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Fièvre aphteuse en Europe centrale : «  il faut vraiment être sur ses gardes » selon Stéphan Zientara de l’Anses

Des foyers de fièvre aphteuse se sont déclarés depuis début 2025 en Allemagne, puis en Hongrie et en Slovaquie. Stéphan Zientara de l’Anses analyse la situation et insiste sur l’importance de prévenir très rapidement son vétérinaire en cas de suspicion.  

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En Slovaquie et en Hongrie, les souches du virus de fièvre aphteuse sont proches de souches qui circulent actuellement en Turquie, en Iran et au Pakistan. Mais il n’est pas possible de savoir comment les contaminations se sont produites. (photo d'archive pour illustration)
© Réussir

Que sait-on sur l’origine des foyers de fièvre aphteuse déclarés en Allemagne, Hongrie et Slovaquie ?

 

 
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Stéphan Zientara, directeur du laboratoire de santé animale de l’Anses
Stéphan Zientara : Depuis janvier 2025, la fièvre aphteuse est apparue à deux reprises en Europe de façon indépendante. La souche de virus isolée sur le foyer de fièvre aphteuse déclaré en Allemagne en janvier ne sont pas la même que celle qui a provoqué des cas apparus en Slovaquie et en Hongrie à partir de début mars, ont montré les résultats de notre laboratoire de référence européen sur la fièvre aphteuse. Par contre, les foyers hongrois et slovaques sont bien en lien épidémiologique entre eux.

Dans cette région, les souches du virus sont proches de souches qui circulent actuellement en Turquie, en Iran et au Pakistan. Mais il n’est pas possible de savoir comment les contaminations se sont produites, et il est difficile de prédire l’évolution de la situation.

L’Allemagne a retrouvé son statut de pays indemne de fièvre aphteuse le 14 avril. Les gouvernements hongrois et slovaques ont pris pleinement la mesure de la gravité de la situation. Les procédures dans cette zone ont globalement été mises en place très rapidement.  

Le risque d’introduction de la fièvre aphteuse en France est-il important ?  

S.Z. : Il est très important d’être en alerte sur cet épisode de fièvre aphteuse en Europe centrale, qui peut évoluer rapidement. La DGAl est investie sur ce sujet et a déjà réuni les professionnels pour les sensibiliser et rappeler les consignes.

Si un éleveur a le moindre doute sur des symptômes apparus chez un de ses animaux, il doit prévenir son vétérinaire le plus vite possible. Celui-ci pourra évaluer la suspicion avec l’appui d’un spécialiste de l’Anses, de garde 24 heures sur 24 et sept jours sur sept.

Si la suspicion se révèle valide, le vétérinaire avertit la DD(ETS)PP de son département qui prend un arrêté préfectoral de mise sous surveillance. Une analyse de laboratoire est indispensable. Le résultat est obtenu en moins de 48 heures. S’il est positif, la DD(ETS)PP met en place un arrêté préfectoral portant déclaration d’infection.

La fièvre aphteuse doit être notifiée à l'OMSA et au niveau européen, la maladie est classée «A+D+E» : à déclaration obligatoire et éradication immédiate.

La fièvre aphteuse est-elle facile à suspecter sur les bovins ?

S.Z. : Les bovins expriment très bien les symptômes de la fièvre aphteuse : ils bavent et ils boîtent. La maladie se caractérise par des lésions (vésicules) au niveau du museau, de la langue, des lèvres, de la cavité orale, des espaces interdigités, au-dessus des onglons, sur les trayons, et aux points de compression sur la peau. Le vétérinaire a un diagnostic différentiel à faire avec d’autres maladies, notamment la MHE et la FCO. Les autres signes cliniques fréquents qui doivent faire penser à cette maladie sont un abattement, de la fièvre, une perte d’appétit et de poids. Les ovins et les caprins malades n’expriment par contre pratiquement pas de symptômes.

La fièvre aphteuse reste ainsi une menace pour les pays européens ?  

S.Z. : La fièvre aphteuse est en effet enzootique actuellement en Turquie, au Proche et Moyen-Orient, en Afrique, en Asie et dans certaines parties d’Amérique du Sud.  

Rappelons que la fièvre aphteuse est extrêmement contagieuse, et le virus est très résistant dans le milieu extérieur. Des contaminations sont possibles par insuffisance de mesures de biosécurité. Cette maladie n’est pas transmissible à l’Homme mais l’Homme peut transmettre la maladie aux animaux par contact indirect avec du matériel contaminé.

La fièvre aphteuse a été éradiquée en Europe à partir de 1991 avec une vaccination obligatoire et des mesures d’abattage dans les élevages foyers. En 2001, l’épidémie qui a touché le Royaume-Uni était de grande ampleur avec des conséquences énormes sur les cheptels et les filières. Deux foyers s’étaient à ce moment là révélés en France. Dix ans plus tard en 2011, des cas de fièvre aphteuse ont été déclarés en Bulgarie mais l’épidémie avait été rapidement enrayée.

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