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Des gasconnes des Pyrénées de plaine de grand format et bien conformées

La famille Esquirol a développé le croisement pour mieux valoriser les broutards mais compte sur le développement de la semence sexée pour revenir vers davantage de race pure.

Bis repetita. Le Gaec de Miracles, à Calmont (Haute-Garonne), a obtenu les derniers Sabots d’Or (2019) en race Gasconne des Pyrénées, après les avoir déjà remportés en 2012. Pas mal de choses ont évolué pourtant entre ces deux trophées. L’exploitation de Renée et Jérôme Esquirol est située en bordure de la plaine du Lauragais. Elle s’est agrandie de 43 ha de prairies permanentes cédés par le père de Jérôme et situés à 35 km dans les coteaux ariégeois. Une reprise qui a changé la physionomie de l’exploitation avec davantage de cultures et 25 ha seulement de prairies irriguées pour le pâturage. Les stocks de fourrage sont réalisés en Ariège. Le bâtiment étant saturé, avec ses 58 places au cornadis, le troupeau ne pouvait beaucoup augmenter. Il compte 60 vaches et une dizaine de génisses par génération. Elles sortent toute l’année et ont un accès permanent au bâtiment pour manger. Des cornadis ont été disposés à l’extérieur pour les génisses mais à partir d’un an, elles sont mélangées avec les vaches. C’est aussi à cause du bâtiment et pour éviter les risques sanitaires que Jérôme Esquirol préfère maintenir des vêlages étalés.

« Au moins 100 euros de plus pour les croisés »

Le Gaec de Miracles conduit toujours la reproduction exclusivement en insémination artificielle, mais avec davantage de croisement. La moitié des vaches sont inséminées en pur et la moitié avec des taureaux blonde d’Aquitaine, charolais et Inra 95. « Les acheteurs renient un peu les Gascons et sont plus exigeants, regrette Jérôme Esquirol. Ils recherchent de plus en plus des croisés. À poids égal, les mâles croisés sont valorisés au moins 100 euros de plus que les purs. » Les broutards sont vendus au sevrage vers 7-8 mois, les purs un peu plus âgés et un peu plus légers que les croisés. L’éleveur compte beaucoup sur la semence sexée qui commence à pointer son nez en race Gasconne. « Pour l’instant, il y a peu de choix, mais si l’offre de taureaux en semence sexée se développe, je serai tenté d’inséminer davantage de vaches en race pure et de valoriser quelques génisses pour la reproduction. Il y a une demande. Et cela me permettrait d’être plus sélectif sur le tri des génisses. » Faute de choix suffisant, il ne fait que 5 à 7 IA en semence sexée. Mais il apprécie l’arrivée dans cette gamme du premier taureau porteur du gène culard (Mh/+), Occitan, qui correspond bien à sa gestion du gène en question dans son troupeau. Pour la prochaine campagne, il a tout de même remis davantage de pur pour faciliter le choix du renouvellement.

La gestion du gène culard est prioritaire dans le choix des taureaux. Le statut de la quasi-totalité des reproductrices est connu. « Les vaches non porteuses sont inséminées avec des taureaux porteurs et inversement. Et je mets en croisement la quasi-totalité des primipares car je garde peu de génisses des premières portées », explique l’éleveur. Il utilise toute la gamme des taureaux disponibles : Loubens, Hondo, Hugo, Hocco, Jaccuse, Vainqueur… Il tient également compte du gène culard pour le croisement. Les vaches et génisses Mh/+ sont inséminées avec des taureaux blonds à vêlage facile (Gexan, Hashtag, Glaçon) et les autres en Excellence charolais (Fripon, Migor). L’Inra 95 (Jilouk, Lips) est surtout utilisé sur les génisses non porteuses.

