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Qualité des fourrages 2024 : investir dans la complémentation des bovins viande

Les fourrages récoltés sur les prairies en 2024 sont abondants avec des valeurs alimentaires très hétérogènes mais globalement mauvaises. Pour maintenir les performances du troupeau allaitant, investir dans la complémentation est rentable.

prairie inondée hauts de france
Les précipitations importantes de 2024 ont fortement impacté toutes les périodes de semis et de récoltes des prairies.
© V.Charpenet

Après le problème numéro un que sont les épidémies de FCO et MHE, on retiendra  de cette campagne la mauvaise qualité des fourrages récoltés. La production d’herbe a été volumineuse, mais les récoltes très complexes à mettre en œuvre à cause de la pluviométrie de l’année 2024. Une partie des éleveurs ont subi en plus des inondations sur une partie de leurs surfaces en prairies. Nombreux sont ceux à ne pas avoir pu semer une prairie, une légumineuse ou un méteil. Un scenario qui a rappelé celui de 2016-2017 dans un certain nombre de régions.

Lire aussi : Faut-il intervenir sur les prairies abîmées en 2024 ?

Au bilan, pour beaucoup d’élevages allaitants, les performances au pâturage ont été inférieures aux attendus avec des kilos qui manquent sur les broutards et les génisses, et des vaches rentrées en stabulation en état moyen. Et les foins, ensilages et enrubannages sont très souvent de mauvaise qualité.

« La forte pluviométrie de l'hiver 2023-2024 est à l'origine de reliquats sortie d'hiver plutôt faibles, et les valeurs MAT des prairies sont inférieures au niveau habituel. Cet effet se cumule avec des pertes de valeur en protéines et en énergie dues en grande partie à un décalage de la date de fauche »,  ont présenté Antoine Buteau d’Arvalis et Jean-Baptiste Quillet de la chambre d’agriculture de l’Indre lors d’une journée technique à la ferme expérimentale des Bordes (Indre) en janvier 2025. Une perte de valeur de 0,06 UFL sur une distribution de 12 kg MS de foin par jour représente l’équivalent pour la compenser d’un apport de 700 g d’orge supplémentaire. S’y ajoute l’effet de l’encombrement : une augmentation de 0,1 UEB du foin provoque une baisse d’ingestion de 0,8 kgMS par jour.

Lire aussi : Ensilages de maïs, foins et enrubannages 2024 : comment en tirer parti malgré les conditions de récolte dégradées ?

« Une complémentation plus importante qu’en année fourragère moyenne est nécessaire pour pallier le manque de qualité des fourrages. Il faut prendre en compte le poids, l’âge, et l’état des animaux pour l’ajuster à partir des résultats d’analyse des fourrages », rappellent le spécialistes. 

Pour les génisses, en fonction des performances au pâturage, les objectifs de croissance sur l’hiver peuvent être ajustés pour récupérer le retard pris au pré. On peut par exemple viser 800 g/jour le premier hiver au lieu de 550 à 600 g/jour d’habitude, et 600 g/jour le second hiver au lieu de 300 à 400 g/jour.  « Pour les vaches, un flushing pour sécuriser la reproduction et une vigilance accrue pour les primipares sont conseillés. » La minéralisation est aussi à renforcer. A cause de l’humidité de l’année, le déparasitage du troupeau est à considérer de façon particulièrement attentive « pour repartir sur des bases saines. »  

Flushing, minéralisation et déparasitage

Antoine Buteau et Jean-Baptiste Quillet remarquent qu’il y a eu possibilité d’avoir des ensilages de qualité en 2024 lorsque les légumineuses étaient très présentes. « Il a aussi été possible de faire du bon foin avec du teff grass par exemple en 2024. » « Sur les foins à récolte très tardive, parfois, une repousse au pied a pu corriger un peu leur valeur », remarque Alexis Desarménien de la chambre d’agriculture de la Creuse. Mais globalement, l’importance du volume a eu un effet de dilution de la valeur alimentaire. Quand l’année précédente avait permis de reporter des stocks avec des valeurs alimentaires plus habituelles, cela offre une possibilité de panacher pour compenser partiellement la moindre valeur des fourrages 2024. Le maïs ensilage a représenté une valeur sûre en énergie, et les céréales sont de qualité plutôt stables. 

Un investissement d’environ 79 euros par vache allaitante et sa suite

Une simulation sur un troupeau de 100 vaches charolaises a été présentée par Antoine Buteau d’Arvalis et Jean-Baptiste Quillet de la chambre d’agriculture de l’Indre lors d’une journée technique à la ferme des Bordes (Indre) en janvier 2025.

Pour équilibrer les rations hivernales, par rapport à une année fourragère « normale », il faut ajouter 0,8 kg de tourteau de colza pour les vaches, 0,3 kg pour les 25 génisses d’un an et 0,5 kg pour les 25 génisses de deux ans pendant 120 jours, soit 12 tonnes à acheter en plus. Au prix de 360 euros/t, cela représente une facture de 4250 euros. 

Pour les céréales, c’est 1,3 kg supplémentaire par vache, 0,4 kg par génisse d’un an et 0,3 kg par génisse de 2 ans soit 17,7 tonnes de céréales en plus qui seront consommées dans l’hiver. A 200 euros/t, cela coute 3540 euros. Au total on arrive à un surcoût de 79 euros par vêlage avec des achats qui se chiffrent à 7860 euros au total. 

Lire aussi : Ce qui est possible pour maîtriser le coût d’engraissement des bovins viande

Ce chiffre est à comparer avec les pertes en l’absence d’un rééquilibrage des rations. Si on passe d’un IVV de 365 jours à 395 jours, sur 100 vaches, 8 veaux manquent à l’appel sur l’année. Ces veaux auraient été vendus 1450 euros et, déduction faite du concentré qui leur aurait été distribué (1400 euros), la perte de produits est de 10 200 euros. La perte de croissance de 80 g/jour des veaux sur 240 jours, au  prix de 3,8 euros/kg, représente 6 566 euros de produits en moins. Au total, le manque sur les ventes s’élève à 16 766 euros. 

La balance globale est ainsi très fortement en faveur du rééquilibrage des rations par l’achat de concentrés, avec 16766 - 7860 = +8906 euros. 

 

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