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Pour un maximum de feuilles dans un foin de légumineuses

Un beau foin de légumineuses doit conserver un maximum de feuilles. Cela démarre par l’outil utilisé pour la fauche et se poursuit par ceux utilisés pour l’andainage, sans occulter l’heure à laquelle ces différents travaux sont réalisés.

Conserver un maximum de feuilles dans les foins de légumineuses est une problématique majeure tout au long des différentes étapes de leur récolte dans la mesure où ce sont d’abord les feuilles qui contribuent à la bonne valeur alimentaire de ces plantes et en particulier leur richesse en protéine.

La problématique est d’abord dans la fragilité du pétiole reliant la feuille à la tige. De la fauche jusqu’à la presse, différentes étapes vont contribuer à faire perdre une proportion plus ou moins importante des feuilles. Le type de matériel utilisé a une grande importance, en particulier au moment de la fauche. « Attention à l’agressivité des faucheuses », explique Anthony Uijttewaal, agronome spécialiste de la récolte des fourrages à Arvalis.

Privilégier les faucheuses classiques à plat

Quand sur une prairie la proportion de légumineuses est conséquente et surtout quand elles sont cultivées en pur, sans être associées à une graminée, les conditionneuses à doigts ou fléaux sont déconseillées. Des pertes mécaniques (feuilles brisées non récoltables) allant jusqu’à 10 % de la biomasse initiale ont été enregistrées lors de la seule opération de fauche.

Ces pertes concernent quasi exclusivement des feuilles qui pour la plupart tomberont à la surface du sol au moment des opérations de fanage puis d’andainage et seront perdues. Pour des légumineuses, le pourcentage de biomasse perdu avec des faucheuses classiques à plat est de 1 à 3 %. Il oscille entre 5 et 11 % avec des faucheuses conditionneuses. « Si une faucheuse conditionneuse doit être utilisée sur légumineuses, il importe d’en réduire au maximum l’agressivité (réduction de régime du conditionneur, effacement des peignes, desserrage de la tôle située à l’aplomb du conditionneur) », précise Anthony Uijttewaal.

Action du soleil et du vent

Limiter les pertes en feuilles est également conditionné par la nécessité de réduire le plus possible le temps de dessication au sol du fourrage. Dès l’instant où le fourrage est coupé, il est important de l’exposer au plus tôt à l’action du soleil et du vent. « L’utilisation de faucheuses à plat ou faucheuses conditionneuses munies du système d’éparpillement large permet de répartir le fourrage sur environ 80 à 90 % de la surface fauchée. En revanche, avec les faucheuses conditionneuses produisant des andains étroits qui ne recouvrent que 30 à 40 % de la surface fauchée, il est nécessaire de faner au plus vite après la fauche pour répartir le fourrage sur un maximum de surface. »

C’est au moment du séchage, de l’andainage puis du pressage que les risques de perte de valeur alimentaire sont les plus conséquents. « Les feuilles de légumineuses sèchent pratiquement deux fois plus vite que les tiges et deviennent alors très cassantes, rappelle Anthony Uijttewaal. Très vite, elles deviennent friables et sensibles aux pertes mécaniques. » À côté des habituelles préconisations pour limiter le nombre de fanages, ce dernier rappelle l’importance d’intervenir sur un fourrage encore humide donc peu de temps après la fauche ou d’attendre le matin pour faner un fourrage réhumidifié par la rosée. Autre précaution : réduire la vitesse de rotation pour les outils les plus agressifs (fanage, giroandaineur) en les faisant passer de 540 tours/minute à 350 à 400 tours/mn. Mais quand le fourrage est sec, donc cassant, on a beau abaisser le régime de prise de force à 280 tours/mn, les outils animés occasionnent énormément de pertes tant sur le plan quantitatif que qualitatif.

Pas de fanage ou andainage l’après-midi

Pour mieux évaluer le niveau de ces pertes, Arvalis avait mis en place en 2013 un essai sur les deux stations expérimentales de La Jaillière en Loire-Atlantique et Saint-Hilaire-en-Woëvre dans la Meuse. À la Jaillière, le fait de réaliser les opérations de pré-andainage (confection de petits andains) et d’andainage l’après-midi en pleine chaleur s’est traduit par une perte de 667 kg de MS/ha contre 315 kg quand ce travail est réalisé le matin. Sur le plan qualitatif, quel que soit le site d’étude, une intervention matinale entraîne des pertes limitées. Elles oscillent entre - 0,1 et - 0,4 point de MAT. En revanche, quand ce travail est réalisé dans l’après-midi, les pertes sont nettement supérieures avec un recul de 1,8 à 2,8 points de la teneur en MAT.

À signaler également que le recours à des andaineurs à tapis favorise le maintien des feuilles sur les tiges. Pour lier la botte, il est également conseillé de privilégier le recours au filet et non aux ficelles. Préserver la proportion de feuilles dans la botte est également favorisé par des andains de gros volume dans la mesure où cela permet de limiter le temps de séjour dans la presse.

Une évaluation des pertes de valeur alimentaire

Pour mieux chiffrer sur de la luzerne la perte de valeur alimentaire liée à la perte d’une partie des feuilles selon le type de matériel utilisé au moment de la fauche, les équipes d’Arvalis ont mesuré sur des placettes le poids des feuilles qui restent au sol permettant ensuite de ramener ce chiffre à l’hectare. Ce chiffrage a mis en évidence un écart de 125 de kg/ha de fourrage perdu entre une faucheuse classique (lamier à assiettes) et une faucheuse conditionneuse à fléaux. Qui plus est cette différence est majoritairement le fait de feuilles lesquelles concentrent l’essentiel de la valeur alimentaire de la plante. Par conséquent si on retient 22 % de MAT et 0,82 UFL comme étant la valeur alimentaire des 125 kg de MS/ha perdu entre les deux types de faucheuse et si on traduit cette perte de valeur alimentaire en euros, on arrive compte tenu de la valeur alimentaire d’un bon foin de luzerne et de son équivalence en tourteaux, céréales et paille à des chiffres déjà conséquents avec des simulations réalisées avec des tarifs datant d’avant la guerre en Ukraine. Et les valeurs affichées dans le tableau ci-joint en conjoncture « haute » ont pratiquement doublé depuis février dernier !

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