Pommes et poires : quelles prévisions de récoltes 2025 en Europe ?
Prognosfruit, qui s’est déroulé début août à Angers, a dévoilé des prévisions 2025 de production de pommes et poires européennes dans la lignée de l’an passé. L’état des stocks, la qualité de la récolte en cours et le niveau des prix augurent d’un bon début de campagne en Europe.
Prognosfruit, qui s’est déroulé début août à Angers, a dévoilé des prévisions 2025 de production de pommes et poires européennes dans la lignée de l’an passé. L’état des stocks, la qualité de la récolte en cours et le niveau des prix augurent d’un bon début de campagne en Europe.


La cinquantième édition de Prognosfruit, le principal événement européen de la filière des pommes et des poires, s’est déroulée du 6 au 8 août en France, à Angers (Maine). Coorganisé par la Wapa (World Apple and Pear Association, l’association mondiale de la pomme et de la poire) et l’ANPP (Association nationale pommes poires), le congrès a rassemblé plus de 220 professionnels venus de vingt-trois pays sur les cinq continents. Les participants ont pu découvrir les dernières prévisions de récolte pour 2025-2026, assister à des ateliers sur les évolutions du marché (transformation, durabilité) et suivre des visites techniques dans l’un des principaux bassins de production de l’Hexagone.
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Une production de pommes stable et de qualité en UE
Si le contexte général est plus incertain que jamais (nouvelle PAC, tensions géopolitiques, droits de douane…) et les productions prévues pour la nouvelle saison stables à un niveau relativement bas, les éléments propres au marché semblent de nature à redonner le sourire à ses acteurs. « Le marché est robuste et dynamique » a lancé en début de conférence Philippe Binard, le secrétaire général de Wapa. Avec une qualité attendue au rendez-vous, des taux de sucre élevés, des prix en progression, une consommation moyenne de pommes se rapprochant à nouveau des 15 kilos par habitant, et des stocks bas, les producteurs européens peuvent de fait appréhender ce début de saison avec sérénité.
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Au niveau de l’UE, la production de pommes devrait selon les données collectées par Wapa atteindre les 10,45 millions de tonnes. Stable par rapport à 2024, cette récolte serait l’une des plus faibles des dix dernières années, inférieure de 7,5 % à la moyenne des trois années précédentes. Ces rendements plutôt faibles, loin du potentiel des 13 millions de tonnes, s’expliquent par les aléas climatiques mais aussi par le déclin des surfaces, l’évolution vers de nouvelles variétés moins productives et des conversions en bio. Variétés dominantes en Europe, Golden Delicious et Gala seraient stables cette saison, tandis que les clubs progresseraient entre 4 et 10 %.
La France atteint presque 1,5 million de tonnes de pommes
La production française de pommes, au troisième rang européen avec 14 % de la production derrière la Pologne (32 %) et l’Italie (22 %), suivrait une tendance légèrement plus positive avec une récolte 2025 autour de 1,48 million de tonnes, contre 1,43 million en 2024 (+3,6 %). « Nous sommes loin du potentiel à 1,7 million », regrette Pierre Venteau, le directeur de l’ANPP, en ciblant l’impact du puceron sur la récolte, notamment dans le Val de Loire.
Au niveau variétal, Golden Delicious (25 % de la production) et Gala (18 %) seraient en baisse respective de 3,8 et 0,4 %, tandis que Cripps Pink progresserait de 5,3 % et Granny Smith de 22 %. La production française de pommes bio serait, quant à elle, en légère progression de 3,6 %, à 104 000 tonnes, mais loin des 139 000 tonnes de 2022, tandis qu’elle progresserait de 2,6 % au niveau européen, à 605 000 tonnes.
