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" Diagnostiquer puis faire des observations sur le terrain »

Eliane Teissandier, spécialiste des bâtiments d’élevage à l’EDE du Puy-de-Dôme, est également en charge des diagnostics Travibov et plus largement des différents volets liés à l’organisation du travail.

« Le principal intérêt d’un bilan travail réalisé avec l’outil de diagnostic Travibov est de pouvoir ensuite comparer les résultats obtenus par rapport à des références. On voit tout de suite les points forts et les points faibles de l’élevage et ce qu’il conviendrait de faire évoluer en priorité pour améliorer la situation », souligne Eliane Teissandier, spécialiste des bâtiments d’élevage à l’EDE du Puy-de-Dôme, et également en charge de son organisation.

« Quand je fais un diagnostic Travibov, j’aime que toutes les personnes qui travaillent sur l’exploitation soient à côté de moi autour de la table, y compris les jeunes retraités ! Le travail des bénévoles doit absolument être pris en compte. Ils en font souvent plus qu’on ne pense. » Autant de tâches (gestion de l’eau, surveillance des lots, suivi des clôtures…), souvent « invisibles » dans le fonctionnement de l’exploitation, mais dont l’importance est clairement mise en évidence lorsque ces personnes cessent réellement de travailler.

Un sujet parfois délicat à aborder

Exposer comment sont réparties et réalisées les différentes tâches a un côté parfois très personnel. « C’est toujours plus délicat à aborder que des sujets techniques comme l’intérêt comparé d’un bâtiment sur caillebotis ou aire paillée. Et il n’est pas toujours facile de délier les langues ! C’est parfois un problème. » En particulier, dans certains Gaec où les associés ne discutent pas suffisamment entre eux de la répartition puis de la réalisation des tâches, avec le risque de voir apparaître certaines tensions. Et Eliane Teissandier de souligner que le fait de connaître, au moins dans les grandes lignes, l’historique de l’exploitation est un avantage évident pour établir correctement un diagnostic.

« Ces bilans travail sont le plus souvent réalisés quand un collègue a orienté un éleveur vers nos services, en lui disant que l’EDE était en mesure de lui prodiguer différents conseils sur ce sujet. Beaucoup d’entre eux ne savent pas que nous sommes en mesure de leur proposer ce service. » Dans les organismes de développement, ces aspects sont aussi moins souvent vulgarisés et mis en avant que les bâtiments d’élevage, l’alimentation ou la génétique. Pourtant, conseiller des éleveurs asphyxiés par le travail sur des évolutions de leurs pratiques leur permettant de gagner du temps éveillerait au moins autant leur intérêt que la possibilité de gagner quelques dizaines de grammes sur le GMQ de leurs broutards. Et Eliane Teissandier de regretter que, dans les établissements de formation agricole, ce sujet de la gestion du temps de travail, et plus largement de l’organisation du travail, soit peu ou pas abordé.

Des pratiques chronophages

Au moment de l’établissement du diagnostic, certaines pratiques particulièrement chronophages sautent aux yeux : plus il y a de lots et plus cela complexifie les tâches, tant pour le travail d’astreinte hivernal que le suivi en pâture. De même, plus on affourage fréquemment et plus on augmente le temps de travail. La distance entre le lieu de stockage des fourrages et des concentrés, et les différents trajets réalisés pour les distribuer gagnent aussi à être analysés de près. Il y a souvent des possibilités d’optimisation. La gestion de l’abreuvement, et en particulier le fait d’avoir à remplir puis déplacer les tonnes à eau, demeure un vrai problème dans de nombreuses exploitations. Aménager des points d’eau susceptibles de desservir plusieurs parcelles doit alors être une priorité. La gestion du pâturage et le redécoupage du parcellaire gagnent aussi souvent à être abordés. « Quand je les interroge pour savoir pourquoi ils procèdent de la sorte, la réponse classique des éleveus est « on a toujours fait ainsi ! », souligne Eliane Teissandier. Si on veut faire évoluer les choses, il faut aussi forcément accepter de remettre en question certaines de ses pratiques. »

Aller sur le terrain

Bien entendu, établir un diagnostic Travibov et chiffrer le temps passé aux différentes tâches a un côté un peu administratif. Il peut rebuter certains éleveurs. Il est pourtant important de positionner l’exploitation par rapport aux références. Après avoir repéré les points noirs, il est ensuite essentiel d’analyser de visu, sur le terrain, les aspects les plus faciles à améliorer. L’approche ergonomique des choses est au moins aussi intéressante et surtout plus concrète. La plupart des éleveurs sont friands des conseils avisés d’un technicien expérimenté qui n’a rien d’autre à vendre que ses services. Toutes les suggestions d’astuces pratico-pratiques suscitent forcément de l’intérêt. « C’est souvent en faisant le tour de leurs bâtiments et en analysant comment les éleveurs travaillent et sont organisés que l’on est le plus à même de leur suggérer les conseils qu’ils attendent. » Prendre un peu de temps pour les regarder agir au fil de leurs tâches quotidiennes permet souvent d’expliquer bien des choses. Cela permet de chronométrer le temps passé à certaines tâches, de prendre des photos mais également de petits films qui permettent ensuite de mieux mettre en évidence de possibles améliorations. « Chez les éleveurs ou à l’occasion de journées portes-ouvertes, j’utilise aussi ces photos et vidéos de « trucs et astuces » visionnés et commentés ensemble sur l’écran d’un ordinateur. C’est souvent plus efficace qu’un long discours », conclut Eliane Teissandier.

La force de l’image

Présenter différentes photos ou vidéos prises sur d’autres exploitations permet de présenter de petits détails techniques pas forcément ruineux qui vont éveiller l’attention. Ils donnent des idées et permettent d’initier le dialogue en proposant des solutions déjà en place, dont il est possible de s’inspirer afin de les réaliser souvent à moindre frais.

Extrait de quelques-unes des astuces vues sur terrain par Eliane Teissandier.

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