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L’outil Boviwell attribue une note de bien-être animal

Afin de répondre à une préoccupation sociétale grandissante, l’outil de diagnostic du bien-être animal Boviwell est déployé dans les élevages. Il n’attribue pas seulement une note, il permet également un moment d’échanges entre conseiller et éleveur, comme en témoigne Antoine Delobel, éleveur.

Pour valoriser ses génisses dans la filière Bœuf Prim’herbe, Antoine Delobel, éleveur double actif (technico-commercial chez Sanders), à Haspres dans le Nord, a dû réaliser un diagnostic Boviwell, en novembre 2020. Il a nécessité environ deux heures entre la collecte de données selon les catégories d’animaux présents et les observations faites sur ces derniers (note de propreté, note d’état, absence de blessures…), sur la stabulation et ses équipements. Seuls les animaux de plus de 6 mois peuvent être évalués.

L’objectif de la première étape, conduite au bureau, permet de rassurer l’éleveur sur l’approche bien-être animal en mettant en avant les bonnes pratiques de l’exploitation. Les renseignements réunis concernent l’alimentation et l’abreuvement, le confort de logement (type, paillage), l’expression des comportements (pas de comportements anormaux, évaluation de la relation homme-animal), les équipements (soins des animaux, surveillance des vêlages, enrichissement du milieu, manipulation des animaux, aiguillon électrique), le confort thermique, la santé animale (écornage, castration, plan de parage, mortalité, césarienne) et divers points (colostrum, plan de prévention et bilan sanitaire, données d’abattage…).

Un bâtiment qui contribue au bien-être

« Le bien-être des animaux est, à mes yeux, essentiel pour une bonne productivité. Et cela contribue également à mon bien-être personnel au travail », souligne Antoine Delobel. Il y a deux ans, l’éleveur a construit un nouveau bâtiment en aire paillée intégrale. Son objectif : productivité, praticité et sécurité. Aussi, a-t-il pris soin de veiller à l’aménager de manière à favoriser le bien-être de ses animaux, sans négliger le sien. « Le temps de travail avec ce nouveau bâtiment a été divisé par trois. » Il est donc tout naturel que l’ensemble des résultats de son diagnostic Boviwell soit « excellent ». La surface disponible par couple mère-veau a été respectée, ainsi qu’un accès suffisant à l’eau, avec deux abreuvoirs disponibles par case. La propreté des abreuvoirs est par ailleurs vérifiée quotidiennement. « La disponibilité de l’eau en quantité est pour moi un point important, d’autant plus avec l’alimentation que je distribue à mes bêtes (enrubannage à volonté, paille, pulpe sèche et complément minéralisé) », précise Antoine Delobel.

D’autres questions portent sur la présence ou l’absence de certains dispositifs et de certaines pratiques mais n’influencent pas la note donnée par l’outil. Ces éléments servent à l’échange. C’est le cas de la présence/absence d’un box d’isolement, de matériel de contention, de la réalisation d’un diagnostic de confort thermique… Boviwell s’attache à noter les indicateurs vraiment objectifs des cinq libertés. Sur l’exploitation, un bilan sanitaire et un plan de prévention de l’élevage sont réalisés par un vétérinaire agréé.

Se situer par rapport au bien-être

La réalisation du diagnostic a mis en évidence la bonne gestion de la santé animale. Les animaux malades disposent d’une zone dédiée. La manipulation est également réalisée à l’aide d’équipements adaptés et la luminosité au sein du bâtiment est satisfaisante. Des rideaux brise-vent sur station météo permettent de réguler l’ambiance dans le bâtiment. « Disposer d’une bonne ambiance permet également de réduire la quantité de paille utilisée, de limiter les problèmes sanitaires et au final les frais d’élevage et vétérinaires. » Seule une petite amélioration est à prévoir et concerne le nombre de génisses par case. « L’année dernière, j’en ai acheté un peu trop en plus des miennes pour les commercialiser dans le cadre de la démarche Prim’herbe. Cette année, j’en ai limité l’achat pour disposer de plus de places dans les cases. Cette production me permet d’utiliser mon bâtiment toute l’année (3 lots de 15 bovins produits par an). »

Ce diagnostic permet de se situer sur cette thématique. « Il faut voir ce que l’on peut gagner en assurant le bien-être de ces animaux (gain économique sur les frais vétérinaires par exemple). C’est également un confort de travail », observe Antoine Delobel. L’outil permet de mettre en avant le savoir-faire des éleveurs grâce à des données tangibles. Il met en évidence la qualité de leur travail.

Initialement prévu pour un diagnostic en bâtiment, l’outil Boviwell donne quelques consignes particulières, dans le cas où les animaux se trouvent à l’extérieur. Des adaptations sont prévues pour adapter certains critères pour le cas des animaux au pâturage (relation homme-animal…).

