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Prix des céréales : les raisons de la flambée des cours

Blé, orge, maïs : les prix de l'ensemble des marchés des céréales ont connu une hausse brutale ces dernières semaines. Cette nervosité s'explique notamment par des mesures de restriction à l'export pour le blé russe, et par des achats gargantuesques de la Chine en maïs, tandis que la sécheresse menace le continent sud-américain.

C’est ce que les traders appellent une situation « bullish ». Blé, orge, maïs, colza : les marchés des grains se sont lancés dans une impressionnante course à la hausse depuis quelques semaines. Le 18 janvier, le blé tendre rendu Rouen s’est hissé à 234 €/t, au plus haut depuis juin 2013. Il était à environ 200 €/t il y a à peine plus d’un mois.

Même constat pour le maïs, qui a largement dépassé les 200 €/t rendu Bordeaux (215 €/t le 18 janvier), et pour l’orge, qui continue sa progression commencée l’été dernier, portée par les autres céréales et les importations massives de la Chine. « À la différence des mouvements de hausse des dernières années, nous sommes loin d’un épiphénomène qui touche un produit distinct, à cause d’un incident climatique ponctuel et d’une une mauvaise récolte ici ou là, souligne Sébastien Poncelet, chez Agritel. Nous assistons aujourd’hui à une inflation généralisée de l’ensemble des prix des grains. »

Taxe et quota à l'export en Russie

Pour le blé, cet échauffement des prix s’explique très largement par la politique russe. Depuis le début de la campagne, les exportations de blé de la Russie affichent un rythme effréné, généré par la bonne demande mondiale. De nombreux pays veulent en effet assurer leur approvisionnement dans un contexte rendu incertain par la crise sanitaire. Cette situation se traduit par une inflation domestique en Russie que les pouvoirs publics entendent faire retomber en limitant l’export. Pour cela, le gouvernement a annoncé la mise en place d’une taxe à l’export de 25 €/t entre le 15 et le 28 février, qui passera à 50 €/t à partir du 1er mars.

Cette mesure se double d’un quota à l’export : la Russie limitera à 17,5 millions de tonnes (Mt) l’export de céréales entre le 15 janvier et le 30 juin. Ces annonces ont évidemment renforcé la tendance haussière de l’ensemble des origines. D’autant plus que les autorités russes laissent planer l’idée de l’instauration d’une taxe flottante pour la prochaine campagne. Les conséquences du froid dans certaines parties du pays, où les céréales n'étaient pas protégées par une couche de neige, sont encore incertaines.

Des importations chinoises de maïs multipliées par quatre

La révision à la baisse de la production argentine de blé, frappée de sécheresse, a également apporté son écot haussier. Avec la petite production européenne, ces nouvelles confèrent une grande importance aux exportations australiennes, où la récolte record va conduire à de larges stocks. Mais encore faut-il que la logistique suive. Cette incertitude quant aux origines réellement disponibles avant la prochaine récolte alimente la hausse des cours.

Le blé est en outre supporté par un marché de plus en plus tendu en maïs. « Les prix sont très élevés et continuent à grimper depuis la mi-décembre, pour atteindre des niveaux qui n’avaient pas été atteints depuis longtemps », a expliqué le 13 janvier Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre de FranceAgriMer. Les importations faramineuses de la Chine (attendues à 17,5 Mt par l’USDA cette saison, contre 8 Mt la campagne passée et entre 3 et 5 Mt en année normale) y sont pour beaucoup dans la nervosité du bilan mondial. Facteur aggravant : les conditions très sèches en Amérique du Sud font craindre pour la récolte à venir.

La tension est encore montée d’un cran avec les velléités de l’Argentine, fin décembre, de restreindre ses exportations de maïs pour limiter la hausse des prix domestiques. Devant la levée de boucliers suscitée par cette annonce dans le camp des agriculteurs, le gouvernement a fait marche arrière. Il a conclu un accord avec les organisations professionnelles agricoles pour garantir l’approvisionnement intérieur.

L’orge fourragère a elle aussi poursuivi son ascension entamée l’été dernier. À 214 €/t le 18 janvier, la céréale retrouvait son niveau de l’été 2018. La Russie, qui a exécuté 80 % de son programme prévisionnel d’export entre juin et fin décembre, a mis en place, comme pour le blé, une taxe à l’export pour le reste de la campagne. L'orge française, elle, continue de profiter des achats de la Chine.

En France, cette situation inquiète le Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale (SNIA), qui a prévenu que « l’augmentation du coût de l’alimentation des animaux liée à celle des matières premières est une réalité que les filières françaises doivent intégrer dans leur stratégie », malgré les stratégies mises en œuvre par les fabricants pour « limiter au maximum le surcoût pour l’élevage français ».

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