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Quand des chiens errants entrent dans le pré

Les chiens errants ne font pas de dégâts dans les seuls troupeaux de petits ruminants. Leurs attaques peuvent également se traduire par de fâcheuses répercussions dans les cheptels bovins.

Quand un éleveur dépité appelle de bon matin parce que ses bœufs ont fait une mauvaise rencontre : clôtures cassées, animaux dans les céréales juste sorties de terre, et surtout deux d’entre eux mal en point, voilà qui n’augure rien de bon. Surtout quand l’éleveur ajoute : « et pas la peine de venir avant une bonne heure, le temps d’attraper et de ramener tout le monde ».

À mon arrivée, il y a quand même une bonne nouvelle : je trouve les deux bœufs debout dans la cour. Mais les réjouissances sont de courte durée. L’éleveur m’explique que la semaine dernière déjà, il a récupéré ces mêmes bêtes hors de leur parc. Il soupçonnait alors fortement que deux chiens du voisinage soient en cause. Ce matin, les choses semblent se confirmer. En effet, en regardant le premier bœuf, on voit des traces ressemblant beaucoup à des morsures. Les lésions se concentrent essentiellement sur les membres, en dessous du jarret. Le risque de surinfection est bien présent, le proverbe « langue de chien, langue de médecin » n’étant pas vraiment exact. On voit en effet rarement un chien se laver les dents, et les germes contenus dans sa bouche contribuent à l’infection des plaies de type morsures, profondes mais peu larges, qui se referment vite en surface mais restent infectées en profondeur. Le bœuf est capable de marcher presque normalement : les tendons doivent être intacts. S’il se laisse bien manipuler pour les soins et qu’aucune articulation n’est touchée, alors le pronostic est bon.

De simples plaies jusqu’à une fracture gravissime

L’état du second bœuf est par contre plus préoccupant. Certes lui aussi est debout, mais son postérieur droit est posé de façon très anormale : au lieu d’être en appui sur le pied seulement, toute la partie jusqu’au-dessus du boulet est au sol. Une fracture du canon est à craindre.
Et sur un animal de cette taille, les possibilités de guérison sont très limitées :

- un plâtre est exclu : il aurait du mal à supporter le poids de l’animal, et encore faut-il s’assurer qu’il n’y ait aucune plaie associée à la fracture. Une fracture ouverte est un très mauvais pronostic et ne doit pas être « enfermée » dans un plâtre sous peine le plus souvent de graves complications (infection osseuse…) ;

- une chirurgie est quasi impossible et très onéreuse, avec un résultat incertain ;

- enfin, ne rien faire n’est pas envisageable d’un point de vue bien-être animal.

Si le bœuf est capable de monter dans un camion et de supporter le transport, on peut imaginer l’envoyer en abattage d’urgence avec un certificat. La législation précise même : qu’un « animal incapable de bouger par lui-même sans souffrir » est inapte à être transporté. Or cette bête est déjà rentrée difficilement du pré, et les chances qu’elle reste debout jusqu’à l’abattoir, sont limitées. Le fait qu’une souffrance soit présente est une évidence. Donc pas de transport. L’abattage à la ferme n’est pas évident : il faut trouver de quoi étourdir l’animal, le saigner, puis transporter la carcasse à l’abattoir (en véhicule réfrigéré s’il y a plus de 2 h de trajet). Bref, la question de l’euthanasie se pose.

Un temps administratif obligatoire

Dans cette situation, il est important de penser à contacter les assurances : celle de l’éleveur ainsi que celle du propriétaire des chiens s’il a été identifié. En effet, selon les assurances, un expert peut être missionné, expert qui ne doit pas être le vétérinaire traitant (des bœufs comme des chiens, pour une question d’impartialité). Et c’est le plus souvent à l’expert que revient le droit d’évaluer la gravité des dommages.

Dans le cas précis, les chiens ont récidivé et ont fait preuve d’une certaine agressivité pour être séparés de leurs « nouveaux jouets » : le propriétaire précédemment averti n’avait pris aucune mesure car il ne pensait en aucun cas ses chiens capables d’une telle chose. Cela reste malheureusement fréquent, avec des conséquences lourdes également quand les attaques concernent des moutons !

Face à un accident

Prévenir rapidement votre assurance pour connaître la marche à suivre.

Évaluer la gravité des plaies : boiterie, saignement, plaie profonde et/ou étendue.

Prendre des photos des lésions (gros plans), surtout si des soins en urgence sont nécessaires avant passage de l’expert.

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