« J’ai atteint mes objectifs en viande »

Cette gestion du gène culard et les choix génétiques passés, très axés sur la croissance et le développement musculaire, ont permis d’obtenir des animaux de grand format bien conformés. « L’objectif est de faire le maximum de viande parce qu’en système de plaine, les coûts sont plus élevés qu’en montagne, justifie Margot Diény, conseillère filière viande à la chambre d’agriculture. Il faut de la croissance et des veaux conformés. » « En plaine, nous renouvelons souvent les prairies et nous les irriguons. Ça coûte », précise l’éleveur. Mais ces dernières années, il revoit un peu ses choix génétiques. « Je ne veux plus augmenter en viande. J’estime avoir atteint mes objectifs. J’essaye désormais d’améliorer les qualités maternelles, notamment le lait, ainsi que la facilité de naissance qui s’est un peu dégradée. » L’index FNAIS de l’ascendance maternelle est de 99 (contre 101 pour la race), l’ISEVR de 104 (97) et l’IVMAT de 102 (97). L’index Alait est dans la moyenne de la race (99). Tous les ans, un ou deux taureaux sont retenus pour la station d’évaluation du groupe Gascon. L’étalement des vêlages ne lui permet pas d’en mettre davantage. « Jérôme participe énormément à la vie du groupe Gascon et au schéma de sélection en mettant des taureaux en station, en faisant des accouplements dirigés, en ayant tout son troupeau inscrit… Il a vraiment la volonté de progresser collectivement dans la race », ajoute Margot Diény.

« J’ai gagné 120 kg par vache »

Le Gaec de Miracles s’est également amélioré sur l’engraissement des vaches de réforme. Les fruits de la génétique mais aussi d’une finition plus poussée. « Depuis 2011, j’ai gagné 120 kg de poids carcasse par vache et quasiment doublé la durée d’engraissement. L’an dernier, elles pesaient en moyenne 440 kg », affirme l’éleveur. Il les engraisse avec du foin à volonté, de l’enrubanné (8 kg/VA/jour) et de l’aliment fermier (moitié maïs grain, un quart triticale, un quart féverole). Il les valorise également beaucoup mieux. Un jeune boucher abatteur, travaillant à l’ancienne, s’est installé il y a trois ans dans le village voisin. Il lui prend toutes ses vaches à prix fixe (4,90 €/kg).

Le pâturage est enfin un des points forts de l’élevage. Les vaches sortent toute l’année sur des pâtures (25 ha autour de la stabulation), à base de graminées et légumineuses, irriguées et très productives. Elles sont conduites au fil avant et arrière. Les vaches ne sont en complète ration hivernale (foin, enrubanné, 2 kg du même aliment fermier) que du 1er janvier au 20 mars. « Sans irrigation, je ne pourrais pas avoir 60 vaches », assure Jérôme Esquirol. En fin d’automne, elles pâturent les chaumes de maïs en complément d’une ration de foin. L’éleveur a fait de ses Gasconnes des vaches tout à la fois rustiques et productives.

Chiffres clés

associés (mère et fils)
163 ha de SAU : 17 ha de prairies temporaires, 58 ha de prairies permanentes, 53 ha de maïs grain, 17 ha de blé, 9 ha de triticale, 3 ha d’avoine, 6 ha de féverole.
60 Gasconnes des Pyrénées

Avis d’expert : Margot Diény, chambre d’agriculture de Haute-Garonne

« Aller vers une conduite en lots »

« Ce système en race Gasconne de plaine répond rapidement aux sollicitations alimentaires. Quand on nourrit, on gagne vite en conformation et croissance. Mais il est aussi capable de valoriser des prairies d’un peu moins bonne qualité. Des améliorations sont encore possibles, notamment dans le choix des vêlages étalés et de la conduite en lot unique. Le regroupement des vêlages paraît difficile avec le bâtiment actuel, mais une conduite différenciée selon le stade physiologique des vaches, en faisant des lots d’une quinzaine de mères, apporterait un vrai progrès. Il faudrait aussi pouvoir séparer les génisses jusqu’à la mise à la reproduction voire jusqu’au vêlage pour améliorer la gestion de leur alimentation. Actuellement, elles sont mélangées avec les vaches à partir d’un an. Elles sont en concurrence au pâturage et ont tendance à être trop grasses à la mise à la reproduction. Mais il y a aussi une question de main d’œuvre et des difficultés pour trier les génisses dans le bâtiment. Nous en discutons. »

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