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La ferme des Bordes teste la génisse Prim’herbe

La démarche Prim’herbe correspond à des animaux jeunes et légers produits à la demande de l’enseigne Carrefour. Un essai d’engraissement a été réalisé cet hiver à la ferme expérimentale Arvalis des Bordes dans l’Indre.

Si les Italiens affichent autant d’empressement ces dernières années pour acheter des laitonnes, c’est aussi pour les mêmes raisons que le groupe Carrefour avec la démarche Prim'herbe: carcasses de format plus modeste et viande de qualité plus régulière. © Arvalis
Si les Italiens affichent autant d’empressement ces dernières années pour acheter des laitonnes, c’est aussi pour les mêmes raisons que le groupe Carrefour avec la démarche Prim'herbe: carcasses de format plus modeste et viande de qualité plus régulière.
© Arvalis

Prim’herbe est une démarche initiée par le groupe Carrefour pour ses rayons viande en libre-service. Elle correspond à des génisses ou bouvillons de race à viande ou croisés, âgés de 14 à 18 mois au moment de l’abattage de façon à disposer de carcasses d’un poids à la fois modéré (entre 270 et 330 kg) et très standardisé. Après au moins quatre mois de finition, l’état d’engraissement doit être de 3, avec un classement au moins en O +.

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Cela répond au souci d’être en mesure de proposer des pièces de viande de dimension modérée et de qualité homogène, en particulier sur le volet de la tendreté. Ce produit est proposé dans des barquettes vendues en libre-service et il offre davantage de garanties et surtout de régularité sur le volet de la tendreté que de la viande de vaches de réforme, aussi bien finies et maturées soient-elles. Autre point important du cahier des charges, la nécessité d’avoir en finition au moins 35 % de fourrage (hors ensilage de maïs) dans la ration, laquelle ne doit pas non plus inclure de tourteau OGM pour une question d’image du produit. Cette volonté d’inclure une part importante de fourrage récolté sur des prairies vise également à favoriser la coloration de la viande, laquelle est souvent un facteur limitant dans le cadre d’animaux abattus aussi jeunes.

 

 

Résultats d’abattage sur 1 300 génisses

Plusieurs organisations de producteurs sont partie prenante dans cette démarche. Des chiffres ont été dévoilés par Celmar et Sicarev lors d’une présentation à la ferme expérimentale des Bordes, dans l’Indre. Sur un peu plus de 1 300 génisses produites chez leurs adhérents dont une majorité de charolaises et quelques limousines, ces deux organisations de producteurs ont fait état d’animaux abattus en moyenne à un peu plus 16 mois à des poids de carcasses légèrement supérieurs à 300 kg notées 3 en état d’engraissement et R + en conformation pour une durée de finition d’un peu plus de 200 jours avec sur cette période un GMQ avoisinant le kilo. « Ces génisses sont produites à partir des laitonnes de second choix parmi les génisses non conservées pour le renouvellement. Ce sont des animaux dont le potentiel et la conformation sont un peu insuffisants pour les destiner à une production de génisses lourdes traditionnelles et qui sont assez classiquement destinées à l’export sur l’Italie », expliquait Michel Ringuet, responsable production bovine de la Celmar. Pour 2020, le prix garanti était de 4,45 euros/kg carcasse et les représentants des différentes OP présentes à la ferme des Bordes ont reconnu la nécessité de faire évoluer le prix de reprise pour que ce dernier puisse être en phase avec celui des laitonnes maigres et des céréales et tourteaux pour faire en sorte que cet acte de production demeure attractif comparativement à une vente en maigre.

Essai sur 54 génisses à la ferme expérimentale des Bordes

Pour affiner les connaissances sur les itinéraires techniques et les quantités de fourrages, céréales et tourteaux nécessaires, un essai d’engraissement a été réalisé cet hiver à la ferme des Bordes sur 54 génisses charolaises et limousines (voir tableau). La ration reposait sur un enrubannage de ray-grass italien récolté précocement (60 % de MS-9,4 % de MAT – 0,8 UFV) complété par 4 kg blé aplati, un peu de tourteaux de colza, de la paille et des minéraux. La ration a été ingérée à raison d’une moyenne de 9 kg de MS/jour/génisse. Les croissances ont avoisiné 1,2 kg/jour sur une durée de finition d’un peu plus de 200 jours pour des poids carcasse en phase avec ce qui est demandé par ce distributeur et des pesées très régulières pour être certain de ne pas être en dehors des impératifs du cahier des charges. Comme chez les éleveurs, les animaux produits aux Bordes ont été contractualisés à 4,45 euros du kilo carcasse, soit pour ce lot un prix moyen de 1 380 euros/tête.

