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" Faire connaître notre travail "

La Limousine sera à l’honneur lors du prochain Sommet de l’élevage. Tour d’horizon de son actualité avec Jean-Marc Alibert, éleveur en Haute-Vienne et président de France Limousin Sélection, l’organisme de sélection de la race.

En quoi un concours tel que celui organisé à Cournon est-il important pour faire la promotion d’une race bovine déjà bien connue ?

Les concours demeurent des endroits incontournables pour communiquer. Même si je comprends que certains éleveurs puissent juger ces rendez-vous comme n’ayant pas grand intérêt, ces manifestations sont indispensables pour faire la promotion de la Limousine et présenter son schéma de sélection. Il faut faire connaître la façon dont nous travaillons, mais également montrer en quoi notre race répond aux attentes de plusieurs débouchés. Nous devons mettre en avant les différents types d’animaux recherchés par tel ou tel marché.

Je trouve toujours exceptionnel le fait de rassembler autant d’animaux d’élite en un même lieu. C’est un superbe spectacle. Il favorise une émulation entre élevages et permet de mettre en avant la qualité du travail réalisé bien en amont de cet événement. Le fait qu’il y ait toujours beaucoup de monde atteste de l’attrait des éleveurs pour ces concours où se mêlent professionnalisme et convivialité.

Cela répond-il aussi aux attentes des délégations étrangères ?

Oui, ces dernières sont intéressées par la présentation de notre programme de sélection et le travail réalisé dans les différentes stations. Les éleveurs étrangers sont eux aussi sensibles à ces présentations. Elles leur permettent d’identifier les types morphologiques actuellement recherchés en France. Il est pour cela fondamental que les différents juges expliquent leur classement. La plupart des éleveurs étrangers apprécient ces concours, d’autant qu’ils organisent également chez eux ce type de confrontation.

Où en est la race côté effectifs ?

Il y avait en France l’an dernier 1 153 000 vaches limousines. Le cap du million de mères a été franchi au début des années 2010. La progression est nette dans l’ex-région Midi-Pyrénées, l’ensemble du Grand Ouest et le quart nord-est de la France. Les 1509 élevages adhérents au herd-book limousin détiennent ensemble 73 000 vaches inscrites. Au sein de la base de sélection, la tendance est au recul du nombre d’élevages compensée par une progression de la dimension des cheptels. La progression des effectifs au sein de la base de sélection évolue dans des proportions similaires à ce que l’on constate pour l’ensemble de la population.

Comment évoluent les exportations de génétique ?

La Limousine est la seconde race allaitante française en termes d’effectifs mais la première pour l’activité à l’export, avec une moyenne annuelle de 2 000 reproducteurs inscrits exportés. Sur la campagne 2016-2017 achevée le 30 juin, ce chiffre est de 2 370 têtes (527 mâles et 1843 femelles) et un peu plus de 300 000 doses de semence. Pour ces exportations, nos anciens clients deviennent nos principaux concurrents. Des pays comme les États-Unis ou le Canada nous font une sérieuse concurrence sur le Kazakhstan ou la Mongolie, des pays qui cherchent actuellement à constituer des cheptels allaitants.

Les éleveurs de Limousines sont-ils de gros utilisateurs de semences sexées ?

La semence sexée est pour l’instant essentiellement demandée à l’exportation avec une demande axée sur des semences sexées mâles de taureaux à fortes aptitudes bouchères qui seront utilisées sur vaches laitières. La demande en semences sexées femelles pour une utilisation en race pure demeure limitée. Beaucoup d’éleveurs partent du principe qu’un bon taureau limousin doit permettre de faire naître de bons mâles comme de bonnes femelles. Le plus faible taux de réussite à l’IA avec les semences sexées est aussi indiscutablement un frein à leur utilisation. Cela va probablement s’estomper dans les années à venir et pourrait inciter davantage d’éleveurs à y avoir recours, en particulier pour des semences sexées femelles de taureaux connus pour les bonnes qualités maternelles de leurs filles.

Comment évoluent les effectifs de limousins génétiquement sans cornes ?

Le nombre d’animaux possédant cette caractéristique progresse, mais nous ne disposons pas de statistiques pour les dénombrer précisément. C’est une aptitude très intéressante, de plus en plus prisée. Quelques bons taureaux porteurs de ce gène sont régulièrement évalués à la station de Lanaud. La problématique est que ces animaux sont issus d’un nombre assez limité de souches différentes. Cela complique le travail de sélection pour éviter de tomber dans les problèmes de consanguinité lorsque l’on cherche à faire naître des animaux homozygotes pour ce caractère.

Les tests génomiques sont-ils couramment utilisés ?

À la station de Lanaud, les animaux sont systématiquement génotypés. Cette information aide à s’orienter sur tel ou tel taureau selon les aptitudes recherchées. C’est un plus évident et ces informations sont analysées de près par les acheteurs.

Dans les élevages, trop peu d’éleveurs y ont recours, à mon avis. Par exemple, dans un élevage en contrôle de performance de 100 mères avec 25 % de renouvellement, un éleveur trie aisément la douzaine de génisses qu’il est certain de conserver (mère connue pour la qualité de sa descendance, bonne morphologie, bonne ascendance et bons index…) ainsi que la dizaine de génisses qu’il est certain d’éliminer. Il gagne ensuite à faire génotyper la bonne vingtaine de génisses qu’il conservera ou pas.