Prognosfruit a également dévoilé les récoltes attendues dans les principaux pays producteurs de l’hémisphère nord. Le fait marquant est la grosse baisse de production de pommes prévue en Turquie (-38,7 %, soit un déficit de 1,7 million de tonnes sur 2024) et dans des pays de l’est européen (Moldavie, Serbie, Ukraine), due à des gels tardifs, qui pourrait faire naître pour les producteurs européens de nouvelles opportunités à l’export, vers l’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique ou l’Europe de l’Est.
« La France a démarré la saison avec des prix plus élevés que l’an dernier » : Eva Würtenberger, experte allemande des marchés agricoles.
Des volumes stables pour la poire
Au niveau de la poire, les volumes attendus sont également à la stabilité, tant au niveau européen que national. La production européenne 2025 devrait atteindre 1,79 million de tonnes (+1,4 %), tandis que la production française, au cinquième rang européen, monterait à 140 000 tonnes (+2 %). Avec des stocks quasiment épuisés, pas de chevauchement avec les productions de l’hémisphère sud, les conditions de lancement de la campagne sont favorables.
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« La France a démarré la saison avec des prix plus élevés que l’an dernier », a relevé Eva Würtenberger de l’AMI (société allemande d’informations sur les marchés agricoles). La baisse de production en Turquie, mais aussi en Italie (-25 %), pourrait là aussi ouvrir à certains des marchés export.
Transformation et valorisation
Plusieurs intervenants ont évoqué le dynamisme de l’activité transformation. En 2024-2025, l’industrie a absorbé 33 % des pommes européennes, 42 % étant consommées fraîches localement, 17 % vendues en intra UE et 8 % exportées. La praticité et l’immédiateté des produits transformés séduisent de plus en plus de consommateurs. Ainsi la consommation de compotes a doublé en France entre 2007 et 2022, un dynamisme qui « met en tension le modèle économique » de la filière, a relevé Guillaume Argand, PDG de Valade.
« En France, la valeur des produits transformés est devenue supérieure à celle des produits frais sur la pomme », alerte Daniel Sauvaitre, président de l’ANPP.
Président de l’ANPP et d’Interfel, Daniel Sauvaitre a indiqué qu’en France « la valeur des produits transformés est devenue supérieure à celle des produits frais sur la pomme ». Il a fait état d’une meilleure, mais insuffisante, valorisation des pommes vendues à l’industrie, d’un ratio d’un tiers du prix du frais jusqu’il y a trois ans à la moitié aujourd’hui. Et jugé « légitime que le producteur revendique la vente de ces pommes, qui ne sont pas un sous-produit, à leur prix de revient ».
Daniel Sauvaitre, président de l’ANPP : « Les feux au vert »

Comment se présente la récolte de pommes et poires 2025 en France ? Le président de l’ANPP, Daniel Sauvaitre, répond. « Nous avons connu de bonnes conditions en France avec de l’eau en hiver, un printemps sans gel, une floraison assez abondante. Après un juin chaud, nous avons constaté un bon grossissement en juillet et le tout début de récolte se passe bien. Les feux sont au vert. Les ventes sont dynamiques. Mais les producteurs ont dû lutter pour contrôler le puceron et la tavelure. Nous avons besoin de moyens supplémentaires pour protéger nos cultures contre les ravageurs. Et souhaitons que l’homologation des produits formulés soit délivrée directement par l’Union européenne. Nous espérons aussi un débouché soutenu en transformation. Nous avons fait ces dernières années un effort important de diversification variétale, de conversion au bio, qui a atteint ses limites. L’inflation a généré un resserrement de l’offre, avec moins de référencements en GMS (1) et une compétition accrue entre variétés. Nous avons par ailleurs besoin d’une grande distribution qui investisse plus au niveau du rayon. L’impact de la formation et du savoir-faire sur le chiffre d’un rayon est évident. Le kilo de plus consommé par les Français peut venir d’un travail des distributeurs, que nous souhaitons engager avec eux. On se félicite enfin que les engagements des GMS sur l’origine France soient suivis par des actes, mais cela reste plus compliqué sur la question du prix de revient ».
(1) Grandes et moyennes surfaces (grande distribution).