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L’eau du toit pour abreuver les animaux

À la ferme expérimentale de Saint-Hilaire-en-Woëvre, les jeunes bovins boivent l’eau du toit. Le système mis en place peut permettre une économie substantielle à condition de respecter certains points de vigilance.

« L’installation de récupération d’eau de pluie a été faite en 2009, lors de la construction de notre bâtiment d’engraissement de 160 places, avec un objectif d’autonomie alimentaire sur cet atelier de 90 % », rapporte Didier Deleau, ingénieur régional fourrages à la station expérimentale Arvalis-Institut du végétal de Saint-Hilaire-en-Woëvre, avant d’ajouter, « on a tout d’abord réfléchi à l’option d’un forage. La nécessité de creuser en profondeur et le coût nous ont poussés à opter pour l’option récupératrice d’eau de pluie. »

 

À la création du nouveau bâtiment s’est ajoutée celle de la fumière couverte et d’un bâtiment de stockage de l’aliment et des fourrages. Ce sont ainsi 3 380 m2 de toitures qui servent pour la récupération de l’eau de pluie. La pluviométrie annuelle moyenne sur 10 ans rend compte d’une autonomie en eau de 90 à 92 %, au regard de la superficie de la toiture et du besoin annuel en eau de l’atelier jeunes bovins évalué à 1 200 m3.

« Pour la réalisation des installations, on a fait appel à une société qui nous a proposé une solution avec préfiltres et citernes de stockage. » L’eau représente un poste de charges conséquent sur les exploitations d’élevage. Mettre en place un tel système peut donc s’avérer intéressant.

Un système de préfiltres pour éliminer les impuretés

L’eau du toit, ainsi collectée, se dirige dans une citerne tampon enterrée. « Afin de ne pas laisser passer des impuretés grossières dans cette citerne, un système de préfiltres a été placé en amont. Ils éliminent les particules grossières des eaux pluviales grâce à une grille, puis affinent la filtration de l’eau avec un crible de 350 μm. Chaque préfiltre a une capacité de 2 000 m². Le système garantit un rendement de filtration très élevé (environ 90 %). »

À la ferme expérimentale, trois préfiltres (de 50, 25 et 5 microns) sont enterrés et disposent d’un regard avec une trappe de visite. Ils sont équipés de buses de pulvérisation, commandées manuellement par des vannes quart de tour depuis le local technique, pour nettoyer la grille de filtration. L’eau de lavage s’écoule vers les fossés par des tuyaux d’évacuation.

« La cuve tampon est une cuve béton de 10 m3, enfouie à un niveau inférieur aux préfiltres. Elle recueille l’eau de pluie préfiltrée par gravité. Deux pompes immergées viennent refouler ensuite l’eau vers des citernes de stockage (une pompe par citerne). Les pompes immergées se mettent en fonctionnement grâce à trois capteurs de niveau. Le capteur le plus bas sert à arrêter la première pompe (lorsque le niveau d’eau descend). Celui du milieu sert à démarrer la première pompe et à arrêter la seconde (lorsque le niveau d’eau descend). Le capteur le plus haut sert à démarrer la seconde pompe. Chacune d’entre elles a une capacité de 30 m3/h pour permettre d’aspirer un maximum d’eau, y compris en cas d’orages violents », explique Didier Deleau.

Deux citernes de stockage de 100 m3

L’eau ainsi récupérée est stockée dans deux citernes souples, aériennes, de 100 m3 chacune. Celles-ci sont placées au même niveau de façon à ce qu’elles s’emplissent de manière égale. Leur trop-plein s’évacue directement dans la mare et constitue ainsi la réserve incendie de l’exploitation (norme pompier : obligation de pouvoir pomper 60 m3/h pendant 2 heures).

« Un traitement au peroxyde d’hydrogène en sortie de stockage permet d’hygiéniser l’eau avant d’entrer dans le circuit de distribution. On a privilégié le peroxyde au chlore, pour éviter de donner un goût à l’eau qui pourrait impacter la consommation des jeunes bovins. Ce cheminement, avant l’arrivée dans les abreuvoirs, permet d’éliminer bactéries et virus et de s’approcher de la qualité de l’eau du réseau. Pour s’en assurer, une analyse d’eau annuelle est réalisée. »

Il arrive que l’eau de la partie supérieure de la citerne gèle. « Cela n’est pas problématique, l’eau d’abreuvement étant reprise par le dessous. Même à - 12, - 15 °C, les bovins ont toujours de l’eau. Par ailleurs, celle-ci parcourt 300 mètres de circuit sous la litière avant d’être bue. Elle arrive donc à un niveau tempéré. »

Attention à l’étanchéité du système

En 2009, le coût de l’investissement a représenté 26 000 euros, auquel il faut ajouter le terrassement nécessaire pour le réseau d’eau qui vient compenser les 10 % d’eau non collectée sur les toits. Le retour sur investissement pour ce système a été estimé à 6-7 ans. Les frais d’entretien sont liés au coût du traitement au peroxyde d’hydrogène et au changement de filtres deux à trois fois par an. « Ce système apparaît intéressant pour une utilisation 365 jours par an. Pour une utilisation moindre, une exploitation peut rencontrer des problèmes de développement de microalgues si l’eau stagne un peu et de débit insuffisant. »

Depuis un an, l’installation ne fonctionne plus en raison d’infiltrations d’eau souillée dans le réseau de récupération d’eau de pluie. « Il semblerait que l’étanchéité n’ait pas été parfaite, notamment au niveau de la jonction des tuyaux. Il nous faut donc découvrir l’origine de cette infiltration avant de remettre en route le dispositif. L’étanchéité parfaite (tuyaux, raccords, joints…) est essentielle lors de la réalisation de ce type d’installation », précise Didier Deleau. À l’heure actuelle, l’eau du réseau a pris le relais.

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