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Penser les abords avant la construction

Chez Éric Nadal, dans l’Aveyron, les abords de la stabulation ont été stabilisés et des aires de circulation bétonnées créées à chaque extrémité pour maintenir un maximum de propreté à l’extérieur comme à l’intérieur.

La stabulation d’Éric Nadal n’est pas aussi nickel qu’un atelier de mécanique aéronautique, mais peu s’en faut. Avant de reprendre la ferme de son beau-père en 2013, avec une production de veau d’Aveyron et du Ségala label rouge, le jeune éleveur a exercé de longues années comme mécanicien dans l’aéronautique, plus particulièrement dans le contrôle qualité. Il en a gardé le sens des procédures et de la rigueur. Son installation était programmée depuis plus de quinze ans et, deux ans avant de la concrétiser, il a repris la réflexion sur son projet de stabulation. Tout a été pensé à l’avance, dans ses moindres détails, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Le terrassement a été effectué avec des profondeurs différentes selon les aménagements prévus. Une grande partie des aménagements a été réalisée avant la pose de la charpente : bétons de sol, poteaux et barrières, stabilisation des abords... « Le charpentier était enchanté, se souvient Eric Nadal. Il a pu travailler sur du dur, mais il ne fallait pas se tromper dans les mesures. Lorsque tout a été terminé, nous avons juste rajouté une couche de 0/20 pour finir de stabiliser. Quand on fait un bâtiment, il faut anticiper aussi les abords. »

Abords stabilisés et aires bétonnées

La propreté autour du bâtiment faisait d’autant plus partie du cahier des charges de l’éleveur qu’elle est un des éléments de la grille environnementale mise en place par l’interprofession veau d’Aveyron et du Ségala, il y a plus de quinze ans. La stabulation (70 places) mesure 52 mètres de longueur par 32 mètres de largeur. L’éleveur a stabilisé 30 mètres à l’avant, 10 mètres à l’arrière et 5 mètres sur les deux côtés. La stabilisation a été effectuée sur une épaisseur de 50 - 60 cm avec du tout-venant négocié avec une carrière voisine. Seul le transport a été facturé (75 camions à 60 euros, soit 4 500 euros). Extrait en bordure de la carrière, le tout-venant avait peu de valeur commerciale. Près de 1 800 m2 ont ainsi été recouverts. L’éleveur a également bétonné deux plateformes de 10 mètres par 30 mètres, à l’arrière et à l’avant de la stabulation. La première permet l’accès quotidien des vaches aux pâtures, la seconde la circulation des tracteurs. Il n’avait prévu de bétonner que la première, pour une question de coût (5 000 euros de béton par dalle). Mais, au moment de la réaliser, il a préféré faire les deux pour ne pas le regretter.

Ferrailles et plastiques à l’abri des regards

Les deux aires bétonnées permettent d’avoir des abords faciles à tenir propres. Mais l’effet est tout aussi visible à l’intérieur. Cela évite de ramener de la terre dans le couloir d’alimentation avec les tracteurs. « Je gagne du temps de nettoyage, apprécie l’éleveur. Après le paillage, je pousse les débris vers le fond avec la soufflerie. Je n’ai pas besoin de passer le balai. Quand elles rentrent de la pâture, les vaches se décrottent en partie les sabots sur l’aire bétonnée. Pour sortir le fumier, je fais un circuit : le tracteur entre par l’avant de la stabulation et sort par l’arrière. Je charge la benne à l’intérieur du bâtiment. Ainsi, les abords ne se salissent pas. »

Le bâtiment est situé sur un point haut. Pour protéger les portails du vent d’autan, côté sud, Eric Nadal a planté une haie en bordure de route, qui masquera aussi en partie la stabulation. Comme pour le reste, elle était prévue dans le projet. « Quand on a fait le terrassement, on a laissé la terre végétale, dit-il. Je prévois de la limiter à 3 mètres de hauteur et 1 mètre d’épaisseur pour faciliter l’entretien. » Un espace a été aménagé derrière une haie existante pour stocker séparément ferrailles, plastiques d’enrubannage et sacs d’engrais en attente de les amener au recyclage. L’éleveur a entrepris aussi de faire un peu d’embellissement, avec quelques jardinières de fleurs devant le bureau. « Je voudrais en faire davantage, mais je n’ai pas encore trouvé la bonne formule. Je ne voudrais pas que ça demande trop d’entretien. » Il reçoit régulièrement des visiteurs à l’heure de la tétée. Ils peuvent entrer dans la stabulation en petites chaussures, ils ne repartiront pas les pieds crottés.

Une grille environnementale sur les abords de ferme

La filière veau d’Aveyron et du Ségala applique sa propre grille environnementale depuis dix-sept ans. Les responsables d’alors souhaitaient compléter les cahiers des charges label rouge (qualité du produit) et IGP (lien au territoire) par des exigences environnementales, qui ne sont pas inscrites dans les deux signes de qualité mais qu’ils sentaient poindre chez les consommateurs. Jusqu’à cette année, les éleveurs étaient audités tous les deux ou trois ans sur une centaine de points. Ils portent sur les « exigences réglementaires vis-à-vis de l’environnement et sur des aspects visuels et d’acceptation sociale par les consommateurs, explique Agnès de Chauny, directrice de l’interprofession (IRVA). Il était important aussi de modifier le regard des éleveurs sur leur exploitation en leur disant : “vous faites un produit de qualité dans l’assiette, mais votre ferme doit pouvoir être visible des consommateurs” ». Concernant l’extérieur de la ferme, les points d’expertise portent sur l’état des ouvrages de stockage des effluents, la stabilisation des abords, la propreté et le rangement... Aujourd’hui, 88 % des éleveurs ont atteint le seuil requis.

Vers un système de vignette annuelle

Cette grille environnementale est en cours de révision pour qu’elle soit plus fonctionnelle. Les critères ont été « concentrés » en vingt points afin d’aller « beaucoup plus à l’essentiel et porter un regard global sur la ferme ». Pas question pour autant de réduire les exigences. Le but est de faciliter le travail des techniciens avec une grille plus facile à parcourir. Ils pourront ainsi faire l’évaluation environnementale tous les ans lors de la visite de contrôle du label et de l’IGP. Elle est en cours de test tout au long de l’année 2017. « Nous réfléchissons aussi à un système de vignette annuelle pour encourager les éleveurs à maintenir un niveau d’exigence », explique Agnès de Chauny. L’interprofession regrette cependant que l’aménagement des abords de ferme ne fasse pas l’objet d’aides publiques quand il est réalisé après la construction du bâtiment. Pour la filière, l’image visuelle délivrée par une ferme a autant d’importance que ses aspects techniques.

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