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Lutte contre le suicide des agriculteurs : le gouvernement présente son plan

Le gouvernement annonce ce jour une hausse de 40% des dispositifs destinés à prévenir le mal-être et le suicide des agriculteurs en difficulté. Le monde agricole est confronté à un taux de suicide bien supérieur au reste de la population française.

Homme seul dans les champs
Selon les données les plus récentes de la sécurité sociale agricole (MSA), 529 suicides ont été dénombrés en 2016 parmi les 1,6 million d'assurés du régime agricole âgés d'au moins 15 ans.
© Pixabay

Ce mardi 22 novembre, les ministres Olivier Véran et Julien Denormandie et le secrétaire d’Etat chargé des retraites et de la santé au travail Laurent Pietraszewski doivent présenter la feuille de route du gouvernement pour « la prévention du mal-être et l’accompagnement des agriculteurs en difficulté ». Pour lutter contre le suicide des agriculteurs, le gouvernement va annoncer une hausse de 40%, soit 12 millions d’euros supplémentaires, par an de budget consacré « aux dispositifs d’intervention financière » (soit 42 millions d’euros contre 30 précédemment).

Après la remise du rapport du député du Lot-et-Garonne Olivier Damaison et celui des sénateurs Françoise Férat et Henri Cabanel, le gouvernement annonce un plan d’actions « coconstruit » avec les organisations professionnelles qui reprend en grande partie les propositions émises par la FNSEA, JA, les Chambres d’agriculture et la MSA en juin dernier.

 

Six mesures principales

« Humaniser, aller vers les agriculteurs en difficulté et prévenir les suicides et les accompagner », tels sont les objectifs de la feuille de route qui comprend plusieurs mesures, à savoir :

  • La création de « plus de 100 comités de pilotage » dans les départements d’ici à fin 2022, réunissant l’ensemble des parties prenantes afin de coordonner des actions « au plus proche du terrain ». Ces comités réuniront les cellules d’accompagnement gérées par les Chambres d’agriculture mais aussi les institutions financières ou encore les coopératives.
     
  • Le renforcement et la structuration du réseau de sentinelles dans chaque département, formées par la MSA. L’objectif : permettre aux personnes qui sont en contact avec les agriculteurs (voisin, proche, parent…) d’alerter les cellules dédiées aux exploitants en difficulté.
     
  •  Le renforcement des dispositifs d’accompagnement économique. L’aide au diagnostic de l’exploitation et l’aide à la relance (Area) verra son budget passer de 3,5 à 7 millions d’euros. L’accès à cette aide sera également facilité.
     
  • Le budget de l’aide au répit, qui finance le remplacement jusqu’à 10 jours des exploitants en situation d’épuisement professionnel, est porté de 3,5 millions d’euros par an à 5 millions d’euros.
     
  • Le dispositif de crédit d’impôt remplacement a été prorogé jusqu’au 31 décembre 2024 et son taux augmenté à 60% (au lieu de 50%) pour se faire remplacer en raison d’une maladie ou d’un accident du travail, dans le cadre du vote du projet de loi de finances 2022.
     
  • La mise en relation du numéro agri-écoute (09 69 39 29 19) confié au prestataire Empreinte Humaine avec le numéro national de prévention contre le suicide 31 14 lancé le premier octobre dernier.
     

Selon les données les plus récentes de la sécurité sociale agricole (MSA), 529 suicides ont été dénombrés en 2016 parmi les 1,6 million d'assurés du régime agricole âgés d'au moins 15 ans (ayant-droits des exploitants et salariés agricoles inclus). Chez les assurés de la MSA âgés de 15 à 64 ans, le risque de suicide était alors supérieur de 43,2% aux assurés de l'ensemble des régimes de sécurité sociale. Au-delà de 65 ans, le risque de suicide était deux fois plus élevé par rapport à la population de cette tranche d'âge.
 

Julien Denormandie interpelle les consommateurs

Longtemps considéré comme un tabou, le suicide des agriculteurs a été mis en avant dans le film Au nom de la Terre d’Edouard Bergeon avec Guillaume Canet. « Il importe de lever les tabous sur la question du mal-être et d’en parler au sein de la société », a affirmé le ministre Julien Denormandie dans une interview au journal La Croix publiée lundi soir.

Dans une interview ce 23 novembre sur France info, le ministre de l’Agriculture a aussi appelé le consommateur à réfléchir en citoyen au moment de ses achats pour soutenir les agriculteurs en difficulté : « L'un des moyens aussi de soutenir cette agriculture est que nous fassions le choix, en tant que consommateur, d'acheter des produits locaux, du territoire. Oui, en tant que consommateur, ces prix augmenteront un petit peu. »

 

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