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Au Gaec du Moulin Varret, dans l’Ain
De la rigueur à tous les niveaux

Chez Sylvain Berardet et Thibaut Colin, rien n’est laissé au hasard afin de composer au mieux avec les contraintes liées à la région de production et à la taille du cheptel.

« Je me suis installé en Gaec avec mes parents en 2008. J’ai repris à ce moment-là un cheptel voisin de 50 mères et 125 hectares. Ils sont venus compléter les 150 hectares de mes parents, l’atelier naisseur-engraisseur de 80 mères charolaises et l’atelier de 3 000 poulets de Bresse annuels. Fin 2008, mon père a pris sa retraite. Nous sommes restés à deux en Gaec, jusqu’à l’installation de Thibaut (Colin) en janvier 2017, précédemment salarié à plein temps sur l’exploitation pendant cinq ans. Il a repris un bâtiment et du foncier en location (60 hectares) en plus des parts de ma mère. Nous espérons diminuer nos achats de paille de litière avec les surfaces supplémentaires dont nous disposons désormais », explique Sylvain Berardet, l’un des deux associés. Ainsi, ils sont aujourd’hui à la tête d’un troupeau naisseur-engraisseur de 190 mères sur 360 hectares.

Le système est extensif en raison de sa localisation dans le Val de Saône. En effet, 60 % des surfaces de prairies se situent en zone inondable. « On peut avoir de l’eau jusqu’au mois de juin. Nous ne pouvons donc pas toujours compter sur ces prairies. Cela nécessite du stock fourrager », poursuit l’éleveur. Cette particularité a ainsi été intégrée dans la conduite du système. Les éleveurs le sécurisent avec le maïs et les cultures intermédiaires (RGI/trèfle incarnat sur 20 hectares avant un maïs récolté au 1er mai). « Nous disposons de très bonnes terres pour la culture de maïs (au moins 90 quintaux l’hectare), qui nous sauve les années sèches comme humides », souligne Thibaut Colin.

Vêlages groupés et prévention sanitaire

Les vêlages sont groupés sur deux périodes, l’une du 20 septembre au 20 novembre, l’autre du 15 janvier au 1er avril. À l’automne, ont lieu 60 % des mises-bas. Elles sont toutes issues d’inséminations, à l’inverse du printemps où la monte naturelle prévaut. La première période de vêlages a été mise en place de manière à sortir de bonne heure (mars/avril) des taurillons et de disposer ainsi de places dans le bâtiment. Les gestantes rentrent au fur et à mesure, en fonction de la date du terme. Si le temps le permet, elles ressortent une semaine après mise-bas. L’objectif des éleveurs est d’avoir des vêlages groupés. Un suivi échographique est réalisé pour les deux périodes. Toutes les vaches vides sont aussitôt réformées.

Les mères sont isolées dans une case pour le vêlage. « Nous les surveillons, tout comme la tétée. Depuis quatre ans, nous pèsons le colostrum sur environ 50 % du troupeau. Elles sont vaccinées contre les diarrhées néonatales et la BVD », ajoute Sylvain Berardet.

En bâtiment, les mères sont allotées par date de vêlage. Elles reçoivent au début une ration à base de foin et de farine (50 % orge-50 % seigle). Dès leur rentrée en bâtiment, autour du 15 novembre, les femelles qui ont vêlé sont alimentées avec du foin à volonté, de l’ensilage d’herbe (20 kg), de l’ensilage de maïs (5 kg), 1 kg de farine, des minéraux et du sel. Les rations sont distribuées avec une mélangeuse. Les gestantes ont du foin à volonté. Puis, quinze jours avant terme, elles reçoivent la même ration que les vaches suitées. « Depuis cinq ans, nous réalisons un profil métabolique, suite à des problèmes de cryptosporidiose rencontrés sur les veaux. Cette année, une cure d’iode et de cuivre a été réalisée. Associée à de bons fourrages, les frais vétérinaires s'en sont trouvés réduits. Il y a également beaucoup de paramphistomes, en lien avec le temps humide souvent accompagné de brouillard. C’est pourquoi nous réalisons des coproscopies annuellement. En règle générale, nous traitons également tous les ans », souligne Thibaut Colin. Pour limiter les problèmes pulmonaires, les veaux sont vaccinés contre l’entérotoxémie et la grippe. « Nous les avons d’ailleurs tondus cette année au moment de l’écornage. Nous avons eu des bons résultats l’hiver 2017 », précise Thibaut Colin.