Quant aux éleveurs hors base de sélection, ils auraient à mon avis eux aussi intérêt à y avoir recours et dans des proportions plus importantes dans la mesure où ils ne disposent pas des données du contrôle de performance pour trier leurs animaux.

Y a-t-il une bonne corrélation entre le prédicteur génomique et les caractéristiques de la descendance des reproducteurs qui ont bénéficié de cette analyse ?

C’est en moyenne très corrélé. Mais il y a toujours des exceptions ! Il faut utiliser ces tests comme des indicateurs et non comme la vérité tombée du ciel. C’est surtout de plus en plus fiable au fil des ans, au fur et à mesure que l’on étoffe notre base de référence.

Les facilités de naissance ont eu tendance à se dégrader en race Limousine. L’utilisation d’animaux de grand format à forte ossature est-elle passée de mode ?

Beaucoup d’éleveurs se sont rendu compte qu’ils s’aventuraient sur une pente dangereuse à utiliser ce type d’animaux. Nos adhérents sont conscients de toute l’importance de conserver les facilités de vêlage. Sur les concours, les juges veillent à mettre en avant des animaux fins d’os. C’est indispensable car ce critère est très corrélé à la fois aux facilités de naissance mais également au rendement en viande nette des carcasses. Dorénavant, les animaux trop grossiers sont pénalisés. Cela constitue d’ailleurs un bon lien entre les objectifs du schéma de sélection et le classement des animaux sur les concours. On cherche aussi à limiter les poids sur ces mêmes concours. Avoir le taureau le plus lourd au Salon international de l’agriculture ou à Cournon ne fait surtout pas partie de nos objectifs de sélection ! La Limousine doit continuer à être un bon compromis entre qualités bouchères et qualités maternelles. C’est d’ailleurs pour cela que nous cherchons à éviter la présence d’animaux porteurs du gène culard au sein des élevages faisant partie de la base de sélection.

Est-ce que l’on perçoit cette évolution vers moins de DS dans les séries évaluées à Lanaud ?

Oui, c’est de plus en plus pris en compte. Pendant des années, il y avait eu la nécessité d’avoir des animaux de type mixte élevage avec un fort développement squelettique pour chercher à accroître les formats dans nos cheptels. Mais il faut savoir ne pas aller trop loin sur ce volet. Désormais, on assiste à un rééquilibrage et ce sont les types mixtes qui tendent à être les plus recherchés. Caractéristique à associer à une bonne finesse d’os pour les raisons évoquées plus haut.

Des animaux jeunes et suffisamment finis

La Limousine est souvent mise en avant pour sa précocité, en particulier avec le recours à certaines souches prédisposées pour la production de veaux sous la mère. Pour autant, cela ne répond manifestement pas aux attentes de tous les éleveurs allaitants. Même si le phénomène demeure confidentiel côté effectifs, on perçoit sur le terrain un intérêt croissant pour l’Angus et la Hereford. Intérêt motivé à la fois par les qualités d’élevage de ces animaux mais également par leur précocité et leur capacité à produire avec des animaux jeunes des carcasses certes légères, mais suffisamment finies. Autant d’aptitudes qui intéressent souvent des éleveurs bio lassés de devoir brader leurs mâles dans les circuits conventionnel, faute de pouvoir acheter les concentrés nécessaires à leur finition, et cherchant de ce fait à opter pour une génétique leur permettant de produire des bouvillons finis de 20 à 30 mois avec un minimum de concentrés. Qui plus est, des démarches initiées par certaines entreprises reposent également sur ce recours aux races britanniques. Par exemple, Charal a lancé le projet « Herbopack » avec des bouvillons et génisses d’herbe issus de croisement Hereford.

« Oui, nous sommes parfaitement au fait de ce qui se passe sur le terrain, et oui, cela nous interpelle, souligne Jean-Marc Alibert. Au sein des différentes races françaises, il convient d’analyser de très près ces évolutions. Le danger vient surtout de l’aval de la filière qui pourrait nous inciter à produire ces animaux croisés. On en entend de plus en plus parler. Mais quand on travaille, en France, de la viande issue du cheptel allaitant, on a quand même intérêt – il me semble – à proposer des animaux de races bien définies et non des croisés comme cela se pratique par exemple en Irlande. Avec la Limousine, je suis persuadé que l’on peut travailler en race pure avec des animaux de souche précoce de façon à produire des animaux à la fois jeunes et suffisamment finis. »

380 animaux en concours

La Limousine disposera de 380 places au Sommet de l’élevage. « Le fait de pouvoir organiser un concours national à Cournon suscite beaucoup d’engouement dans nos rangs. Les éleveurs limousins avaient été particulièrement frustrés de ne pas avoir pu venir il y a deux ans », souligne Jean-Marc Alibert. Quelque 700 animaux ont été proposés pour participer à ce rendez-vous. « 230 élevages seront représentés avec au moins un animal, et sept élevages seront en lice pour le prix d’ensemble ! » Une vente aux enchères de 24 animaux sera organisée par Interlim. À signaler l’organisation d’une vitrine génétique sur une exploitation du Puy-de-Dôme pour laquelle une centaine d’animaux issus d’élevages de la région Auvergne-Rhône-Alpes sont annoncés.

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