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Les maïs « dentés farineux » font leurs preuves à Jalogny

De nouvelles variétés de maïs dits « dentés farineux » sont proposées sur le marché. Un essai comparatif conduit à la ferme expérimentale de Jalogny met en avant certains de leurs atouts pour engraisser des taurillons charolais avec une ration basée sur l’ensilage plante entière.

Le stade de récolte classiquement préconisé pour l’ensilage de maïs plante entière se situe entre 32 et 35 % de matière sèche. C’est le meilleur compromis entre le rendement, la valeur alimentaire, la qualité de conservation et la valorisation par les bovins. Mais en pratique, il est parfois compliqué de respecter cette préconisation.

C’est souvent le cas ces dernières années compte tenu des évolutions du climat avec des fins d’été souvent très chaudes et séchantes, susceptibles de faire avancer parfois très rapidement le stade de la maturité de cette plante.

Dans ce contexte, Pioneer met en avant les variétés de la gamme M3 pour la plus grande dégradabilité de leur amidon à un stade végétatif avancé - 38 à 40 % de MS - permettant une plus grande souplesse dans les dates de récolte.

Tests comparatifs pour engraisser des jeunes bovins

Si des tests comparatifs ont déjà été réalisés pour des rations utilisées pour des vaches laitières, cela n’avait encore jamais été le cas pour des rations d’engraissement de taurillons. Pour y remédier, un travail comparatif a été réalisé en 2019 et 2020 dans le contexte de la ferme expérimentale de Jalogny en Saône-et-Loire sur des taurillons charolais.

« L’objectif était de mesurer l’intérêt d’une variété de maïs M3 dentée issue du travail de sélection conduit par la société Pioneer, comparativement à un plus classique hybride corné denté », explique Julien Renon responsable du site de Jalogny.

Une variété de cette gamme permet-elle de finir davantage d’animaux pour une surface équivalente ? Telle était la principale question à laquelle cet essai devait permettre de répondre. Les deux variétés comparées ont été un hybride corné denté (indice de précocité 275-280) représentatif des variétés classiquement semées en Saône-et-Loire en visant 32-35 % de MS à la récolte : un stade correspondant à l’optimum préconisé pour ce type de variété. La seconde variété était la P 8666 de la gamme M3 de chez Pioneer.

Un travail expérimental en deux temps

Cette expérimentation a reposé sur deux volets successifs. Tout d’abord, un comparatif quantitatif et qualitatif de ces deux variétés sur le volet agronomique. Chaque variété a pour cela été ensilée au stade optimum de maturité avec un léger décalage entre les deux dates de récolte.

Les dates retenues pour la réalisation de l’ensilage ont été conjointement décidées par les trois partenaires de ce travail expérimental (la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, l’Institut de l’élevage et la société Pioneer) en suivant de près l’avancement de la maturité des deux variétés. C’est ensuite dans les mois qui ont suivi qu’a été réalisé le comparatif zootechnique sur les performances à l’engraissement.

Pour ce premier volet agronomique, les résultats ont été contrastés d’une année sur l’autre. En 2019, la variété témoin a été récoltée le 26 août et la variété Pioneer le 5 septembre. Pour évaluer le rendement, des bandes d’une cinquantaine de mètres de long sur six rangs, récoltées sur des zones représentatives de la parcelle ont été pesées grâce à une benne peseuse.

Le jour de la récolte a été décidé pour avoir un stade correspondant à un taux de MS « plante entière » de 32-35 % pour le témoin et 36-38 % pour la variété Pioneer. C’est ce qui explique ce décalage de dix jours. Avec la variété témoin, le rendement est de 12,1 tMS/ha pour un taux de MS moyen de 32,5 %. Il est de 15,4 tMS/ha à 37,7 % pour la variété Pioneer ensilée 10 jours plus tard, soit un écart de 3,3 tMS/ha. D’après les analyses issues de la ferme de Jalogny, la valeur UFV à la récolte de la variété Pioneer est de 0,79 contre 0,86 pour la variété témoin.

Essai réitéré en 2020

En 2020, l’essai a été poursuivi de façon similaire avec semis des deux mêmes variétés sur les mêmes parcelles. Les dates de récolte ont été nettement plus précoces que l’année précédente. Il a fallu tenir compte d’une météo à la fois plus chaude et plus sèche. Elle a accéléré l’évolution de la végétation.

La variété témoin a donc été ensilée le 18 août pour un taux de MS « plante entière » de 32 à 35 %. Pour la variété Pioneer, la récolte a eu lieu 8 jours plus tard de façon à arriver comme l’année précédente à un taux de MS « plante entière » objectif de 36 à 38 % qui a été nettement dépassé compte tenu de la météo caniculaire.

Le rendement a été évalué en prélevant des bandes sur des zones homogènes sur le même principe que l’année précédente. Le rendement obtenu avec la variété témoin est de 17,3 tMS/ha à 35,7 % et 17,5 tMS/ha à 41,3 % pour la variété Pioneer. Soit un écart de rendement nettement plus modeste que celui obtenu un an plus tôt. Côté valeur énergétique, l’ensilage de maïs issu de la variété Pioneer est à 0,78 UFV, soit une valeur très proche de celle obtenue l’année précédente, alors que cette valeur est de 0,77 UFV avec la variété témoin, un résultat inférieur à celui obtenu en 2019 mais à un stade plus avancé.

Essai comparatif sur deux lots de JB

Les ensilages de ces deux variétés ont bien entendu été stockés dans deux silos couloir bien distincts et tout au long des deux hivers qui ont suivi leur récolte, ils ont été utilisés pour engraisser des taurillons charolais logés sur litière accumulée paillée dans les bâtiments de cette ferme expérimentale.

