Aller au contenu principal

« Il nous faut un plan Marshall pour passer le choc des transmissions » selon Michèle Boudoin, présidente de la FNO

Dans un « livre blanc » actualisé en 2023, la Confédération nationale de l’élevage a formulé 27 propositions concrètes en faveur du renouvellement des générations d’éleveurs de bovins, d’ovins et de caprins. Revue du sujet avec Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine.

Michèle Boudoin, éleveuse d’ovins dans le Puy-de-Dôme et présidente de la Fédération nationale ovine (FNO) depuis 2015. Elle préside le groupe attractivité des ...
Michèle Boudoin, éleveuse d’ovins dans le Puy-de-Dôme et présidente de la Fédération nationale ovine (FNO) depuis 2015. Elle préside le groupe attractivité des métiers de la Confédération nationale de l’élevage (CNE).
© FNO

Pourquoi un livre blanc sur le renouvellement des actifs en élevage a-t-il été publié en 2023 ?

Michèle Boudoin - Il faut plus que jamais booster nos actions pour favoriser la transmission des élevages. C’est un plan Marshall qu’il nous faut pour relever le défi du renouvellement des générations d’éleveurs de ruminants. Nous avons conçu deux outils, le site devenir-eleveur.com et le livre blanc de la Confédération nationale de l’élevage. Une première version avait été publiée en 2019 pour dresser un état des lieux de la situation. Depuis, la crise de la Covid-19 a modifié le rapport au travail et suscité des vocations. Cette période a aussi replacé l’accent sur la sécurité et la souveraineté alimentaire. La crise énergétique qui a suivi a eu de grosses répercussions sur le coût d’une installation. Et nous sommes au cœur de la vague de départs massifs en retraite. Nous avons donc priorisé les propositions du livre blanc au nombre d’une dizaine sur les 27 initiales.

Nous avons également, au travers de ce livre blanc, projeté le modèle d’élevage conforme à notre éthique. Il est à taille humaine sur l’ensemble du territoire, et avec toutes ses aménités positives sur l’économie, l’environnement et la transition écologique. La politique agricole doit s’orienter sur les actifs agricoles c’est-à-dire les personnes qui sont en responsabilité et travaillent dans une exploitation.

Quelles sont les propositions prioritaires à déployer pour mieux accompagner et former les porteurs de projet ?

M. B. - La mise en place en 2023 des points accueil formation installation transmission (Pafit) est le premier axe. C’est une structure pivot avec un seul conseiller référent, calé en gestion des ressources humaines, qui fait du sur-mesure pour chacun aux différentes étapes de sa carrière.

Nous proposons de développer le « droit à l’essai » : la possibilité pour deux personnes de tester sur un an un projet d’agriculture en commun quel qu’il soit (entrée d’un associé, création ou fusion de sociétés) pour apprendre à se connaître, s’organiser et partager le travail, pour dédramatiser les risques d’échec, souvent liés à une mésentente.

L’apprentissage est un autre volet très important. Les éleveurs doivent être encouragés à devenir maître de stage ou d’apprentissage pour la formation de la nouvelle génération, notamment pour ceux non issus du milieu agricole (Nima).

Et il faut aussi que l’étude prévisionnelle d’installation inclut les aléas économiques et climatiques ainsi que les postes de sécurisation des résultats, pour mieux coller à la réalité économique.

Suivent d’autres recommandations sur le plan juridique, fiscal et réglementaire. Quelles sont les plus importantes ?

M. B. - L’accès au capital et au foncier est en effet toujours le point clé pour la transmission d’un élevage. Il faut d’abord mettre en avant une méthode commune d’estimation de la valeur économique et de reprenabilité des exploitations. Atténuer le coût de la garantie bancaire pourrait être négocié pour les porteurs de projet qui ont un plan d’entreprise ou en favorisant les solutions de fonds de garantie (banque publique d’investissement…).

Bien vivre son métier d’éleveur ressort logiquement dans les différents axes d’amélioration.

M. B. - Continuer à progresser sur l’astreinte et la pénibilité, comme se former sur l’organisation du travail fait partie des propositions. Au bout de dix ans d’activité, il faudrait pouvoir prendre un temps qui s’apparenterait à un bilan de compétences pour sortir la tête du guidon, retrouver le sens de son métier, et bien séquencer sa vie entre le privé et le professionnel. Rendre le métier de salarié en élevage plus attractif aussi est important.

Resserrer les liens entre les éleveurs et le reste de la société fait l’objet d’autres propositions. Comment faire ?

M. B. - Nous portons le projet à la CNE avec Interbev et le Cniel pour 2024 d’une campagne nationale de communication pérenne et amplifiée. Nous proposons également une sensibilisation en milieu scolaire.

Nous avons besoin d’un signal fort en ce sens et c’est l’affaire de tous. La façon dont nous accueillons les stagiaires ou les nouveaux installés, la façon dont nous parlons de notre quotidien autour de nous… tout cela a son importance. Des solutions existent pour permettre l’accès à ce merveilleux métier d’éleveur et le promouvoir.

Nous avons besoin d’un signal fort et c’est l’affaire de tous

 

Les plus lus

<em class="placeholder">Le caillebotis est à hauteur du couloir d&#039;alimentation et occupe 3,5 m de large derrière les cornadis. Le malaxeur fonctionne une dizaine de minutes par jour.   </em>
Élevage bovins viande : « avec mon bâtiment caillebotis et aire paillée, j’utilise 5 kg de paille par jour par vache suitée »

Dans le Puy-de-Dôme, Samuel Poughon a opté, il y a une dizaine d’années, pour un bâtiment avec un caillebotis sur 3,5 m…

<em class="placeholder">Exploitation canadienne en élevage bovin allaitant (chez Richard et Ganet Rey, éleveurs dans le Manitoba). agriculture canadienne. production de bovins viande de race ...</em>
« Les taxes américaines provoqueraient probablement une chute abrupte des exportations de bœuf des États-Unis vers le Canada »

Tyler Fulton, président de l’association canadienne de l’élevage allaitant, analyse les risques que provoqueraient des taxes…

<em class="placeholder">Pauline Garcia salon de l&#039;agriculture</em>
Les bovins sont sensibles à la musique

Enrichir l’environnement des veaux, relaxer le troupeau, masquer des bruits gênants… Diffuser de la musique dans les bâtiments…

<em class="placeholder">bâtiment vaches allaitantes aire raclée</em>
Élevage bovins viande : « Un bâtiment avec pente paillée et aire raclée économe en paille pour mes vaches blondes d’Aquitaine »

Pour son troupeau de 110 blondes d’Aquitaine dans les monts du Cantal, Hervé Larribe a opté pour un bâtiment avec pente…

<em class="placeholder">Vaches aubrac dans la stabulation paillée avec de la plaquette de bois. Certaines sont couchées.</em>
Élevage bovins viande : « La plaquette de bois complète la paille dans l’aire paillée de mes vaches aubrac »

Jean-Christophe Lacombe, à Flagnac en Aveyron, utilise depuis dix ans la plaquette de bois comme litière pour ses vaches…

<em class="placeholder">Séparation amovible sur câble dans la stabulation en logettes sur caillebotis des vaches aubrac. Au dessus des logettes, des balcons stockent les boules de paille.</em>
Élevage bovins viande : « en logeant les vaches aubrac sur caillebotis avec logettes, nous réservons la paille aux veaux »

Lorsqu’il construit le bâtiment des vaches allaitantes en 2015, Vincent Tardieu, dans le Cantal, opte sans hésiter pour une…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande