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« Du semis direct de méteil et de fourragères dans mes prairies naturelles exposées à la sécheresse »

Les sécheresses successives ont contraint Éric Fabre, éleveur de 80 mères salers, dans le Cantal, à sursemer du méteil et des espèces fourragères pour améliorer la productivité de ses prairies naturelles.

Éric Fabre, éleveur dans le Cantal. « Les résultats ont été meilleurs sur les parcelles sursemées avec un travail du sol plus agressif et un passage de rouleau après les semis de fourragères. »
Éric Fabre, éleveur dans le Cantal. « Les résultats ont été meilleurs sur les parcelles sursemées avec un travail du sol plus agressif et un passage de rouleau après les semis de fourragères. »
© DR

« Du fait de la couche de terre végétale assez faible sur mes terres volcaniques (de 10 centimètres à 2-3 mètres de profondeur), les trois années successives de sécheresse (2018-2019-2020) ont véritablement impacté la productivité de mes prairies naturelles », explique Éric Fabre, à la tête d’un troupeau de 80-85 mères salers conduites en agriculture biologique depuis 2000, à Saint-Cirgues-de-Malbert, dans le Cantal.

Aussi, sur les parcelles exposées sud et les plus endommagées, l’éleveur a décidé de se lancer dans le sursemis. En 2019, deux trois hectares ont été sursemés. Cela a plutôt bien fonctionné, hormis pour le semis d’espèces prairiales. La pluie, trop précoce, ayant empêché un roulage par la suite. En 2020, l’éleveur s’est lancé sur quatre parcelles où l’herbe faisait vraiment défaut, soit un total de 14 hectares. « À titre d’exemple, sur une des parcelles sursemées de 2,5 hectares, la récolte 2020 s’est chiffrée à seulement 20 bottes de 300 kilos. »

Un travail du sol agressif

Pour le sursemis, Éric Fabre fait appel à une entreprise qui dispose d’un semoir de semis direct double trémie de marque Bednar (coût 80 euros l’hectare). Elle est intervenue entre le 15 et le 20 octobre 2020. « On a attendu l’annonce de pluies pour prévoir la date de semis. Avec le semoir de l’entreprise, il est possible de mettre une ou deux rangées de disques. On s’est rendu compte que plus le travail du sol est agressif, meilleur est le résultat. On utilise donc les deux rangées de disques. Par ailleurs, il est essentiel de bien tasser derrière avec le rouleau », observe l’exploitant.

Sur les 14 hectares semés en direct en 2020, 10 l’ont été avec un méteil associé à des espèces fourragères et 4, uniquement avec des espèces fourragères. Pour le méteil, un mélange fermier constitué de seigle (50 kg) - triticale (50 kg) auquel de la semence de vesce commune (20 kg) achetée a été rajoutée, ainsi que des espèces prairiales agressives (ray-grass hybride pour 12 kg et trèfle violet 8 kg/ha). Ce mélange a été implanté à hauteur de 130 kg à l’hectare pour un coût total de 250 euros/ha.

Sur les 14 hectares, dix ont bénéficié d’un apport de carbonate en novembre. Le pH des herbages étant acide, un apport est régulièrement effectué. Sur les 4 hectares restants, cet apport est intervenu au printemps 2020. Une des quatre parcelles a également reçu du fumier en février. Et un apport d’engrais azoté bio à raison de 30 unités a été effectué début mars.

Une productivité améliorée

Le méteil a été enrubanné mi-juin (printemps froid et humide). Ont suivi une fauche et un pâturage. La parcelle qui avait permis de récolter 20 bottes de 300 kg a fourni cette année 33 bottes de 500 kg en première coupe et 16 de regain.

Les hectares sursemés uniquement avec des espèces fourragères (trèfle violet - ray-grass hybride) ont été déprimés au printemps. Sur cette parcelle, la partie témoin (non sursemée) a produit un tiers de la récolte en enrubannage contre deux tiers pour l’autre. Avec le déprimage, « j’ai réalisé quatre exploitations sur cette parcelle ».

« Cet automne, je ne vais pas renouveler l’opération en raison de la présence trop nombreuse de rats taupiers. J’avais déjà fait du semis direct, il y a une dizaine d’années avec le matériel de la Cuma. Je me suis aperçu qu’à l’automne les rats avaient tendance à tout manger. Je vais donc attendre le printemps pour prévoir une intervention », remarque Éric Fabre.

Chiffres clés

- 80 à 85 mères salers en agriculture biologique depuis 2000
- 134 ha de SAU dont 120 de prairies naturelles, 10 de permanentes et 4 de céréales
- 800 mètres d’altitude
- 1,3 UTH (1 associé et 1 salarié en groupement d’employeurs)

 

 

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