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Des clôtures pilotées à distance

Le suivi à distance des clôtures électriques simplifie l’organisation du travail et améliore la sécurité avec un diagnostic en temps réel de l’état de l’installation.

Le pilotage à distance est un outil très utile lorsque l'on doit maîtriser plusieurs sites de pâturage.
© Gallagher

Outre l’aspect purement pratique de pouvoir arrêter l’électrificateur à distance, les solutions de pilotage améliorent nettement la surveillance des clôtures, sans impacter la charge de travail. En accédant à l’historique des paramètres de fonctionnement de l’installation comme le niveau de tension, ces dispositifs offrent une traçabilité des événements survenus qui permet notamment de définir avec précision le moment où des vaches auraient traversé la clôture. « En plus de l’obligation de limiter l’énergie d’impulsion de l’électrificateur à 15 joules, la législation européenne impose à l’éleveur de disposer d’un historique des contrôles de sa clôture. Un élément décisif en cas de soucis liés à une divagation d’animaux », avertit Laurent Guillon, directeur commercial de Patura.

Le premier niveau de pilotage proposé par la plupart des fabricants d’électrificateurs depuis quelques années est le système de télécommande. Communiquant par contact avec le fil de clôture, il permet à l’éleveur de contrôler la tension, l’ampérage, le niveau de perte et surtout, de mettre en route et d’arrêter l’électrificateur à n’importe quel endroit de la clôture. La nouvelle télécommande Patura communique également par ondes radio, pour un pilotage indépendant du fil électrique.

Prises et capteurs connectés

Obligeant à être sur site et limitée par son affichage, la télécommande trouve ses limites, d’où le développement de dispositifs utilisables depuis un ordinateur, un smartphone ou une tablette. Cas le plus simple, la prise de courant connectée (avec carte SIM et abonnement) se limite à l’arrêt et la mise en marche de l’électrificateur à distance, par SMS ou appel téléphonique. Plus évolué, le capteur connecté VigiFence se branche sur le fil électrique et analyse en permanence la tension. En cas d’anomalie, il avertit immédiatement l’éleveur par SMS et/ou mail. Son principal avantage est de transmettre les données par le réseau Sigfox, fonctionnant en zones blanches, contrairement au module SMS de Gallagher qui offre la même fonction mais avec une carte SIM. Autre capteur connecté fonctionnant avec un modem GSM, le dispositif Luda. Fence de LudaFarm envoie une notification sur l’appli du smartphone en cas de baisse de tension observée tous les deux jours. Pour cette fonction de base, il fonctionne sans abonnement. Mais pour accéder à un suivi en temps réel, avec historique et paramétrage d’alertes, il impose un abonnement de 60 euros/an.

Suivi précis depuis le smartphone

Les spécialistes de la clôture ont développé des systèmes de diagnostic plus complets. Lacmé propose le boîtier L.Box qui s’installe à moins de cinq mètres de l’électrificateur. Il assure la transmission des données avec l’électrificateur via une box internet, la liaison entre les deux étant filaire (câble Ethernet ou CPL) ou sans fil en wifi. Lorsque la distance entre les deux boîtiers est trop importante, y compris avec des répéteurs wifi, Il est possible d’utiliser un routeur 3G/4G avec abonnement.

Pour 2019, Patura prépare également un dispositif de communication sans fil en accompagnement de son électrificateur P8000 Tornado Power. Il comprend une centrale, reliée à un cloud via internet, qui communique en liaison radio avec l’électrificateur, des stations de mesure de tension et des interrupteurs. Équipées d’un petit panneau solaire, les stations fonctionnent de manière autonome. La transmission des informations de proche en proche impose toutefois une distance maximale de 900 mètres entre deux stations. L’éleveur pilote l’ensemble depuis son application smartphone ou son PC, en accédant à des informations précises sur l’état de ses clôtures, grâce aux multiples stations de mesure. Il peut désactiver des sections de clôture en agissant sur les interrupteurs connectés. Outre l’historique des mesures, il peut visualiser une cartographie affichant l’état de l’ensemble des composants connectés.

Alarme GPS anti-vol

Dans le même temps, Gallagher s’apprête à lancer son application smartphone affichant les données issues d’un module de contrôle, fonctionnant en wifi pour communiquer avec une box internet. Cette appli donne accès en temps réel aux paramètres d’un électrificateur i Série et jusqu’à six modules connectés, pour un contrôle de six zones de clôture. Outre l’arrêt et la mise en route du poste, l’éleveur dispose d’un graphique de tension, d’un historique des événements, d’une gestion des alarmes…

Enfin, Horizont propose un électrificateur branché sur secteur ou sur batterie (Ranger AN 3000 GPS) équipé d’un modem GSM et d’un récepteur GPS. Outre le pilotage offrant les fonctions de marche/arrêt, de suivi de la tension, de la charge de la batterie (avec panneau solaire), de paramétrage des alertes, ce dispositif se distingue par une alerte antivol, lorsque l’électrificateur sort d’une zone géographique délimitée.

 

« Je pilote l’électrificateur depuis mon smartphone »

Avec une bonne partie de clôtures anciennes, qui créent souvent un circuit fermé, je n’ai jamais l’assurance de couper le courant avec la poignée. J’ai donc cherché une solution pour arrêter l’électrificateur de n’importe quel endroit de la parcelle, sans utiliser une télécommande encombrante et souvent incompatible avec des vieux fils », retrace Yann Kastler, éleveur et sélectionneur de Limousines (65 mères en conversion bio sur 140 hectares) à Rostrenen dans les Côtes-d’Armor. Il découvre ainsi, à l’automne 2016, la solution de pilotage à distance L.Box du constructeur Lacmé, qui lui sera proposée en test au printemps 2017. « Je l’ai utilisée durant les deux dernières saisons sur un poste, de début mai à fin novembre. Convaincu du système, j’ai investi dans un second dispositif que je compte installer prochainement sur un autre site. » Deux des quatre électrificateurs de l’exploitation seront ainsi pilotés depuis le smartphone de l’éleveur. « Il suffit d’installer l’application mobile et de s’identifier avec un code d’accès. L’interface permet d’arrêter et de mettre en route plusieurs postes, fonction qui me paraît la plus utile.