Les broutards retenus étaient bien évidemment de qualité, d’âge et de poids homogènes en début d’engraissement. Après une classique phase de transition, 54 animaux scindés en deux lots ont été engraissés au cours de l’hiver 2019/2020 et ce total est passé à 36 l’année suivante. Pour chaque campagne, les deux rations expérimentales ont été composées avec les mêmes ingrédients, lesquels étaient incorporés dans des proportions sensiblement équivalentes.

La seule différence reposait sur la variété de maïs utilisée pour l’ensilage. Les animaux ont été engraissés dans des cases munies d’auges peseuses permettant de peser précisément la quantité de ration complète mélangée consommée quotidiennement par chaque taurillon de façon à faire un bilan précis en fin de période.

« Posées sur des capteurs, ces auges pèsent l’aliment en continu. Cet équipement fonctionne avec des animaux dotés de boucles électroniques. L’animal est reconnu par une antenne positionnée devant les auges », explique Jérémy Douhay, en charge du suivi de cette expérimentation pour l’Institut de l’élevage. Les rations étaient basées sur l’ensilage de maïs associé à de l’orge et du tourteau de colza. 5 % de paille ont été incluses dans les rations pour les sécuriser et favoriser l’activité du rumen. « Les rations reposaient aux deux tiers sur l’ensilage de façon à pouvoir mettre plus facilement en avant les effets des deux variétés testées. »

À signaler toutefois une petite différence dans la composition des rations entre la première et la seconde campagne : à savoir un apport en tourteau légèrement supérieur en 2020/2021 (2,8 kg/tête/j contre 2,0 kg) associé à une quantité d’orge légèrement inférieure (1,5 kg/tête/j contre 1,9 kg). « Le niveau azoté a été établi plus haut que l’année précédente (104 g de PDI/UF au lieu de 92 g de PDIN/UF) et que la plage habituellement préconisée (90 à 100 g de PDI/UF) à la demande de la société Pioneer. Cette dernière cherchait à s’assurer d’avoir des rations non limitantes pour l’azote », précise Julien Renon.

Niveaux d’ingestion similaires

Mesurés grâce aux auges peseuses, les niveaux d’ingestion ont été similaires pour les deux rations sans qu’il n’y ait non plus de différence importante d’une année à l’autre. Il n’y a pas eu de différences significatives sur les performances des animaux et ceci, quelle que soit la variété de maïs.

« Les croissances obtenues sur les deux lots sont bonnes (1650-1700 g/j) quelle que soit l’année et les qualités de carcasse et de viandes ont été conformes aux attentes de l’abatteur », précise Julien Renon. Cet essai a donc mis en évidence que le fait de récolter le maïs de la gamme M3 à un stade de récolte un peu plus avancé n’a ni amélioré ni détérioré les performances. Par ailleurs, pour les JB engraissés sur la campagne 2020/2021, la teneur en amidon supérieure de l’ensilage issu des semences Pioneer ne s’est pas pour autant traduite par une hausse des performances malgré le niveau d’apport en tourteau légèrement supérieur.

En revanche, les tonnages récoltés sensiblement supérieurs en 2019 (+ 3,3 tMS/ha) permettent d’engraisser un nombre plus important d’animaux pour une surface équivalente. « Avec la variété Pioneer, il a été possible de finir 7,7 JB/ha contre 5,8 avec la variété témoin. »

Ce bon résultat n’a toutefois pas été confirmé de façon aussi tranchée l’année suivante. Au cours de la campagne d’engraissement 2020/2021, le nombre de JB finis à l’hectare a été de 8,7 contre 8,3 pour la variété témoin. « À l’issue de deux années d’essais, la variété de la gamme M3 ne révèle aucune difficulté d’usage pour l’engraissement de jeunes bovins et permet d’atteindre de très bonnes performances, même avec des maïs récoltés à 38 % de MS voir légèrement au-delà », conclut Jérémy Douhay.

Denté ou corné denté, les principales différences

Avec sa gamme M3 lancée en 2016, la société Pioneer met en avant, différentes variétés (très précoces à demi-précoces), de maïs denté farineux, qui se distinguent par leur teneur importante en amidon tendre, « farineux » rapidement disponible, avec un meilleur rendement d’énergie digestible par hectare. L’une des particularités de ces variétés est de pouvoir être récoltée à un stade végétatif avancé, jusqu’à 38 à 40 % de MS, avec de ce fait, davantage de souplesse dans les dates de récolte.

Les conditions d’implantation

L’essai a été réalisé sur trois parcelles proches des bâtiments de la ferme. Il s’agit de parcelles sur des sols argileux de plaine alluviale au potentiel agronomique similaire. Les conditions de mise en place ont été strictement identiques chaque année pour les deux variétés : semis après labour avec un semoir à 7 rangs pour 70,7 cm d’écartement entre les lignes et 92 000 pieds/ha. En 2019, le semis a eu lieu le 15 avril après un apport de fumier de 25 t/ha suivi d’un apport d’urée 46 (100 kg/ha) le jour du semis puis un second apport d’une même quantité d’urée, le 7 juin. En 2020, le semis a eu lieu le 16 avril après un apport de fumier de 35 t/ha et les mêmes quantités d’urée que l’année précédente à des dates similaires (le 16 avril puis le 2 juin). Les traitements herbicides ont été rigoureusement identiques. Aucune parcelle n’était irriguée.

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