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Pays de la Loire
Les troubles respiratoires des jeunes bovins ont un fort impact économique

Une enquête de l’Inra et l’Ecole nationale vétérinaire de Nantes a permis de connaître l’incidence des troubles respiratoires pendant l’engraissement et les facteurs de risque pour des jeunes bovins essentiellement achetés.

Une enquête de l’Inra et l’Ecole nationale vétérinaire de Nantes a porté sur 1 239 jeunes bovins dont la grande majorité étaient de race Charolaise, achetés, et vaccinés contre les troubles respiratoires avec des valences variées (RS, PI3, BVD, IBR). « Les niveaux de mortalité et morbidité que nous avons observés sont assez élevés, probablement en rapport avec le fait que 70 % des jeunes bovins de l’échantillon ont été achetés entre septembre et décembre, période à risque pour les mises en lot », rapporte Sébastien Assié de l’ENV de Nantes. Le taux de mortalité s’est élevé à 1,5 %. Un tiers est dû à une pneumonie, un autre tiers à une mort subite et l’essentiel des autres cas est lié à des troubles locomoteurs chroniques. Le taux de morbidité globale (animaux ayant été malades) s’élève à 22 % de l’échantillon et dans 78 % des cas, il s’agissait de troubles respiratoires. Cette étude a permis d’autre part de connaître l’exposition des jeunes bovins à six agents pathogènes (voir tableau). « Les séropositivités, liées à une infection ou à la vaccination, sont fréquentes et multiples dès la mise en lots. » La plupart des jeunes bovins ont été exposés à au moins deux agents pathogènes avant la mise en lots. M. haemolitica (pasteurelle) est particulièrement répandue, car au moins un jeune bovin par lot y a été exposé. Dans la moitié des lots, au moins un jeune bovin est séropositif pour les six agents pathogènes étudiés. Les séroconversions(1) sont multiples six semaines après la mise en lots. « Cela signifie que les agents pathogènes étudiés ici, à part celui de l’IBR heureusement peu fréquent, circulent beaucoup dans les lots. » Il n’est pas possible à partir de ces résultats de cibler la lutte contre un agent en particulier. Dans la quasi-totalité des lots, a été observée une séroconversion à au moins deux agents pathogènes. Le taux de séroconversion est très important pour les virus RS-BVD : 80 % des animaux ont séroconverti six semaines après la mise en lots.

Une durée d'engraissement allongée de 58 jours

L’effet sur les performances des jeunes bovins a pu d’autre part être évalué avec des budgets partiels. C’est la mortalité qui pèse le plus lourd sur les résultats économiques de l’engraissement : elle seule explique 70 % environ de la perte de revenu annuel due aux troubles respiratoires (voir tableau). Les frais de traitement des animaux n’en représentent que 15 %. Aucune différence significative sur le poids vif à l’abattage et sur la conformation des carcasses n’a été relevée entre animaux ayant été malades et les autres. C’est l’allongement de la durée d’engraissement qui révèle l’impact des troubles respiratoires : les jeunes bovins ayant présenté des signes cliniques d’intensité sévère ont vu leur durée d’engraissement s’allonger de 58 jours par rapport à ceux qui n’ont pas eu de troubles respiratoires. Ceux dont les signes cliniques étaient modérés de « seulement » 44 jours. Il faudrait aussi intégrer à ces résultats le travail supplémentaire dû à l’allongement du temps de présence des animaux et à soigner. Le traitement statistique de l’échantillon a permis de déterminer quatre facteurs de risque pour les troubles respiratoires: les jeunes bovins ayant déclaré des troubles respiratoires appartenaient à un lot constitué de nombreuses provenances, étaient jeunes, légers, et allotés en septembre-octobre. « Parmi ces facteurs de risques, il n’y en a pas un plus important que les autres, c’est la conjonction de plusieurs de ces facteurs qui explique l’apparition des troubles respiratoires. »

(1) séropositivité : l’animal a des anticorps car il a déjà été en contact avec l’agent, que ce soit par vaccination ou infection. séroconversion : un animal séronégatif est devenu séropositif, on s’attend à ce qu’il développe la maladie.

Sébastien Assié, École nationale vétérinaire de Nantes

« Des cas subcliniques au sein des lots »

« L’étude a montré que le traitement antibiotique et anti-inflammatoire n’empêche pas les pertes de croissance. Elles étaient en moyenne de 60 à 68 g/jour pour des animaux malades avec une intensité des signes cliniques faible à modérée, et de 108 g/jour pour ceux avec des signes cliniques sévères. Nous avons d’autre part mis en évidence que des animaux pour lesquels aucun signe clinique n’avait été observé, ont présenté des pertes de croissance notables, de 40 g/jour en moyenne. Il s’agit très probablement de cas subcliniques (animaux « sains » dans un lot de malades), qui ne reçoivent pas de traitement. Faut-il donc traiter tous les animaux d’un lot, dès que des signes cliniques apparaissent sur quelques-uns ? Cette étude pose aussi la question de la précocité de la détection des signes de maladie. Le premier signe des troubles respiratoires est l’augmentation de température, et on sait qu’elle peut survenir 24 heures avant qu’elle ne soit détectable à l’oeil pourtant averti de l’éleveur et qu’il ne prenne son thermomètre. Il se pourrait que le délai entre cette détection de l’hyperthermie et la mise en route du traitement explique l’importance des troubles. Nous étudions en ce moment ce point avec des bolus qui mesurent en continu la température des animaux. »

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