Récolte maïs grain 2025 : des pertes significatives de rendement à prévoir
Les deux épisodes de canicules connus cette année ne seront pas sans impact sur le maïs grain, particulièrement sur les parcelles non irriguées. Il faut d’ores et déjà prévoir des pertes de rendement élevées sur certains territoires.
Les deux épisodes de canicules connus cette année ne seront pas sans impact sur le maïs grain, particulièrement sur les parcelles non irriguées. Il faut d’ores et déjà prévoir des pertes de rendement élevées sur certains territoires.

Le rendement du maïs va baisser de manière significative par rapport à la moyenne de ces dernières années. Mais de combien ? La note Agreste du ministère de l’Agriculture parue début août attestait déjà d’une prévision de récolte du maïs grain à 13,7 millions de tonnes, en baisse de 5,5 % sur un an malgré des surfaces cultivées en hausse de 2,3 %. Cela équivaut à un rendement moyen de 88 q/ha contre 95 q/ha en 2024, 103 q/ha en 2023… L’épisode de canicule de juin avait surtout affecté la production en Occitanie et dans les Pays-de-la-Loire où l’on estimait dans certains départements des pertes de rendement de 30 % par rapport à 2024.
Plus de la moitié des maïs à moins de 50 % d’humidité du grain
Depuis, il y a eu l’épisode de canicule du mois d’août, long et intense en certaines zones. Les maïs sont très en avance dans leurs stades de développement. Selon les données CéréObs de FranceAgriMer, les maïs étaient à une humidité du grain de 50 % au 18 août sur déjà 50 % des surfaces en Nouvelle-Aquitaine (contre 18 % en moyenne sur 2020-2024), 53 % en Auvergne Rhône Alpes, 47 % en Occitanie, 52 % en Centre-Val de Loire… La canicule a agi comme un accélérateur avec des répercussions sur les dates de récoltes et les rendements.
De premières récoltes de maïs dès fin août en Occitanie
« Nous allons démarrer les récoltes dans dix à quinze jours pour les maïs en sec, témoigne Clément Roux, directeur du commerce du grain à la coopérative Arterris (Occitanie). Nous avons une quinzaine de jours d’avance. Nous avons des maïs dans le Tarn-et-Garonne déjà à 16 % d’humidité en non irrigué et 19 % pour les parcelles irriguées. » Avant d’avoir pu recueillir assez de retours du terrain, l’expert s’attend à des rendements très en retrait, surtout en maïs en sec. « Je ne serais pas étonné de voir une moyenne de 4 t/ha à 4,5 t/ha, au lieu de 6 t/ha en moyenne sur notre territoire. La perte de rendement devrait être en revanche limitée en maïs irrigué (11-12 t/ha) qui représente 60 % de notre volume de collecte. »
Un remplissage des grains de maïs mis à mal par la canicule d’août
Dans la Vallée du Rhône, les premières récoltes de maïs grain devraient se tenir le 15 septembre, « avec des humidités très basses à prévoir, aux alentours de 20-22 %, selon Raphaël Comte, directeur métiers du grain de la coopérative Oxyane (Rhône-Alpes). Nous prévoyons d’ores et déjà une perte de rendement de 25 à 30 % en maïs grain sur notre territoire », estime-t-il.
Le spécialiste notait seulement les premières remontées de terrain, avec un fort impact de la seconde canicule en août. « Elle a eu plus d’effet que la première canicule de juin. Elle a duré de 9 à 11 jours selon les secteurs avec des températures très élevées. Je n’avais pas vu une telle intensité depuis 2003. Dans ces conditions, la plante s’arrête de fonctionner avec une interruption précoce de remplissage des grains. Je crains de très petits PMG (poids de mille grains) pour les récoltes à venir. » Les maïs irrigués seront mieux préservés mais ils ne représentent que le quart de la sole dans la zone couverte par Oxyane.
Un impact fort de la première canicule sur la fécondation des maïs dans le Sud-Ouest
En Occitanie, c’est plutôt la première canicule de juin qui a affecté les maïs. « Le mois de juin très sec a eu beaucoup d’impact sur les cultures d’été à cause du manque d’eau, davantage que l’absence d’eau entre le 1er et le 15 août, selon Clément Roux. Le mal était déjà fait début août, avant la seconde canicule. »
Responsable technique d’Agro d’Oc (Sud-Ouest), Marie Guilhamoulat constate également un impact de la première canicule de fin juin. « Sur des parcelles en floraison avec en particulier des variétés tardives de maïs, les fortes températures ont eu pour effet de griller des soies, de rendre le pollen infertile, d’où de gros problèmes de fécondation. » L’effet de la seconde canicule est moins flagrant sur les situations de maïs irrigués. « Le régime d’irrigation fait toute la différence par rapport à ces conditions climatiques, à savoir la capacité des agriculteurs à tenir le rythme d’alimentation en eau des maïs, confrontés à des restrictions d’irrigation qui sont très variables selon les zones. » Le rendement pourrait être revu à la baisse, avec des situations très hétérogènes.
L’aflatoxine, une mycotoxine qui risque d’être le sujet de l’année sur maïs
L’irrigation a pour effet d’atténuer la hausse de température sous le couvert de la culture. Mais les maïs en sec prennent de plein fouet ces températures extrêmes. Cela fait craindre à Clément Roux le développement d’aflatoxine, une mycotoxine très dangereuse que l’on rencontre sous des conditions tropicales. « Nous connaissons des étés avec des températures à 40°C de manière récurrente mais pas avec une aussi longue durée que cette année. Nous nous préparons à la présence d’aflatoxine dans les grains avec un plan de ségrégation des récoltes en cas de contamination. Un contrôle en amont des premières bennes de maïs en sec sera effectué pour vérifier la présence ou non d’aflatoxine. » Des contrôles sont réalisés sur différents territoires au travers d’un réseau officiel avec le suivi et des analyses menées par des experts d’Arvalis.