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Complémentation des veaux d’automne, quelle stratégie ?

L’alimentation hivernale des veaux d’automne est un poste de charges important. Quelles incidences sur les performances ? Quel intérêt économique ? Point sur les données disponibles sur le sujet.

Le lait bu reste la base d’une bonne croissance. La complémentation est à raisonner selon les objectifs de croissance et le type d’animal recherché.
© F. D'Alteroche

« Aujourd’hui, 30 % des vêlages ont lieu en automne. Aussi se pose la question de l’alimentation hivernale de ces veaux, poste de charges important avec l’augmentation du prix des matières premières », soulignait Pauline Madrange de l’Institut de l’élevage, au cours d’une conférence organisée au Sommet de l’élevage, avant d’ajouter, « bien entendu, le lait bu reste le premier atout pour une bonne croissance du veau. » Le niveau de complémentation est, quant à lui, à raisonner selon les objectifs de croissance, différents selon le type d’animaux recherché : broutards, broutards repoussés, jeunes bovins, bœufs…

Des travaux conduits aux stations expérimentales de Jalogny en Saône-et-Loire (110 vaches charolaises, JB en engraissement et 90 veaux reproducteurs en station d’évaluation, sur une SAU de 215 hectares) et des Etablières Vendée (130 vaches charolaises, 200 taurillons engraissés et 40 veaux reproducteurs en station d’évaluation, sur une SAU de 153 hectares) ont permis de traiter des questions de l’incidence du niveau de la complémentation sur les performances des veaux jusqu’au sevrage puis pendant la phase d’engraissement, de l’impact de différents types de rations (fermières, du commerce, ration sèche ou à base d’ensilage) et de l’intérêt économique pour l’éleveur.

Un intérêt économique dépendant des conditions de pâturage

Afin de rechercher un niveau optimal de complémentation pour la production de broutards repoussés, deux lots de 12 couples mère-veau mâle ont été mis en place deux années de suite à Jalogny (2015-2016 et 2016-2017). L’aliment distribué a été le même pour les deux lots à savoir, du foin à volonté avec un prémix veau (50 % d’orge, 25 % de pulpe déshydratée, 23,5 % de tourteaux de colza et 1,5 % d’AMV). La différence s’est faite sur le niveau d’apport : 1,5 kg/100 kg de poids vif pour le lot haut et 1 kg/100 kg de poids vif pour le lot bas.

Les croissances des veaux les plus complémentés ont été, les deux hivers, plus élevées. Par contre, les croissances une fois la mise à l’herbe effectuée ont été différentes. En effet, au printemps 2016, les croissances aux pâturages ont été supérieures pour les veaux les plus complémentés, alors qu’au printemps 2017, ce sont les croissances des veaux les moins complémentés l’hiver qui ont été les plus importantes. Les veaux les moins complémentés ont eu un gain de poids de 1 612 g/jour au pâturage 2017 contre 1 329 g/jour pour les veaux du lot haut. Le gain de poids des veaux du lot bas sur l’ensemble de la période a été supérieur de 10 kg avec une consommation inférieure de 58 kg de concentré sur la période expérimentale. « Finalement, sur la première campagne (2015-2016), le gain de poids a été supérieur de 26 kilos pour le lot le plus complémenté avec une consommation supplémentaire de concentré de 78 kg/veau sur la période expérimentale. »

Ration fermière : impact économique positif, résilience accrue

Avec un prix du kilo vif à 2,8 € et un concentré à 237 €/tonne, le gain net (hors foin) du lot haut s’est élevé à 55 € par veau en 2015/2016. A l’inverse, en 2016-2017, l’avantage économique de 41 € par veau (concentré à 219 €/t, même prix du poids vif) est allé aux animaux du lot moins complémenté. « Ainsi, l’intérêt économique d’un niveau de complémentation supérieur est dépendant des conditions au pâturage mais aussi des effets de conjoncture. Il est donc important de mettre à disposition des animaux une bonne qualité de pâturage et de ne pas avoir un niveau de croissance trop élevé en bâtiment pour ne pas pénaliser les croissances au pré ou en engraissement par la suite », observe Pauline Madrange « attention toutefois, lors de la phase de pâturage, il n’y a pas eu de différenciation de la consommation de concentré (rationné à 3 kg/animal). Une expérimentation pourrait être mise en place avec un niveau de complémentation non plafonné pour voir l’intérêt économique global. »

Aux Etablières, les expérimentations se sont attachées à tester deux types d’alimentation, l’une fermière (ensilage maïs, foin, blé et tourteaux de soja) et l’autre avec des aliments du commerce (foin et concentré du commerce) sur des veaux mâles et femelles nés à l’automne jusqu’au sevrage. Pour les mâles, le suivi des performances s’est poursuivi jusqu’à l’abattage en tant que jeunes bovins. « L’objectif de croissance a été fixé pour les veaux mâles à 1 300 g/jour pour un sevrage à 7 mois, à 280 kg minimum. Les performances de croissances ont été similaires entre les deux lots de deux mois d’âge au sevrage puis à l’abattage. Au final, on note une amélioration de l’EBE de 32 € par veau pour l’hiver avec la ration fermière. Pour que la ration foin + aliment du commerce soit compétitive, ce dernier doit afficher un prix de 175 € la tonne maximum. En utilisant les aliments fermiers, on augmente par ailleurs l’autonomie alimentaire et ainsi la résilience de l’exploitation », indique Tanguy Bodin de l’Institut de l’élevage.

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