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Au Gaec de Ferluguet, en Lozère
Des femelles bien valorisées grâce aux démarches qualité

Sur leur exploitation 100 % herbagère, Pierre et Michel Noal finissent l’essentiel des femelles nées sur leur exploitation. Leur cheptel affiche d’excellentes performances de reproduction avec des mises bas centrées sur une courte période.

Avec un siège d’exploitation et des parcelles situés pour la plupart autour de 1 200 mètres d’altitude, l’exploitation de Pierre et Michel Noal est par force 100 % herbagère. Située sur la commune de la Fage-Montivernoux sur la bordure Est du plateau de l’Aubrac, elle repose sur un cheptel pour partie conduit en croisement et doit composer avec la longueur des hivers. Entre mi-novembre et mi-mai, l’essentiel du troupeau est hiverné dans deux étables entravées. « On table sur 180 jours d’hivernage et 2,2 t de MS/UGB pour passer l’hiver », précisent les deux frères, respectivement installés en 1994 et 1998 sur l’exploitation familiale.

Environ 45 hectares sont fauchés chaque année. Autant de stocks composés de foin et de 10 à 20 % d’enrubannage. Cette part est variable selon la météo. Ce mode de récolte découle aussi de la dimension insuffisante de la grange pour abriter la totalité du stock sous forme de foin. Les prairies de fauche sont chaulées tous les deux ans et fertilisées avec du lisier un an sur deux. Des apports complétés par 35 unités d’azote en cours de printemps.

Autre effet de l’altitude, tous les concentrés sont achetés à l’extérieur. Il serait de toute façon illusoire de prétendre cultiver des céréales. « C’est une charge importante dans la mesure où nous finissons la plupart de nos génisses et toutes nos femelles de réforme », précisent Pierre et Michel Noal. Les marges de manœuvre pour contenir le volume de ces achats sont limitées et passent d’abord par une bonne gestion du pâturage et la qualité du fourrage récolté. Elles découlent également du choix d’une période de vêlage adaptée, centrée sur le début de l’hiver. Une période analysée comme optimale pour hiverner les animaux sans ration trop coûteuse tout en permettant de vendre le premier lot de broutards mi-septembre puis les avoir quasiment tous vendus juste avant la rentrée à l’étable, sans pour autant déroger au poids objectif de vente de 400 kg. « En naissant en tout début d’hiver, les veaux sont aussi suffisamment âgés pour bien valoriser l’herbe de printemps. »

Vêlages centrés sur décembre

Pour arriver à ses fins, il est impératif d’avoir des dates de mise bas les plus rapprochées possible. L’an dernier, 57 des 80 vêlages ont eu lieu en décembre. Fin janvier, 92 % des veaux étaient nés. « Sur notre exploitation, les deux mois les plus importants sont décembre pour la surveillance des vêlages, puis mars pour les mises à la reproduction » précise Michel Noal. La caméra de surveillance facilite le travail et plusieurs parcs de vêlage permettent aux veaux de prendre le colostrum dans de bonnes conditions. Vaches et génisses pleines bénéficient d’une cure de vitamines et oligo-éléments dès la rentrée à l’étable. Leur ration est essentiellement basée sur un peu d’enrubannage et du foin qu’elles ont pratiquement à volonté tout au long de l’hiver. Elles en consomment autour de 10 kg par tête fin novembre et jusqu’à 13 kilos en avril. « On les complémente tout au long de l’hiver avec des concentrés dont la composition et la quantité (1 à 1,5 kg/tête) dépendent des analyses de fourrages réalisées en cours d’automne. » Les rations des génisses d’élevage reposent sur ce même principe du foin disponible pratiquement à volonté complémenté avec un kilo d’aliment par tête pour les génisses d’un an, un peu moins pour les deux ans.

Détection des chaleurs

Les bâtiments sont bien adaptés au contexte d’une exploitation en zone de montagne dans la mesure où ils ne nécessitent pas de paille de litière pour les animaux adultes. « Les génisses d’un an sont dans des cases sur caillebotis intégral. Seuls les parcs à veaux et les cases des génisses et vaches à l’engrais sont paillés. Il nous faut 25 à 30 tonnes de paille par an. » En revanche, l’hivernage à l’attache sur béton et grilles devient un handicap pour détecter les chaleurs. « Les quinze premiers jours d’hiver, les soins aux animaux nous prennent à peine 2,5 heures par jour chacun. On est plus près de 5 h en décembre surtout à compter du début des mises à la reproduction. » Pour obtenir de bons résultats et maintenir ces vêlages groupés sur décembre, vaches et génisses de deux ans sont détachées tous les jours à partir du premier mars, et mises dans un parc extérieur contigu au bâtiment afin de repérer les chaleurs puis les éventuels retours. Qu’il neige ou qu’il vente, ce travail est successivement réalisé pour chacune des cinq travées de 15 à 20 bêtes. « Cela nous prend évidemment du temps, mais il n’est pas possible de faire autrement. Et puis on n’a rien sans efforts ! » soulignent les deux frères. La première semaine est fastidieuse, puis les animaux s’habituent. À partir d’avril, celles qui ne sont pas revenues en chaleurs ne sont plus sorties.

