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« Je renouvelle 15 à 20 % de mes prairies annuellement »

Dans l’optique d’intensifier au maximum son système fourrager, sans recours à la fertilisation, Antoine Desaint renouvelle, depuis son installation il y a trois ans, une part importante de ses prairies.

« L’herbe est essentielle dans mon système. Les prairies doivent donc être productives pour fournir l’alimentation toute l’année du troupeau. La moitié des parcelles d’herbe est bloquée au printemps pour la fauche en enrubannage. Entre fin mars et début juin, le chargement au pâturage est ainsi doublé », observe Antoine Desaint, jeune installé et éleveur de 85 mères charolaises, à Bretteville-Saint-Laurent, en Seine-Maritime.

La rénovation est déclenchée sur les prairies anciennes et celles dont la flore est composée de trop nombreuses indésirables ou lorsque la diversité n’est pas assez importante. Tous les ans, Antoine Desaint rénove entre 15 et 20 % de sa surface fourragère.

Trois techniques de rénovation totale testées

L’exploitant a testé sur les trois dernières années, trois techniques différentes de rénovation totale. La première année, il a labouré ses prairies avant d’en semer une autre. « Si cette technique a l’avantage de gagner du temps sur la rénovation et permet une bonne implantation, elle est par ailleurs exigeante en fioul et n’est pas idéale pour la vie du sol et la matière organique. De plus, à la surface, on observe des défauts de raies de charrue », constate Antoine Desaint.

La seconde année, l’éleveur a détruit ses prairies avec deux passages de rotovator, sans utilisation du glyphosate. La prairie a bien été détruite, la jeune prairie s’est bien implantée mais l’ancienne est tout de même venue concurrencer les jeunes pousses. Cette technique nécessite des outils spécifiques et est consommatrice de fioul.

Cette année, Antoine Desaint a utilisé pour détruire la prairie en place, un déchaumeur à disques (2 à 3 passages) et du glyphosate (pour l’élimination des chardons). Pour le semis, l’éleveur a toujours recours à un semoir à disques combiné à une rotative. Après le semis, un passage de rouleau est effectué. « Cette technique prend du temps. Entre l’arrêt du pâturage et la date de semis, trois semaines se sont écoulées. J’ai également semé trop tard (20 septembre). Idéalement, je privilégie un semis fin août-début septembre de manière à ce que la prairie ne soit pas trop jeune avant l’hiver. De plus, cela permet un déprimage par les animaux en novembre, en conditions sèches, pour favoriser le tallage des plantes. » Si le temps ne le permet pas, le déprimage est alors mécanique (broyage).

Privilégier l’herbe de qualité

Un apport de 25 à 30 tonnes de fumier de bovins bien composté est apporté sur les prairies, à l’épandeur, avant leur destruction pour assurer un bon mélange. À cela s’ajoute du calcium (300 kg avec 90 % de calcium) pour assurer un pH optimal aux légumineuses. Aucun apport d’azote n’est fait. Le plus tôt possible à la sortie de l’hiver, un ajout d’engrais complet est effectué pour favoriser la reprise de végétation. « Cet apport est à mes yeux essentiel car il conditionne la qualité de la prairie pour les années à venir. » Au printemps, si des espèces indésirables sont présentes (dicotylédones), une fauche est réalisée pour éviter le tri par les animaux. Sinon ils se chargent de cette première récolte de printemps.

Antoine Desaint privilégie les mélanges suisses. Il adapte leur choix selon le type de sol, le mode et la durée d’exploitation : fléole et dactyle pour les terres séchantes et froides au printemps, fétuque rouge ou paturin des prés pour les prairies de longues durées. « Mon objectif dans la rénovation est d’intensifier au maximum mon système fourrager sans avoir recours à la fertilisation, d’où l’importance des légumineuses dans les mélanges (50 %). Sur les parcelles rénovées, j’utilise 50 % d’azote en moins (entre 30 et 40 unités d’azote sur les prairies de fauche non rénovées contre 0 à 20 unités sur les rénovées). Quand j’implante une prairie (prix 250 €/ha de semences), je ne raisonne pas avec mon portefeuille pour le choix des espèces. Entre l’économie d’azote, le gain en rendement et en qualité (gain en UFL, meilleur rapport énergie et protéines - analyses fourrages), le retour sur investissement est rapide. »

Chiffres clés

88 ha de SAU dont 52 de prairies (37 de permanentes), 12 de légumes de plein champ et 24 de cultures (blé, orge, lin)
85 mères charolaises
2,5 UTH (1 associé, 1 salarié, 1 apprenti) + main-d’œuvre saisonnière

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