Tavelure de la pomme : le biocontrôle n'est pas encore assez efficace
Des alternatives à la référence cuivre-soufre sont testées en station pour lutter contre la tavelure du pommier. Pour l'instant, leur efficacité est moindre.

Sera-t-il bientôt possible de se passer du duo soufre-cuivre pour maîtriser la tavelure de la pomme en bio ? Cela ne semble pas encore le cas, d'après les essais du centre CTIFL de La Morinière. Depuis 2023, dans le cadre du projet BioControlTav, il évalue l’efficacité de plusieurs produits de biocontrôle, notamment des produits utilisés sur d’autres productions et non encore homologués pour cet usage, et de préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP), sans qu'aucune référence n'arrive au même niveau de protection que le traditionnel combo cuivre-soufre.
Le CTIFL a notamment suivi le Limocide (huile essentielle d’orange douce, utilisable en préventif et curatif, non autorisé pour cet usage), le Thiopron Rainfree (soufre associé a un adjuvant d’origine naturelle obtenu par fermentation de Xanthomonas campestris) et le BNA Dry (hydroxyde de CaO, non autorisé pour cet usage). Les produits ont été testés en préventif, sur la Galaval, variété sensible à la tavelure. En 2024, alors que 94% des fruits étaient tavelés sur le témoin non traité et 60,9% avec la référence cuivre-soufre, les alternatives ont permis de légèrement réduire le taux de fruits tavelés. Le Thiopron® Rainfree (67,3% de fruits tavelés) et le BNA Dry™ (72,3% de fruits tavelés) ont donné les meilleurs résultats.
Le Limocide, testé en 2023 et 2024, montre aussi une certaine efficacité mais « peut toutefois présenter un risque de phytotoxicité à forte dose, alors qu’il est déjà utilisé pour d’autres usages, contre les pucerons notamment » nuance Lisa Blondé, ingénieur d'expérimentation du centre CTIFL de La Morinière, en Indre-et-Loire.
Un intérêt en alternance en cas de faible pression
« Des tendances à la réduction des dégâts de tavelure apparaissent pour plusieurs produits alternatifs, mais de façon en général non significative et moins efficace que la référence cuivre-soufre, résume Lisa Blondé. Ces produits pourraient être utilisés en alternance avec le cuivre-soufre dans les cas de faible pression, pour réduire les doses de cuivre. Ils s’avèrent par contre insuffisants en cas de forte pression. » Les travaux vont donc se poursuivre sur d’autres produits de biocontrôle et préparations naturelles peu préoccupantes. Une perspective est d’approfondir les travaux sur les traitements curatifs et de commencer à travailler la période de contaminations secondaires. « Une seule substance est principalement utilisée en curatif/stop en PFI et en AB, la bouillie sulfocalcique, rappelle Lisa Blondé. Quant à la période de contaminations secondaires, il y a peu de connaissances biologiques et peu de travaux ont été réalisés dessus. Une piste serait donc de travailler ces deux aspects. »
Affiner les modèles
Plusieurs modèles biologiques, notamment RIMPro et FruitWeb, permettent de prédire le risque tavelure. « Leur utilisation est devenue courante par les producteurs pour confirmer leurs choix de traitements » souligne Lisa Blondé. Le centre CTIFL de La Morinière a comparé les prédictions de RIMPro à la réalité des projections d’ascospores de tavelure depuis plusieurs années. « La prédiction des dates de pic de projection est bonne, rapporte l’expérimentatrice. La prédiction de l’intensité des projections évolue toutefois avec les prévisions météorologiques. Plus on se rapproche de la pluie, plus la précision est élevée. Dans le Nord-Est de la France, les pics de début de saison sont parfois surestimés, et donc les pics de fin de saison parfois sous-estimés. » Les essais vont se poursuivre pour affiner la précision des modèles.
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