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Fourrages : comment valoriser pleinement l’ensilage de maïs épi en élevage bovins viande

L’ensilage de maïs épi s’articule très bien avec les fourrages prairiaux de qualité dans les rations pour bovins viande. Pour en tirer une bonne valorisation, la récolte et la conservation doivent être réalisées avec soin. L’institut du végétal Arvalis livre les clés de la réussite.

L’ensilage de maïs épi revient beaucoup plus cher à produire que l’ensilage de maïs plante entière, du simple fait que le rendement est moindre. Si on table sur une moyenne de 120 euros/tMS rendue silo pour l’ensilage plante entière, on estime le coût de production de l’ensilage de maïs épi à 180 euros/tMS rendue silo.

« C’est un aliment concentré autoproduit, et il faut être très vigilant sur les dates de récolte et sur la conservation pour valoriser son plein potentiel », a présenté Hugues Chauveau, ingénieur à l’Institut du végétal Arvalis lors du Salon de l’herbe et des fourrages en juin 2023 à Poussay dans les Vosges.

Pour la récolte, on vise 35 % d’humidité dans le grain soit 50 à 60 % de MS dans l’épi. L’ensilage de maïs épi se récolte ainsi à 200 degrés jour (base 6-30) après le stade de récolte plante entière à 32 % de MS, ce qui, selon les années, représente dix jours à trois semaines de délai.

Un hachage le plus fin possible

Le rendement de l’ensilage de maïs épi représente à peine 60 à 65 % de ce qu’on aurait récolté en plante entière. Plus les variétés de maïs sont proches du type grain, avec des épis bien chargés, plus on a de chance de récolter de matière. On peut dans ce cas atteindre 70 % du rendement plante entière.

« Le niveau d’éclatement des grains à la récolte est très important, rappelle Hugues Chauveau. L’amidon est beaucoup moins accessible au microbiote du rumen à ce stade. Les éclateurs de l’ensileuse doivent être resserrés au maximum et la longueur de coupe réglée au minimum pour donner un produit le plus fin possible. »

Le stockage peut se faire en silo couloir, en boudin, voire en balle enrubannée - cette dernière solution étant relativement coûteuse. Pour assurer une bonne conservation, le front d’attaque du silo est à dimensionner de façon à respecter les préconisations de vitesse d’avancement (de 10 à 15 cm par jour l’hiver et de 20 à 25 cm l’été) alors que la densité de l’ensilage de maïs épi est deux fois plus importante que celle de l’ensilage de plante entière. Elle se situe entre 380 et 410 kg MS/m3.

L’ensilage de maïs épi n’est pas très riche en sucres solubles, mais sa fermentation se passe bien. Le risque principal de mauvaise conservation réside dans l’échauffement à l’ouverture des silos. Si un conservateur est appliqué, il faut donc choisir de l’acide propionique ou des bactéries lactiques hétéro fermentaires.

Soixante jours avant d’ouvrir le silo

Pour que l’amidon soit le plus accessible possible au microbiote du rumen, il est utile d’attendre trois semaines à un mois, et idéalement soixante jours après la confection du silo avant de distribuer l’ensilage de maïs épi aux bovins.

L’ensilage de maïs épi est à peu près deux fois plus riche en amidon qu’un ensilage de maïs plante entière, et un tout petit peu moins riche qu’un maïs grain. Sa teneur en énergie est intermédiaire entre celui d’un ensilage plante entière et celui d’un maïs grain. Mais cet aliment a le mérite d’être beaucoup moins encombrant que le maïs plante entière donc plus dense. Il apporte aussi un peu de fibrosité avec la rafle et les spathes du maïs.

Pour le rationnement des bovins viande, cet aliment s’associe particulièrement bien avec des fourrages prairiaux de très bonne qualité : ces derniers apportent protéines digestibles et fibres, et l’ensilage de maïs épi permet de corriger la densité énergétique de la ration.

Associé à des protéines digestibles

L’institut Arvalis a mené des essais concluants sur de jeunes bovins charolais à la ferme expérimentale de Saint-Hilaire-en-Woëvre dans la Meuse. Les performances tournaient entre 1 600 à 1 700 grammes par jour de GMQ et aucune différence n’a été observée sur les carcasses.

Dans des rations à base d’ensilage de maïs et concentrés (deux à trois kilos de céréales et du tourteau de colza), le maïs épi peut être substitué à la céréale à condition d’augmenter un petit peu la quantité de correcteur azoté. « Cela donne de bons résultats avec un gain de 3 % de GMQ, et surtout un indice de consommation amélioré de 5 % : les animaux ont consommé un peu moins de matières sèches par kilo de viande produit », résume Hugues Chauveau.

Dans les rations base herbe et concentrés, il faut disposer d’une très bonne valeur alimentaire du fourrage récolté (stade montaison de la graminée, épi à 10 à 20 cm) et ne pas dépasser 40 à 45 % d’herbe dans la ration. Le maïs épi complète la valeur énergétique de l’herbe, et son amidon est davantage sécurisé pour les jeunes bovins que celui à base de céréales. Il est possible de se passer de correcteur azoté si l’herbe titre plus de 16 % de MAT. Les performances de croissance sont équivalentes avec celles d’un régime ensilage de maïs complété par 4 kg de concentrés.

Quelques éleveurs ont utilisé l’ensilage de maïs épi à volonté en ration sèche, à la place de céréales. « C’est un régime qui fonctionne bien d’un point de vue technique. Le maïs épi apporte de la sécurité en se dégradant un peu plus progressivement dans le rumen que des céréales. Il faut cependant vérifier l’intérêt économique de cette ration », relève le responsable du pôle fourrages.

Une opportunité ou bien une intention de récolte

Bien souvent, la place de l’ensilage de maïs épi dans l’assolement est conjoncturelle : les bonnes années, quand un excédent de maïs est disponible au moment de la récolte par rapport aux besoins en ensilage plante entière, une certaine part de la surface est récoltée en ensilage de maïs épi. Pour mettre toutes les chances de son côté dans cette stratégie, il convient de sélectionner des variétés fourrage de profil énergétique orienté 'amidon' ou bien 'équilibré'.

« L’ensilage de maïs épi peut aussi entrer structurellement dans l’assolement. On choisit alors des variétés de type grain, ou bien des variétés de type fourrage avec un profil énergétique orienté 'amidon' », explique Hugues Chauveau d’Arvalis.

Des variétés un peu plus tardives

« La précocité des variétés à choisir est la même que pour un ensilage de maïs plante entière. On peut s’orienter vers des variétés légèrement plus tardives (selon la date de semis) pour favoriser l’importance du grain, mais sans excès », poursuit le spécialiste. Au risque sinon que la récolte n’intervienne à une saison où la verse ou bien la qualité sanitaire ne dégrade les résultats. Il faut aussi pouvoir libérer la parcelle à une date compatible avec l’implantation de la culture suivante. « On sème huit à dix jours plus tôt que pour un ensilage plante entière, en se rapprochant des préconisations pour le maïs grain, et on réduit un peu la densité de semis pour viser 5 000 plantes de moins par hectare à la récolte », précise Hugues Chauveau.

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