Une bonne quarantaine de vaches et génisses sont inséminées, dont toutes celles conduites en croisement. « Nous avons trois taureaux, que des Aubrac. Les Charolais qui donnent de bons résultats en croisement sont difficiles à trouver. » Avec l’IA, les résultats sont jugés plus réguliers, tant pour le poids naissance que la conformation. Le croisement concerne toutes les vaches dont les aptitudes (potentiel laitier, bassin, aplombs…) sont jugées insuffisantes pour être conduites en race pure. Ce taux de croisement avait été abaissé à 35 % ces dernières années, afin d’éliminer plus rapidement des vaches non inscriptibles au livre généalogique, dans la mesure où leur ascendance n’était pas connue sur quatre générations. Il devrait revenir à environ 40 % pour la prochaine campagne. « C’est pour moi le ratio optimum dans la mesure où il se traduit par une pression de sélection suffisante sur les génisses d’élevage tout en permettant de faire naître avec les femelles les moins intéressantes des broutards et génisses croisés bien valorisés » souligne Olivier Laporte, leur technicien Bovin Croissance qui suit également l’élevage dans le cadre du réseau de fermes de référence. Le taux de renouvellement oscille entre 15 % et 20 % selon les années. La bonne valorisation des jeunes vaches grâce au label rouge Bœuf Fermier Aubrac est analysée comme un atout pour accélérer l’amélioration génétique car elle incite à réformer sans hésitation toute femelle vide ou qui se décale.

Petits lots de vaches suitées

La mise à l’herbe effective n’a pas lieu avant le 10 à 15 mai. « On fait 5 à 6 lots de 12 à 15 vaches suitées. En procédant ainsi, les animaux sont plus tranquilles et les croissances sont meilleures. » Chaque lot est en pâturage tournant. Il reste une semaine à 15 jours sur chaque parcelle et ces dernières sont fréquemment recoupées avec une clôture électrique.

Seuls les mâles sont complémentés à compter de début juin avec des consommations avoisinant en moyenne 3 kilos par tête et par jour au cours des trois mois précédant la vente. Vendus en trois ou quatre lots, ils sont sevrés le jour de leur départ. Le poids légèrement supérieur des Aubrac comparativement aux croisés est d’abord lié aux aptitudes laitières de leurs mères. Sur les mâles, la plus-value liée au croisement peinait à dépasser 20 centimes du kilo ces dernières années. Pour des lots de qualité équivalente, elle avoisinait 30 centimes cet automne.

Le sexe-ratio a joué en faveur des femelles ces deux dernières années. Il a permis de vendre pour la reproduction quelques génisses dans le Sud-Ouest de la France. Pour les années à venir, l’objectif est de continuer à jouer sur le maigre, la viande produite dans le cadre de démarche qualité et plus modestement de la vente de quelques reproducteurs. « On ne vend pas de vaches pleines pour l’élevage. Actuellement, on trouve qu’elles sont mieux valorisées une fois finies, en jouant la carte du label ! »

accroche
Avis d’expert

"Rentrer des animaux en état"

« Avec un IVV moyen de 367 jours pour l’ensemble du troupeau et 363 jours entre le premier et le second vêlage, il va être difficile d’améliorer les performances de reproduction ! La mortalité des veaux est depuis plusieurs années légèrement en dessous de 5 %. Toutes les mères sont vaccinées en fin de gestation. Le suivi des vêlages et l’hygiène dans les bâtiments (nettoyeur haute pression au printemps puis désinfection et long vide sanitaire) contribuent aussi à expliquer ces résultats.

Le pâturage est bien géré. Il vise à optimiser la lactation des mères et la croissance de leurs veaux. Cela limite la consommation en concentrés des broutards et permet de rentrer les génisses et vaches destinées à l’engraissement suffisamment en état. »

Finition de la plupart des femelles

Pures ou croisées, les génisses d’un an sont mises à l’herbe ensemble au printemps. « On les trie fin juillet. Les croisées sont réunies en un seul lot et on commence à les complémenter à l’herbe avec 2 kilos par tête par jour. On veille à les rentrer assez tôt, généralement début novembre." Elles ont alors du foin à volonté et une ration de concentrés distribuée deux fois par jour en augmentant la quantité très progressivement, sans jamais aller au-delà de 6 kilos par tête par jour, même en fin d’engraissement. Les départs s’étalent de février à mai avec pour le lot de l’an dernier des génisses abattues entre 26 et 30 mois à un poids moyen de carcasse de 419 kilos et des classements en U = ou U +. Elles sont toutes valorisées dans le cadre de l’IGP « Fleur d’Aubrac ». Commercialisées par l’intermédiaire de l’organisation de producteurs Celia via sa filiale d’abattage Languedoc Lozère Viande, elles sont pour la plupart commercialisées auprès d’artisans bouchers du département de l’Hérault. « On préfère les engraisser sur une longue durée mais sans forcer sur la ration. En commençant à les complémenter tout doucement en fin d’été, on a gagné pratiquement 50 kilos de carcasse. L’important est de ne pas avoir d’à-coups dans les croissances. On en finit une douzaine par an. On trie parmi celles qui ont le plus de développement mais qui ne sont pas forcément pour autant les plus conformées et les plus fines d’os ». Celles jugées les moins intéressantes sont vendues maigres pour l’export. Les réformes commencent elles aussi parfois à être finies à l’herbe mais leurs dates de vente sont moins saisonnières que les génisses. Elles doivent surtout avoir moins de 10 ans pour pouvoir prétendre au label.

Chiffres clés
153 ha dont 17 de prairies temporaires (mélange dactyle fétuque fléole et trèfle hybride) et le reste en prairies permanentes et parcours avec un parcellaire pour partie en propriété, assez bien regroupé autour du siège de l’exploitation.
80 vêlages avec 35 % de croisement.
2 UMO

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