Une décision motivée par la volonté de simplifier le système de production.

Après avoir longtemps détenu un double troupeau (une vingtaine de Blondes et autant de Gasconnes), Evelyne Esteveny, dans le Tarn, a choisi il y a deux ans de s’orienter sur les seules Gasconnes. Une décision prise de concert avec Serge, son mari, lequel est inséminateur à temps plein pour Coopelso mais lui donne un sérieux coup de main pour la conduite au quotidien de l’exploitation. Cette décision n’a rien à voir avec l’obtention du challenge des Sabots d’or Gascon l’an dernier. Elle est d’abord liée à la volonté de simplifier la conduite. Même si le produit brut lié aux ventes d’animaux en sera affecté, l’idée est aussi de diminuer le volume des intrants. Et de reconnaître que la crise, la succession d’années climatiques difficiles sur des parcelles séchantes et la volonté de passer moins de temps pour les soins au troupeau sont autant d’incitations supplémentaires pour se spécialiser sur une race rustique, jugée plus facile à élever. D’une vingtaine en 2014, le nombre de vêlages gascons avoisinera la quarantaine cette année, et l’objectif du 95 % gascon devrait être atteint l’an prochain. Pas un 100 %, car le souhait est de garder une ou deux Blondes, histoire de maintenir un peu de diversité !

Mieux valoriser les parcelles pentues et séchantes

Les premières Gasconnes étaient arrivées en 1993, quatre ans après l’installation d’Evelyne et la reprise de l’exploitation de son père, située au Dourn, dans le Nord-Est du Tarn. « Notre parcellaire comprend une bonne quinzaine d’hectares où la pente est parfois de plus de 20%. Les Blondes les valorisaient mal. Dans un souci de mieux utiliser l’intégralité des surfaces, on avait acheté un premier lot de treize génisses gasconnes prêtes à inséminer », explique Serge Esteveny qui, de par son métier, est forcément un féru d’élevage et de génétique mais est aussi, au fil des ans, devenu un aficionado de la gasconne.

Les premières génisses achetées dans les Pyrénées étaient des bêtes correctes, mais rien  d’exceptionnel. « On avait d’abord veillé à se border sur le plan sanitaire tout en limitant les frais. » Ce lot a ensuite été complété par trois vaches âgées mais bien indexées, dont les souches ont été perpétuées grâce à la transplantation embryonnaire.

Côté morphologie, en travaillant sur les longueurs et les largeurs dans le choix des accouplements, et en l’associant à un bon suivi de l’alimentation, les animaux ont gagné du format en quelques générations. « Mais cela ne les empêche pas d’aller crapahuter dans des pentes ! », précise Evelyne. Cela se retrouve sur les poids naissance, avec un effet élevage sur ce critère de +4,4 kg. Il ne se traduisent pas pour autant par une mortalité naissance-sevrage excessive. Elle était de 3,8 % sur la campagne 2014-2015.

Fort effet « élevage »

Nés de mère blonde ou gasconne, les veaux sont élevés selon le cahier des charges du « Veau d’Aveyron et du Ségala ». Ils sont en cases paillées de la naissance à la vente avec tétée biquotidienne et complémentation à volonté en concentré et foin. Cela joue sur les croissances. Avec un poids âge type de 330 kilos à 210 jours pour les Gascons, l’effet élevage est de +86 kg. « Blonds ou gascons, les croissances des mâles sont pratiquement similaires. En 2014, les Gascons ont fait une moyenne de 233,7 kg de carcasse à 7 mois et 21 jours. En Blond, c’était 268 kilos à 8 mois et 28 jours », précise Serge Esteveny, qui souligne les bonnes performances des bovins gascons dès lors que la génétique et l’alimentation sont suivis avec attention. En revanche, et même s’ils ont une meilleure aptitude à déposer du gras sur la carcasse, qui leur permet d’être plus rapidement finis et vendus, les Gascons sont plus hétérogènes sur les aspects conformation et rendement.

100% IA, en pur ou en croisement

Profession de Serge aidant, le 100% IA est depuis toujours la règle. « Pour le premier vêlage, j’insémine toutes les génisses gasconnes avec des taureaux blonds "viande" indexé à plus de 110 en IFNais (Poker ou Vivaldi). » Une partie des multipares sont elles aussi conduites en croisement en utilisant du Blond si les vaches sont porteuses du gène mh ou Excellence Charolais si elles ne sont pas porteuses. « J’ai à peu près tout essayé pour faire du croisement et je trouve que c’est globalement le Blond qui donne les meilleurs résultats. » Le croisement sur multipares a diminué depuis deux ans pour accroître les disponibilités en génisses. L’évolution qualitative du cheptel fait aussi que davantage de femelles « méritent » d’être conduites en race pure. Les accouplements pour produire le renouvellement (environ 20 %) sont réalisés en triant les vaches qui ont le meilleur IVMAT et en les accouplant avec des taureaux connus pour transmettre de bonnes qualités maternelles à leur descendance. « Je planifie cela en analysant le données du BGTA. C’est ma bible ! »

Revenir à deux périodes de vêlage

Vingt et un vêlages ont été pris en compte pour le classement des Sabots d’or. L’IVMAT moyen est de 105,1, la productivité de 101,2% et le taux de mortalité de 3,8%. La seule contre-performance est liée à un IVV de 394 jours découlant du passage en 2012 de la maladie de Schmallenberg. Il avoisinera 380 jours sur la campagne en cours. Compte tenu du bon développement des génisses, l’objectif serait de rajeunir l’âge au premier vêlage en vue d’avoir un premier vêlage à 30 mois. Il facilitera l’objectif de revenir à deux périodes principales : septembre-octobre et fin d’hiver.

Un système fourrager en transition

L’exploitation totalise 58 hectare de SAU, répartis entre 38 hectares de prairies naturelles (dont une bonne vingtaine avec des pentes avoisinant 20%), 12 hectares de prairie temporaire et 8 hectares de céréales à paille. « On a longtemps fait 3 à 4 hectares de maïs ensilage. On l’irriguait à partir d’une retenue collinaire. Depuis deux ans, on a arrêté. Avec la pente, la parcelle était régulièrement ravinée par les orages. Dans nos bâtiments, la mécanisation est compliquée et la distribution de ce fourrage gourmande en main-d’œuvre. Si on ajoute la prolifération des sangliers et la succession d’années climatiques difficiles, on a fini par faire une croix dessus. » Le passage au 100% Gascon ne fait que confirmer ce choix. « On va aussi faire évoluer la composition de notre stock fourrager en récoltant moins d’ensilage d’herbe ( 6 à 8 ha contre 10 à 12) et davantage de foin. »

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