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L’andaineur à rotors loin d’être au tapis

Face au développement des appareils à tapis appréciés pour leur débit de chantier et leur qualité de travail, les andaineurs à deux rotors font valoir leurs tarifs plus abordables et leur grande diversité de modèles pour répondre aux besoins des éleveurs. Bien que plébiscités par leurs utilisateurs, les appareils de type soleil et râteau faneur se cantonnent à des niches.

« Impressionnés par les performances des andaineurs à pick-up, certains utilisateurs ont eu tendance à juger sévèrement la qualité de travail des outils traditionnels à rotors qui, s’ils sont bien utilisés, donnent des résultats tout à fait convaincants », observe Christian Savary, conseiller machinisme à la chambre d’agriculture de Normandie. Cela suppose tout d’abord d’adapter les réglages de l’outil en fonction des conditions. Lorsque la hauteur de fauche est suffisante, l’ajustement de la hauteur de ramassage permet de rassembler le fourrage, sans ramener trop de terre ou de cailloux. Certains appareils proposent d’aller encore plus loin dans la finesse des réglages en modifiant l’assiette des rotors ou encore le moment d’effacement des dents. En termes de suivi du sol, les rotors des andaineurs doubles sont désormais tous équipés d’essieux tandem accueillant 4 à 6 roues et sont reliés au châssis par des articulations garantissant une grande mobilité en trois dimensions. « Malgré tous ces avantages techniques, la vitesse de travail reste le facteur limitant. Pour bien fonctionner, un outil à rotor ne doit pas avancer à plus de 8-10 km/h. Au-delà de cette vitesse, on risque de faire des paquets, notamment dans le vert, quand le fourrage est peu étalé ou que la matière sèche est irrégulière », note le conseiller.

L’andainage central mieux adapté pour l’ensilage

Le régime de prise de force a aussi son importance : « il faut le régler entre 350 et 450 tr/min pour ratisser en douceur et avoir un andain homogène ». Plus globalement, le soin accordé à l’andainage sera payant au moment de la récolte. Que celle-ci s’effectue à l’ensileuse, à la presse ou encore à l’autochargeuse, plus l’andain est régulier, plus sa reprise est facile. L’andaineur double à andain central affiche toutefois sa supériorité sur les modèles à dépose latérale en produisant des andains plus homogènes avec des brins perpendiculaires au sens d’avancement, propices à une bonne qualité de coupe. En revanche, les andaineurs latéraux présentent davantage de flexibilité sur la largeur de travail, un argument dans les régions où les volumes de fourrages peuvent fortement varier d’une coupe à l’autre. Ces appareils se déclinent en version traînée sans châssis porteur demandant une certaine dextérité pour leur pilotage. Les modèles semi-portés à châssis porteur sont plus simples à manier. Mais ils ont l’inconvénient d’être plus lourds, plus longs et plus onéreux que les andaineurs doubles à dépose centrale. « Les modèles à andain latéral subissent aussi des contraintes mécaniques plus déséquilibrées, le second rotor ayant beaucoup plus de matière à pousser que le premier », note Christian Savary.

Moins de pertes et de cailloux avec l’andaineur à tapis

Bien que l’offre pléthorique en appareils à deux rotors soit à même de satisfaire la majorité des besoins, d’autres types d’andaineurs font leur preuve sur le terrain, à commencer par les modèles à pick-up et tapis. Longtemps cantonnés à la récolte de luzerne déshydratée, ces outils se sont progressivement étendus aux régions d’élevage, grâce à leur qualité de travail et leur débit de chantier. « Les andaineurs à tapis offrent un avantage indéniable face au rotor dans les situations de récolte de fourrages secs et plus spécialement ceux contenant de la luzerne et du trèfle. Mais cette supériorité n’est pas aussi marquée pour des fourrages plus humides destinés à l’ensilage ou à l’enrubannage, avertit le conseiller. Dans ce cas, des mesures réalisées par le centre de recherches agronomiques de Wallonie ont estimé les pertes de feuilles à 4 % pour les engins à tapis et à 7 % pour les modèles à rotors. » Or, même si des andaineurs à tapis sont utilisés dans les régions AOP de l’Est et du Massif central, ou encore de grosses structures en bio dans d’autres régions, ils restent majoritairement employés par des Cuma et ETA du Grand Ouest pour la récolte de l’ensilage.

La rentabilité de l’andaineur à tapis à raisonner jusqu’à la récolte

« La perte de feuilles n’est finalement pas l’argument principal, qui se situe plutôt au niveau de l’incorporation de terre et de cailloux dans l’andain. Les mesures (voir encadré) réalisées par Arvalis et les Cuma, mais aussi des organismes américains prouvent la supériorité de ces appareils sur ce point. » Les ETA et Cuma valorisent ainsi ces machines à pick-up, grâce à leur gros débit de chantier – leur vitesse de travail pouvant dépasser les 15 km/h – et en mettant à profit la propreté du fourrage sur toute la chaîne de récolte. « Avec une prestation complète de la fauche à l’ensilage, l’ETA ou la Cuma s’y retrouve sur le débit de chantier de l’ensileuse, de l’autochargeuse, ou encore de la presse enrubanneuse, mais surtout sur l’usure du système de coupe. Le surcoût important de l’andaineur à tapis peut ainsi être rentabilisé. » Cette approche permet aussi de dédier un chauffeur expérimenté à la conduite de l’andaineur. « Ces appareils sont très performants, à condition d’être bien réglés et de s’adapter aux conditions. Une machine mal utilisée peut faire des paquets », avertit Christian Savary.