Une tension sous contrôle

Je dispose également de l’historique du niveau de tension. Il est possible de paramétrer des alarmes en cas d’anomalie, ce que je n’ai pas encore fait, de crainte d’être trop dérangé. Mais cela me permettrait d’agir plus vite en cas de soucis. » Avec l’expérience, Yann Kastler a pu observer que l’évolution de l’humidité impacte directement la tension. « En cas de grosse pluie, l’effet est immédiat avec la végétation alourdie qui vient au contact des fils. » Autre intérêt du suivi de la tension en continu, l’historique peut lui indiquer l’heure précise à laquelle des vaches ont pu s’échapper de la pâture. L’accès depuis une application mobile a aussi un avantage en termes d’organisation du travail, le salarié de l’exploitation pouvant l’utiliser depuis son smartphone. « Cela peut lui être utile lorsqu’il assure l’entretien de la clôture tout au long de la saison. Avec 220 animaux au pâturage sur une cinquantaine de paddocks et des clôtures majoritairement implantées en bordure de talus, il faut compter une journée de débroussailleuse par semaine pour se prémunir de trop fortes pertes de tension », illustre l’éleveur.

Une liaison wifi limitée en distance

En termes d’installation, Yann Kastler apprécie la simplicité du système qui impose seulement un petit boîtier supplémentaire avec l’électrificateur (Secur 2600 RF), pour un surcoût de 150 euros environ. « La liaison wifi entre le boîtier L.Box et la box internet de ma maison a l’avantage d’éviter l’utilisation d’un modem 3G/4G et la souscription à un abonnement. Il limite en revanche la distance entre les deux à 35 mètres. Pour mon second site qui dispose également d’une box internet, je vais devoir déplacer l’électrificateur pour respecter cette distance. » L’éleveur reconnaît également que la réussite du système est conditionnée par la couverture du réseau mobile, ce qui n’est pas limitant dans son cas.

 

 

« Une tension à toute épreuve »

Denis Mousset, éleveur à Saint-Germain-de-Martigny dans l’Orne, à la tête d’un troupeau de 110 Prim’holsteins, utilise depuis le printemps un électrificateur de dernière génération Patura P8000 Tornado Power. « La valorisation de l’herbe avec le pâturage est une de mes priorités pour gagner en autonomie alimentaire et rendre mon exploitation mieux armée face aux fluctuations des prix du lait. J’ai ainsi investi massivement, aidé par le PCAE, pour optimiser mon système de pâturage qui couvre 35 hectares, sur les 200 que compte mon exploitation. » Environ 15 kilomètres de clôture électrique permanente, réalisée dans les règles de l’art, parcourent l’ensemble de ses paddocks, regroupés à proximité de la stabulation. « Le succès d’une clôture électrique permanente, c’est avant tout de bien planifier son projet », assure l’éleveur qui a choisi de renouveler son électrificateur pour gagner en sérénité.

Des baisses de tension très limitées

« Avec sa réserve de puissance, le P8000 m’assure un niveau de tension garanti sur l’ensemble de la clôture. Je n’ai pas encore observé de baisses significatives, sauf à deux reprises où j’ai été surpris de découvrir le fil électrique mis au sol par la chute d’une branche. L’herbe était grillée et les vaches ne passaient pas ! Le poste arrivait donc encore à compenser pour maintenir une tension suffisante », assure Denis Mousset qui n’utilise même plus son boîtier VigiFence pour la surveillance des clôtures. Il lui suffit désormais de jeter un coup d’œil à l’électrificateur installé contre le mur extérieur de la stabulation, sur un lieu de passage. « Avec l’indicateur à leds, on se rend compte immédiatement s’il y a quelque chose d’anormal. Et lorsque je me rends dans les pâtures, j’embarque toujours la télécommande qui me permet de vérifier la tension et d’arrêter au besoin le poste. »

Une prise de terre irréprochable

Mais pour obtenir le meilleur de son nouvel électrificateur, Denis Mousset a porté un soin tout particulier à la qualité de sa prise de terre. « Pour mon ancien poste, j’avais planté trois piquets à 1,50 mètre de profondeur avec de la bentonite. Avec le P8000, j’ai dû en rajouter trois et, cette fois-ci, à 2 mètres de profond. Ces piquets sont espacés de 10 mètres, de manière à récupérer un maximum de courant. » Cette contrainte de la prise de terre est commune à tous les électrificateurs utilisant la technologie à ultrabasse impédance, dont le P8000 fait partie. Ce dernier se distingue également par l’emploi d’un système à induction pour le transfert de l’énergie, isolant l’électrificateur de son alimentation électrique. « Cette conception semble être l’atout principal pour conserver une tension élevée, malgré la limite des 15 joules imposée par la norme. » Une technologie dernier cri a toutefois un prix : 1 500 euros pour l’électrificateur, auxquels s’ajoutent 190 euros pour la télécommande. « Raisonné sur dix ans, cela ne fait que 170 euros par an. Ce n’est pas si cher payé pour se garantir la tranquillité », conclut l’éleveur.

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