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Élargir les débouchés pour les broutards et les JB

Les effectifs du troupeau allaitant français progressent. La recherche de nouveaux débouchés est une priorité en particulier pour les broutards et les JB.

Le cheptel allaitant français a progressé l’an dernier pour la troisième année consécutive : + 30 000 têtes en un an, avec un total de 4,15 millions de vaches allaitantes en décembre 2016, contre 4,05 millions de têtes trois ans plus tôt. Malgré la crise laitière, cette progression ne repose pas tant sur l’arrivée de nouveaux producteurs que sur la capitalisation dans les cheptels déjà présents. Les effectifs progressent dans la plupart des départements déjà très « allaitants ». En revanche, le nombre de vaches nourrices diminue dans plusieurs départements du Sud-Ouest, où il était encore possible de donner davantage de place aux cultures ou à d’autres productions plus attractives (vigne…).

Le nombre de laitières a également enregistré des évolutions contrastées ces trois dernières années. À compter de 2012, la perspective de suppression des quotas avait incité certains producteurs à accroître la dimension de leurs ateliers en conservant davantage de génisses. Les effectifs avaient de ce fait été confortés, en particulier dans des départements déjà très spécialisés : Grand Ouest de la France mais également Franche-Comté. La crise a changé la donne. Après un pic en 2015, le nombre de vaches laitières est redescendu à 3,68 millions de têtes en décembre 2016. « Le Massif central, le Sud-Ouest et les Hauts de France connaissent toujours un recul marqué du cheptel et de la production. En revanche, le Grand Ouest, la Basse Normandie et le massif du Jura enregistrent une hausse des effectifs », précisait Philippe Chotteau, chef du département Économie à l’Institut de l’élevage, à l’occasion d’une table ronde organisée lors du dernier congrès de la Fédération nationale bovine (FNB).

Sur le terrain, ces évolutions vont dans le sens d’une spécialisation accrue des bassins d’élevage, tant pour le lait que pour la viande. « Est-il bien prudent de laisser croître le cheptel allaitant ? La progression des effectifs ne va-t-elle pas à terme se traduire par de nouvelles difficultés, alors même que les trésoreries sont déjà sur le fil du rasoir ? Les actuels transferts de production entre le lait et la viande dans les zones en herbe inconvertibles ne vont-ils pas accentuer ce phénomène dans les mois à venir ? », s’interrogeaient les éleveurs.

Une part très conséquente de l’export

Dans la mesure où le marché intérieur français est d’abord demandeur de viande de femelles, c’est surtout le devenir des mâles qui suscite des inquiétudes, surtout si on n’envisage pas de produire autre chose que du broutard ou du JB avec ces derniers.

En 2015, l’Institut de l’élevage estimait que 44 % des veaux mâles et 22 % des veaux femelles nés dans les élevages allaitants français avaient été exportés pour produire de la viande en dehors de nos frontières. Pour la campagne en cours, les ventes de bétail maigre destiné à l’Italie ont retrouvé une certaine dynamique, avec des volumes en légère progression —en particulier pour les laitonnes— même si, à l’image de ce qui se passe actuellement en France, les Italiens ne consomment pas davantage de viande pour autant. « Les disponibilités irlandaises en broutards étaient moins conséquentes en 2016, dans la mesure où ce pays a vendu quelque 20 000 têtes sur la Turquie », précisait Michel Fénéon, vice-président de la commision export de la Fédération française des commerçants en bestiaux. Les broutards irlandais qui se sont retrouvés dans les ateliers turc, et non italiens, ont de ce fait libéré autant de place pour le bétail français. « Si on continue sur cette tendance, la France va finir par satisfaire 100 % des besoins Italiens en broutards et laitonnes ! »

Cette part conséquente des exportations de maigre a toutefois le don d’agacer certains éleveurs, dans la mesure où elle ne permet pas de maintenir la valeur ajoutée sur le territoire français. Il n’en demeure pas moins que, même s’ils sont finis en France, une forte proportion de nos JB sont eux aussi consommés au-delà de nos frontières. En 2015, seulement 47 % des JB allaitants engraissés en France avaient été consommés dans l’Hexagone, et une proportion croissante de leurs muscles avait été utilisée pour alimenter les chaînes de fabrication de steak haché. La part restante (53 % des JB allaitants et 39 % des JB laitiers) a été exportée. À ce chiffre, il conviendrait d’ajouter celui des JB finis (42 000 têtes en 2016, soit -10 % par rapport à 2015) vendus en vif mais également les animaux semi-finis dont le nombre est difficile à quantifier dans les statistiques douanières, dans la mesure où ils sont à un stade intermédiaire entre broutards et JB.

« Il est indispensable d’ouvrir le maximum de marchés tant pour le vif que la viande. Diversifier les débouchés est un moyen de sécuriser les prix », soulignait Dominique Fayel, éleveur dans l’Aveyron et président de la commission vaches allaitantes à la FNB. Les pays du Maghreb et du Moyen-Orient font partie des principales cibles, compte tenu de leur proximité. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit de clients compliqués. Leurs frontières présentent un risque d’ouverture et de fermetures au gré des aléas sanitaires, et ces destination sont aussi on ne peut plus instables sur le plan géopolitique. Quoi qu’il en soit, leur démographie progresse et leurs besoins en produits carnés font de même. Ils sont et seront demandeurs à la fois de vif et de viande. Certes, ils reconnaissent la qualité des taurillons français, mais quand il s’agit d’acheter de la viande désossée et non du bétail sur pied, cette qualité passe au second plan. C’est alors le prix au kilo de cette même viande qui fait la différence et explique que l’origine Inde ou Brésil soit privilégiée. Pour le vif, le bétail venu des différents pays de l’Union européenne est apprécié. « Ils veulent maintenir une part de leur approvisionnement avec du vif, car ils sont ainsi certains que l’abattage rituel sera réalisé selon leurs souhaits, avec aussi la possibilité de stocker des animaux sur pieds si besoin. Ils entendent également faire travailler leurs outils d’abattage. Ces pays sont aussi friands d’abats et apprécient de pouvoir disposer des cuirs », précisait Philippe Chotteau. L’offre française en animaux vivants bénéficie de certains atouts mais elle est aussi confrontée sur place à une rude concurrence avec du bétail qui ne vient pas forcément seulement des grands pays exportateurs (Brésil, Australie, Uruguay…). « L’Espagne est devenue depuis peu notre principal concurrent pour vendre des animaux vivants sur les pays tiers du Maghreb et du Moyen-Orient », soulignait Michel Fénéon.

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