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Strongles au pâturage : une nécessité d’adaptation permanente

Au vu du contexte climatique et environnemental, la gestion des strongles digestifs au pâturage nécessitera de nouvelles « stratégies ».

<em class="placeholder">vaches salers veaux pâturage Puy-de-Dôme</em>
Pour s’adapter au mieux, il faut revenir aux fondamentaux : gestion du pâturage, examens complémentaires, observations visuelles des animaux.
© M.Tronche

La nature est ainsi faite : dès lors qu’un troupeau pâture, l’infestation par les strongles gastro-intestinaux est inévitable ! Le tout est de trouver le bon équilibre entre immunité et santé. « Cependant, cette recherche d’équilibre peut être bouleversée et nécessite d’adapter nos protocoles : le changement climatique entraîne une augmentation de fréquence et d’intensité des aléas, et en même temps, nous voyons une résistance des strongles gastro-intestinaux vis-à-vis des antihelminthiques apparaître », explique Aurore Boishardy d’Oniris.

Classiquement, la mise à l’herbe au printemps se faisait sur des parcelles considérées faiblement contaminées à la suite d’un hiver rigoureux. On avait alors une contamination progressive en cours de pâturage et un pic d’infestation en été ou début d’automne. « Mais ce schéma est de plus en plus mis à mal : retard à la mise à l’herbe, sécheresse de plus en plus conséquente et précoce, hiver plus doux entraînant un nombre de larves résiduelles sur parcelles plus important », note Aurore Boishardy.

L’immunité perdure tant qu’il y a contact

Chez les bovins, l’immunité vis-à-vis des strongles gastro-intestinaux perdure tant qu’il y a contact avec le parasite. Son acquisition dépend donc du temps de contact effectif lors du pâturage et de l’intensité de ce contact. C’est là où le choix du traitement et de sa rémanence rentre en compte (ex : 4 semaines pour une ivermectine) mais aussi où les aléas climatiques ont leur importance. Les périodes de sécheresse réduisent le contact avec les bovins à l’herbe via une complémentation fourragère.

L’immunité acquise bénéficie à l’individu et au groupe puisque l’intensité du recyclage parasitaire diminue avec des animaux immuns. On entend par recyclage, que pour une même dose de strongles gastro-intestinaux ingérée, un individu immun en réexcrétera moins qu’un individu non immun ou en cours d’acquisition. La charge parasitaire de la parcelle est donc diminuée.

Elle est aussi caractérisée par une diminution de la ponte des parasites donc une baisse de l’excrétion, qui peut s’observer dès la première saison de pâturage. Puis on note une inhibition des larves L4 avec augmentation des L4 enkystées. Enfin, il y a une diminution forte du taux d’implantation des L3 donc une plus faible charge parasitaire.

Une stratégie propre à chaque élevage

Aussi, une des particularités d’Ostertagia est sa capacité à s’enkyster au sein de la caillette en fin de saison de pâture : l’hypobiose. Or, celle-ci est influencée par la baisse des températures. Les déclencheurs d’entrée ou de sortie d’hypobiose ne sont que partiellement compris. L’état immunitaire de l’hôte (plus de stades hypobiotiques chez les animaux âgés), l’exposition des stades libres à des températures extrêmes ou à des conditions de vie plus difficiles (sécheresse) jouent tous un rôle dans l’apparition de l’état hypobiotique. « Nous allons sans doute être de plus en plus confrontés à ce mécanisme de survie. »

Cela, associé à l’émergence des résistances des strongles gastro-intestinaux vis-à-vis des antihelminthiques, fait apparaître comme primordial d’établir une stratégie parasitaire en alliant objectifs zootechniques acceptables et gestion raisonnée du parasitisme.

Le risque parasitaire est fortement influencé par la conduite d’élevage et du pâturage. Des outils comme le logiciel Parasit’sim aident à la réalisation de cette analyse en simulant le risque parasitaire potentiel pour un lot de bovins en prenant en compte divers critères (âge, météo, historique de parcelle…). Cette analyse doit s’associer à des examens complémentaires en vue d’une prescription raisonnée d’un traitement antihelminthique.

Une approche globale pour gérer le parasitisme

- Maîtriser la contamination des parcelles : fauchage précoce, rotation parcellaire régulière, chargement, ébousage avant les périodes de sécheresse ;

- et celles des animaux : analyse de risque (logiciel Parasit’sim, surveillance par pesée et examens complémentaires adaptés) et traitement si nécessaire au bon moment ;

- Limiter l’émergence de résistance en maintenant des populations parasitaires dites « refuge » (des parasites non résistants) et en ne traitant qu’en cas de nécessité les individus à risque. Éradiquer les pratiques à risque tel que le traitement à la mise à l’herbe avec des lactones. Réaliser comme en ovins des tests de réduction Fécal (TREF) ;

- Maîtriser l’impact sur les sols : limiter les antihelminthiques lors de périodes de reproduction de la faune des sols.

Rédaction Réussir

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