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Conférence de la souveraineté alimentaire : que demande Interbev au gouvernement ?

L’interprofession élevage et viande Interbev a présenté, ce 3 décembre en conférence de presse à Paris, ses principales demandes pour les Conférences de la souveraineté alimentaire dont les travaux devraient bientôt débuter. Les fédérations appellent l’Etat à tenir ses engagements présentés au Salon de l’agriculture 2024. 

Les représentants d’Interbev en conférence de presse à Paris ce mercredi 3 décembre.
« Nous tenons nos engagements. Nous demandons que l'État tienne les siens » martèle Jean-François Guihard, président de l’interprofession, en conférence de presse.
© Gaétan Merminod

Prévus dans le cadre de la loi d’orientation agricole (LOA), et initiées par la ministre de l’Agriculture, les travaux des Conférences de la souveraineté alimentaire devraient bientôt débuter. À cette occasion, l’interprofession élevage et viande Interbev a présenté, ce 3 décembre en conférence de presse à Paris, ses principales demandes en vue d’« enrayer la baisse du cheptel » et ainsi de « reconquérir durablement la souveraineté alimentaire de la France ». « Nous tenons nos engagements. Nous demandons que l'État tienne les siens » martèle Jean-François Guihard, président de l’interprofession. « Ce soutien ne peut pas venir uniquement du ministère de l'Agriculture. Nos sujets sont interministériels : Santé, Économie, Transition écologique, Éducation », poursuit-il. 

Que demande Interbev sur la PAC ?  

Pour l’interprofession, la souveraineté passe par la production, qui doit être davantage soutenue par la Politiques agricole commune (PAC). « Il faut que la PAC accompagne de manière plus forte les éleveurs, notamment les naissances d'animaux et la productivité » soutient Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine (FNB) et vice-président FNSEA. « Et sur le système de gestion des risques, nous avions posé en 2024 la difficulté de la reconnaissance des sinistres. […] Là encore, les choses traînent », regrette le président. 

Les accords commerciaux sont aussi sources d’inquiétude pour l’interprofession, citant les accords avec l’Australie, l’Inde et avec les pays du Mercosur. Sur ce dernier accord, « une ratification amènerait une concurrence déloyale assumée de la part de l'Union européenne » rappelle Patrick Bénézit. « Nous attendons évidemment que tout soit fait pour que la ratification de cet accord soit empêchée » indique-t-il.

Revoir : Controverses : l’accord Mercosur est-il bon ou mauvais pour l’agriculture ?

Interbev demande de maintenir le cadre réglementaire actuel sur le bien-être animal et le transport

Toujours au niveau européen, Interbev appelle à plus de « pragmatisme » pour les réglementations européennes, et plus d’harmonisation dans leur application dans l’UE. Sur le transport des animaux et le bien-être animal, « notre demande est très claire » soutient Michel Fénéon, vice-président de la fédération des commerçants en bestiaux : « Maintenir le cadre réglementaire actuel avec une application homogène dans toute l'Union européenne, sans surtranspositions ni règles déconnectées des réalités de terrain. » Et l’application du règlement européen sur la déforestation « va engendrer des contraintes administratives disproportionnées, alors même qu'il n'y a aucun risque avéré de la déforestation en France » soutient Michel Fénéon. 

Lire aussi : Bien-être animal en élevage bovin en Argentine : aucune contrainte, sauf pour l’engraissement

Une politique sanitaire « plus préventive »

Quant à la politique sanitaire en France, l’interprofession souhaite davantage de prévention via notamment la vaccination. Face aux maladies comme la MHE, la FCO ou la DNC, « il est urgent de mettre en place une véritable stratégie de prévention en amont […] gérée au niveau européen » affirme Michèle Baudoin, présidente de la Fédération nationale ovine (FNO). Notamment, la production « en masse » de vaccins « permettrait de fluidifier les échanges », soutient-elle.

Lire aussi : Dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) : un premier cas dans le Doubs, la zone 4 étendue, la zone 5 passe en zone de vaccination

La dématérialisation pour la filière bovine demandée dès 2026

Interbev demande aussi à l’Etat la mise en place dès 2026 d’une dématérialisation dans la filière bovine. L’objectif est d’aboutir à « une base de données qui soit fluide entre l'ensemble des acteurs » explique Bruno Colin, président du pôle animal de La Coopération Agricole. « La base de données nationale d'identification (BDNI) est devenue obsolète […] il est urgent que l'État réinvestisse pour faire une nouvelle base avec la profession » affirme-t-il. 

Egalim : Interbev veut faire appliquer les obligations d’approvisionnement

Concernant l’alimentation, l’interprofession appelle à renforcer la présence de la viande française en restauration collective. « Malgré la loi EGalim et la loi climat et résilience, les règles d'approvisionnement sont souvent trop peu appliquées. Les budgets sont souvent insuffisants » regrette Bruno Colin. L’interprofession appelle donc les pouvoirs publics à faire appliquer les obligations d’approvisionnement prévues, à savoir 60 % de viande durable et de qualité, 100 % dans la restauration de l'État et 20 % de produits bio.

Lire aussi : FNB : " Egalim 4 doit intégrer les coûts de production "

Un étiquetage plus transparent et un affichage environnemental qui « valorisent réellement les atouts de l’élevage herbager »

Pour les consommateurs, Interbev demande plus de transparence dans l’étiquetage de l’origine. En particulier, l’interprofession souhaite un renouvellement du décret obligeant d’indiquer l’origine des viandes utilisées comme ingrédients dans les produits transformés. Et appelle les pouvoirs publics à mobiliser les logos « Viande de France » déjà développés pour l’étiquetage des viandes. « Nous avons confiance dans le fait que le citoyen est capable de s’impliquer dans la souveraineté » affirme Gérard Cladière, président du groupe viande de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). Et sur l’affichage environnemental des produits alimentaires, Interbev demande qu’il « reflète la durabilité réelle de l’élevage herbager et d’éviter des signaux trompeurs pour les consommateurs ». 

L’interprofession appelle aussi à revoir les hypothèses de la stratégie nationale bas carbone concernant les ruminants, « afin d'éviter toute hausse mécanique des importations qui mettraient immédiatement en danger la souveraineté alimentaire » expose Yves Fantou, président du syndicat Culture Viande. Et souhaite mieux valoriser la viande dans l’équilibre alimentaire, notamment dans les repères nutritionnels : Programme National Nutrition Santé, Stratégie Nationale Alimentation Nutrition Climat, restauration scolaire. Concernant la Snanc, le président Jean-François Guihard explique attendre sa publication. « Notre filière agit, et s'engage en faveur d'une alimentation équilibrée, favorisant la consommation de viande durable, et produite en France. Nous espérons que ce rapport a été élaboré en conscience de notre rôle sociétal », affirme-t-il.

Lire aussi : Toujours pas de stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat

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