Jouer sur les croissances compensatrices

« Les génisses vêlent à 3 ans. Nous profitons des croissances compensatrices pour les génisses de 1 an, qui hivernent dehors sur des terrains sains (sableux). Nous leur distribuons du foin avec de l’ensilage d’herbe (3/4) et de l’ensilage de maïs (1/4) dans une parcelle jouxtant l’herbage et destinée ensuite à un maïs. L’abreuvoir se trouve dans un abri pour éviter le gel. Nous pesons les génisses avant l’insémination. Nous avons acheté une bascule pour tout le monde et nous nous aidons d’un parc mobile quand la tâche est réalisée au pré. Durant le second hiver, les génisses disposent d’une ration à base d’ensilage d’herbe et de maïs (3/4 – 1/4) à hauteur de 16 kg, de 4 kg de foin et de minéraux. Suivant la qualité des fourrages (analysés tous les ans), nous complétons avec de la farine », notent les éleveurs.

Seuls les veaux nés l’automne sont complémentés l’hiver, à compter de décembre, avec un mash à 17 % de protéines et 30 % de céréales, et du foin à volonté. Dès la mise à l’herbe, qui intervient aux alentours du 10-15 avril, ils n’ont que de l’herbe. Des lots de vaches suitées sont constitués selon le sexe des veaux. Ceux-ci sont sevrés entre 9 et 10 mois (GMQ mâles : 165 kg à 120 jours et 265 kg à 210 jours). Ils sont rentrés en bâtiments. Les mâles y resteront jusqu’à l’abattage, aux environs de 19 mois pour un poids carcasse de 485 kg. Ils sont vendus à la coopérative Bovicoop comme l’ensemble des animaux.

Favoriser les vêlages faciles, la croissance et le lait

Les vaches vides rentrent à l’engraissement dès le sevrage pour une durée de trois à quatre mois. Leur ration est identique à celle des taurillons (21 kg de maïs ensilage, 1,6 kg de tourteau à 41 % de protéines, 500 g de paille, 100 g de minéraux, sel) mais en quantité supérieure et avec du foin à volonté. L'âge (maximum 8 ans) représente le second critère de réforme. Les éleveurs recherchent par ailleurs des vêlages faciles, de la croissance et du lait pour les mères. Pour le renouvellement, un premier tri est réalisé au sevrage (jumelles, moins belles). Environ une vingtaine de broutardes sont alors vendues. Un second tri est effectué environ trois mois après. Les femelles non gardées pour le renouvellement sont commercialisées en babynettes. « Nous en vendons environ une quinzaine entre 21 et 23 mois à 370 kg carcasse. »

Des Charolaises bien suivies
Chiffres clés

En 2017

Surface : 360 ha de SAU dont 270 ha de prairies (160 ha permanentes, 110 ha temporaires), 45 ha de maïs, 24 ha de blé, 13 ha d’orge, 5 ha de seigle
Cheptel : 190 mères charolaises naisseur-engraisseur (IVV : 388 j, taux de renouvellement 25 %, mortalité des veaux 10,6 %, premier vêlage 35 mois) – 2 500 poulets de Bresse par an
Chargement : 1,25 UGB/ha de SFP
Main-d’œuvre : 2 UMO + aide familiale
Avis d’expert

Christophe Gillier, conseiller bovins viande à la chambre d’agriculture de l’Ain

« Un système productif à l’homme et à l’animal »

« Une très bonne gestion du troupeau est primordiale, ce qui nécessite une conduite rigoureuse. Sur l’exploitation, il n’y a pas d’UGB improductive. Le système est très bien géré. Il est assez extensif sur les surfaces en lien avec la région et notamment les prairies de Saône. Les éleveurs essaient de contrôler un maximum de paramètres, ce qui est essentiel pour un troupeau de cette taille. Le système est remarquable car il combine une forte productivité à la personne et une importante productivité à l'animal : de bons résultats de reproduction et du poids. Les exploitants rationalisent beaucoup de choses tout en sécurisant sanitaire et fourrages. Par contre, la perte de l’ICHN (-15 000 €) met en difficulté l’exploitation qui subit les particularités du Val de Saône (fréquentes innondations). »

Pâturages collectifs

« Nous disposons de 150 hectares de pâturages collectifs en bord de Saône, répartis en deux parcs, l’un que l’on partage avec un autre exploitant, l’autre mis en commun avec quatre à cinq exploitations. C’est le conservatoire qui en possède une grande partie. Pour faire pâturer, il faut être indemne d’IBR. Ce sont de grands espaces avec peu d’ombre pour les animaux », explique Sylvain Berardet. Sur les bords de Saône, une digue a été construite. Un bief limite les effets des inondations sur les cultures et les foins. Une personne préposée par commune gère ainsi l’ouverture et la fermeture de la vanne pour réguler la hauteur d’eau entre le 1er mars et le 1er décembre.

« Le foin de prairie est de très bonne qualité. Toutefois, depuis quelques années, une mauvaise herbe (euphorbe) envahit les prés sans que l’on puisse la contrôler. Elle donne un goût au foin et multiplie les refus à l’auge », souligne l’éleveur.

Par sécurité, les clôtures électriques sont démontées tous les hivers. Si l’eau montait et venait à geler, cela enfoncerait les piquets et casserait les clôtures.

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