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À partir de ces résultats et des quantités de fourrage et de concentrés utilisés tout au long de la période de finition, il a été établi un bilan économique. « Pour le coût des aliments utilisés, on a compté 115 euros/tMS pour l’enrubannage, 90 euros/tonne pour la paille, 183 euros/tonne pour le blé en incluant le coût de l’aplatissage, 267 euros/tonne brute pour le tourteau de colza et 450 euros/tonne brute pour les minéraux. Soit un coût alimentaire de 281 à 335 euros/tête selon les niveaux d’ingestion », expliquait Claude Vincent, spécialiste de la viande bovine à la chambre d’agriculture de l’Indre. Cette simulation inclut également un taux de mortalité de 1,5 % et 3 heures de main-d’œuvre par tête. Au final, la marge oscille entre 80 et 130 euros/tête avec un léger avantage aux limousines sans qu’il soit possible d’en tirer de véritables conclusions sur l’effet race dans la mesure où l’essai n’a pas concerné un nombre suffisant d’animaux.

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Le bilan économique a ensuite été analysé pour trois hypothèses de conjoncture pour le prix des céréales et tourteaux. Une conjoncture favorable à l’élevage comme dans les années 2015-2016 quand ces intrants étaient relativement bon marché. Une conjoncture un peu moins favorable : cas des années 2013 à 2020. Et enfin la situation du moment après la hausse sensible de cet hiver. La marge évolue et se dégrade assez nettement dès que le prix des concentrés augmente (voir graphique). « Ce ne sont que des données indicatives. Chaque éleveur gagne à analyser ce que cela peut donner avec les chiffres de son exploitation », soulignait Claude Vincent. Comme l’ont précisé des éleveurs participant à cette journée portes ouvertes, pour que cette démarche demeure attractive elle devra inclure les évolutions du prix du maigre avec des tendances plutôt haussières pour les laitonnes ces derniers mois. « Ces génisses Prim’herbe sont vraiment un produit spécifique destiné à un débouché bien particulier, précisait Pierre-Antoine Comte, responsable du service technique pour Sicarev. Pour les éleveurs intéressés, il est important de ne pas travailler seul mais de se rapprocher des différentes OP qui produisent ce type d’animaux destinés à l’enseigne Carrefour. Leur prix sera contractualisé au moment de la mise en place. » En revanche, des génisses de ce type produites hors cahier des charges peuvent vite se traduire par un bilan économique catastrophique.

 

Différents types de rations possibles

Même si à la ferme des Bordes c’est de l’enrubannage de ray-grass italien qui a été incorporé, différents fourrages peuvent être utilisés dans la mesure où leur taux d’incorporation permet de passer le cap des 35 % de fourrages (hors maïs ensilage). Le fourrage utilisé gagne évidemment à être de la meilleure qualité possible en privilégiant les fauches précoces. « Plus il est riche en matière azotée et plus cela permet de réduire les besoins en tourteaux pour rééquilibrer la ration et réduire son coût journalier », ajoutait Claude Vincent de la chambre d’agriculture de l’Indre.

Au moins 35 % de fourrages dans la ration

La différence avec les classiques babynettes réside principalement dans la nature de la ration de finition. Les babynettes sont le plus souvent finies avec des rations basées sur de l’ensilage de maïs. Or la particularité des 'Prim’herbe' est cette proportion d’au moins 35 % de fourrage récoltés sur des prairies. Peu importe en revanche la nature de ce fourrage et les espèces utilisées avec de ce fait la possibilité d’utiliser les différentes fourragères classiquement utilisées pour des prairies temporaires mais également de la luzerne ou des fourrages récoltés sur des prairies permanentes. Autre particularité : même si cette démarche concerne pour l’instant quasi exclusivement des génisses, il est possible d’y inclure des mâles à condition qu’ils aient été préalablement castrés et sans avoir pour autant la possibilité d’être un peu plus généreux sur les poids de carcasses.

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