Mettre en évidence le savoir-faire des éleveurs

Chiffres clés

- 115 ha de SAU dont 14 de prairies, 52 de blé, 5 de lin, 15 de pommes de terre, 9 de betteraves, 10 de colza, 4 d’escourgeon, 7 de pois
- 25 mères Salers naisseur et engraissement de génisses en label Prim’herbe (avec achat)
- 1,5 UTH (1 salarié à mi-temps et un associé)

Une définition partagée du bien-être animal

Co-construit avec les acteurs économiques et des experts scientifiques, l’outil d’évaluation du bien-être animal Boviwell — géré par la Confédération nationale de l’élevage — s’appuie sur une définition du bien-être animal établie à partir de trois références incontestables : le concept des « 5 libertés » du Farm Animal Welfare Council (1- ne pas souffrir de faim ou de soif, 2- ne pas souffrir d’inconfort, 3- ne pas souffrir de douleurs, de blessures ou de maladies, 4- pouvoir exprimer les comportements naturels propres à l’espèce, 5- ne pas éprouver de peur ou de détresse) ; les principes énoncés par l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et une démarche d’amélioration continue dans l’esprit norme ISO. Il est construit en concertation avec la filière laitière qui l’utilise également et adapté aux contraintes du terrain pour en faciliter la diffusion.

L’objectif de cet outil est de toujours mieux intégrer les attentes sociétales en garantissant au consommateur un niveau de bien-être animal supérieur ou excellent dans les élevages labellisés. En 2025, 100 % des exploitations bovins viande label rouge devront avoir réalisé un Boviwell.

Fin septembre 2021, 1 144 diagnostics ont été effectués en élevages bovins viande. Le Covid-19 a très fortement impacté la formation des techniciens en 2020 et donc la réalisation des diagnostics qui s’est concentrée pour l’essentiel sur 2021. Avec son informatisation, pour être utilisable sur ordinateur, tablette et smartphone, pour faciliter la collecte des données en élevage, le déploiement devrait s’accélérer.

À retenir

Les quatre objectifs de Boviwell

- Évaluer le bien-être animal d’un élevage bovin
- Valoriser les pratiques existantes sur l’exploitation
- Sensibiliser les éleveurs et les techniciens à la thématique du bien-être animal
- Identifier les bonnes pratiques et voies d’amélioration

Un classement en 4 niveaux

- De 0 à 20 : non classé
- De 20 à 55 : acceptable
- De 55 à 80 : supérieur
- De 80 à 100 : excellent

Pour chaque niveau d’appréciation, un code couleur a été défini

Avis d’expert - Hélène Désert, technicienne Elvea Hauts-de-France

Hélène Désert, technicienne Elvea Hauts-de-France
 

« Un état des lieux avec des objectifs à trois ans »

« Depuis un peu plus d’un an, nous proposons aux éleveurs d’Elvea Hauts-de-France le diagnostic bien-être animal Boviwell. Nous en avons d’ores et déjà réalisé une soixantaine, dans le cadre de la démarche Bœuf Prim’herbe de Carrefour ou du label rouge. La première étape du diagnostic se passe au bureau avec un questionnaire sur les pratiques de l’élevage, avant de se poursuivre par des observations sur le terrain. Ce diagnostic représente un état des lieux. Il nécessite de 2 heures à une demi-journée d’observations selon la taille de l’exploitation. L’outil attribue une note globale à l’exploitation et une pour chacune des cinq libertés, selon quatre niveaux : non classé, acceptable, supérieur et excellent. Il permet d’identifier les bonnes pratiques et d’envisager des mesures de progression avec la mise en place d’un plan d’actions. Dans ce cas, l’éleveur dispose de trois ans pour les mettre en application.

Le diagnostic débute avec des questions plus générales posées à l’éleveur. Elles ne donnent pas lieu à des notes mais alimentent les échanges. C’est le cas notamment sur ses attentes, ses conditions de travail, sur la sécurité (se sent-il en sécurité avec ses animaux ?…). Un compte rendu global fait pour chaque exploitation. Pour certains, c’est l’occasion de faire un point pour chaque catégorie, pour d’autres de redemander des références sur l’écornage, la quantité de paille par bête, le nombre de points d’eau…

À ce jour, l’abreuvement représente le point qui nécessite le plus de progression. Le contrôle de la propreté, de la disponibilité en eau claire ne pose pas de problème spécifique. Par contre, la longueur des abreuvoirs et leur nombre par animal sont un souci régulier. L’écornage représente le second point le plus rencontré dans les points de progression.

Les données, ainsi recueillies, viennent alimenter la base de données de l’Institut de l’élevage pour faire évoluer l’outil de diagnostic et publier des synthèses de données agrégées (de manière confidentielle) pour communiquer sur la réalité du bien-être animal en élevages. »

 

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