Simplicité et débit de chantier avec les soleils

Dans les zones où l’on récolte majoritairement du fourrage sec, certains éleveurs sont fidèles à l’andaineur soleil, satisfaits par sa simplicité mécanique, son respect du fourrage et la possibilité de moduler la largeur de travail à souhait. « Ce sont en revanche des engins encombrants sur la route. Ils imposent également une vitesse minimale de travail et ils ont tendance à ratisser la terre et les pierres. Ils forment également les andains par enroulement, compliquant la reprise par une ensileuse, une autochargeuse ou une presse équipée d’un système de coupe. C’est pourquoi le soleil n’a pas réussi à convaincre dans les zones à ensilage », analyse le conseiller.

Encore plus confidentielle, la version modernisée des anciens râteaux faneurs, comme le proposent Elho ou Repossi, déplace le fourrage en le soulevant, limitant ainsi l’incorporation de cailloux. Les modèles traînés autorisent un réglage de la largeur de travail et de l’andain. « Ces matériels permettent d’avancer à vive allure de 10 à 15 km/h, mais ils peuvent avoir du mal à ramasser proprement les fourrages courts. Assez onéreuses, les versions traînées sont également assez lourdes, imposant un tracteur d’un certain gabarit. »

La qualité d’andainage à raisonner dès la fauche

La hauteur de travail des andaineurs est trop souvent insuffisante, se traduisant par un ratissage de la terre et des pierres qui se mélangent au fourrage. Cette pratique est notamment liée à une hauteur de fauche insuffisante. « Il ne faut pas faucher trop ras, 7 centimètres au minimum de façon à laisser un matelas d’air en dessous de l’herbe. On peut ainsi se permettre de ne pas ratisser trop bas et cela favorise aussi le séchage du fourrage, rappelle Christian Savary. C’est valable pour tous les types d’andaineurs, y compris pour les engins à tapis, dont le pick-up ne peut pas faire des miracles quand ses dents touchent le sol. » Le conseiller préconise également un passage de rouleau dans les parcelles à cailloux. « Après l’intervention d’une herse à prairie au printemps, cela permet de rappuyer les pierres. »

Moins de terre mesurée avec l’andaineur à tapis

En prenant comme référence les résultats obtenus avec un andaineur à tapis, des mesures ont été réalisées sur les différents types d’andaineurs par Arvalis et les Cuma de l’Ouest, mais aussi par des organismes américains. Il en ressort que l’andaineur à rotors ratisse en moyenne 9 à 11 % de plus de terre qu’un modèle à tapis et que le soleil en ramène 18 à 28 % de plus. Avec un écart de + 8 %, le râteau faneur est le plus proche de l’andaineur à tapis.

Avis d'expert : Lilian Cathenoz, responsable produit récolte des fourrages chez Kuhn

« L’offre multiple en andaineurs à rotors permet de s’adapter à toutes les structures »

« L’andaineur à deux rotors s’affiche plus que jamais comme le cœur de marché. Le volume des ventes de monorotors a baissé de 50 % en 10 ans. Ces appareils de 3 à 5 mètres de large se cantonnent désormais aux zones de montagnes et aux petites exploitations, ou aux plus grosses en complément d’un andaineur double. Pour revenir aux birotors, ceux-ci se répartissent de manière égale entre les modèles à andain central plébiscités dans le Grand Ouest et ceux à andain latéral appréciés dans les zones AOP ou les exploitations valorisant plusieurs coupes d’herbe. À largeur équivalente, en semi-porté, un modèle à andain central est légèrement moins cher qu’un latéral (27 000 euros HT contre 30 000 euros HT en prix catalogue pour un 7,50 m). En revanche, les modèles traînés à andain latéral, appelés aussi 'petit train', restent les plus accessibles (dès 23 000 euros HT pour un 6,60 m). Les gros appareils à quatre rotors restent très peu répandus en France, mais ils intéressent de plus en plus les très grandes exploitations et notamment celles qui font de la méthanisation. Ces outils intéressent aussi les pailleux pour rassembler les andains. Ramenés au mètre, ils constituent la solution la plus économique, un modèle de 12,50 m s’affichant à 73 000 euros HT. Quant au marché de l’andaineur à tapis, il est très dynamique depuis cinq ans avec l’arrivée de nouveaux acteurs et le développement des gammes. Le modèle de 9,50 m très répandu dans les Cuma et ETA de l’Ouest constitue le cœur de marché, mais son prix catalogue de 90 000 euros le cantonne à des utilisations très intensives. Notre modèle plus simple de 7,60 m débutant à 74 000 euros est davantage accessible pour les exploitations individuelles très attentives à la qualité du fourrage. »

 

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