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Marché des céréales
Offre limitée en céréales bio, une menace pour la dynamique de la demande ?

Avec la croissance de la consommation en produits bio se pose la question de l’offre. En céréales bio, ça tient… pour le moment, mais le marché se tend.

© Thierry Michel-La Dépêche-Le Petit Meunier

Si l’alimentation bio, et donc l’agriculture bio, a le vent en poupe depuis quelques années, des événements récents ont donné un coup de projecteur supplémentaire sur ce secteur. Il s’agit notamment de la crise sanitaire liée au coronavirus et la période de confinement/déconfinement qui y est associée. À cette occasion, il semble que le consommateur a redéfini certaines valeurs liées à l’alimentation et aux modes de consommation : le bio fait partie de cette évolution, associé aux notions de goût, de proximité/local ou encore d’amélioration de la qualité sanitaire.

Le coronavirus s’est traduit par une ruée sur certains aliments, dont la farine, le riz ou encore les pâtes. Et la version bio de ces produits a suivi le mouvement. Ceci est aujourd’hui avéré, au moins pour la période du confinement, les chiffres de l’Agence bio mais aussi ceux des différents cabinets d’études sur la consommation alimentaire en attestant. Naturellement, le déconfinement a tempéré cet effet d’aubaine mais les opérateurs producteurs, fabricants ou encore distributeurs constatent quasiment tous que le bio demeure à un haut niveau de dynamisme par rapport à l’avant crise. D’effet d’aubaine, on passe à une vraie tendance. Reste encore à la mesurer et à observer sa durée pour savoir si la tendance devient une habitude alimentaire structurelle.

Du point de vue de la production, de l’approvisionnement et donc de l’offre en matières premières céréalières bio, difficile de tirer des conclusions définitives à ce jour, d’autant que les regards sont aujourd’hui plus tournés vers les difficultés liées à la récolte 2020 que vers une stratégie à plus long terme.

Collecte, consommation et importations

La section bio de La Coopération agricole (75 % de la collecte nationale en blé tendre bio) indique qu’elle est en train de mener son enquête Moisson en ce moment et que les résultats seront connus à partir du 8 octobre. « Il n’y a donc pas de tendance pour le moment. Ce qui est certain, c’est que le volume de collecte bio ne suivra pas le conventionnel, car même si les rendements sont décevants, les surfaces se sont encore beaucoup développées ces deux dernières années », précise La Coopération agricole. On risque surtout d’enregistrer une très grande hétérogénéité entre différentes régions productrices.

Différentes structures de production interrogées avancent une collecte qui pourrait atteindre 190 000 à 200 000 t de blé certifié AB ou encore d’une baisse d’un quart en volume par rapport à l’an passé (en 2019, 190 000 t ont été produites en certifié AB et 60 000 t qualifiées C2). Sur la campagne 2018/2019, la meunerie bio avait utilisé 164 681 t de blé tendre et les Fab bio 63 535 t, selon le dernier rapport 2020 de l’Observatoire des prix et des marges de FranceAgriMer. Le marché risque donc d’être tendu.

Le même document fait état de 26 381 t de blé tendre bio importées en 2018/2019. Différents meuniers contactés estiment que la France pourrait importer entre 60 000 et 70 000 t pour la campagne actuelle. Ces volumes viendront majoritairement, a priori, d’Allemagne, d’Autriche ou encore d’Italie. Les origines Pays de l’Est et Russie font moins peur aujourd’hui qu’il y a trois ans, mais les opérateurs se posent des questions sur des blés qui pourraient venir d’Amérique du Sud.

Éviter les ruptures

Des solutions existent pour éviter des ruptures d’approvisionnement. L’une d’entre elles consiste à passer des contrats entre producteurs et collecteurs et/ou utilisateurs afin d’avoir une meilleure visibilité sur la demande et l’offre. Le travail en partenariat entre les différents acteurs de la chaîne est également fondamental sur le long terme pour faire correspondre volonté de production d’un produit fini et moyens à mettre en œuvre pour y parvenir. 

La plupart des meuniers ou pastiers qui travaillent le bio disent être couverts et ne pas s’inquiéter pour leur activité en propre et leurs marques. L’arbitrage se fait avec les blés bio utilisés pour la fabrication pour compte de tiers, notamment les MDD (sauf lorsque le cahier des charges le stipule comme pour le blé bio origine France utilisé par Alpina Savoie pour le compte de Carrefour). Autre élément à prendre en compte : éviter de basculer des volumes de blés meuniers, par exemple, vers la filière fabrication d’alimentation animale de façon trop précoce dans la campagne.

 

Tendance durable et bio au Sirha Green

Le Sirha Green, salon professionnel de la restauration durable, s’est malgré tout déroulé du 6 au 8 septembre à Lyon, dans le contexte de crise sanitaire que l’on sait. Le nombre de visiteurs ayant sillonné les allées n’est pas encore connu (au 10 septembre), mais les organisateurs ont accueilli environ 230 exposants et marques. Ils ont notamment proposé une trentaine d’agoras avec des chefs comme intervenants (l’une était consacrée à la bière au miel avec la brasserie rhodanienne La Soyeuse et une autre concernait l’huile d’olive) et des débats thématiques avec, par exemple, un sujet sur la restauration collective solidaire des terroirs.
Le luxembourgeois et alsacien Pains et tradition est venu exposer ses méthodes de travail « slow bakery » certifié en Allemagne (fermentation et pétrissage long notamment) et son implantation dans le Rhône. Moulin Marion a expliqué la dynamique de demande sur le petit épeautre ainsi que son travail d’organisation en filière sur le blé dur origine France et avec le cluster bio dans la Drôme. Payapate a présenté une paille en blé dur d’une durée de vie plus longue que les pailles en carton remplaçant les pailles en plastique interdites, et la filiale Epi & Co Bio de Téréos ses bouchées gourmandes végétales à base de protéines de blé et de pois chiche origine Europe (Italie pour le blé, coopérative française partenaire pour le pois chiche). Les Nouveaux Fermiers détaillaient leur offre de substitut de viande à base de protéines de blé, de soja non-OGM et de pois. Quant à Maltivor, spécialiste de la farine à partir de drêches de brasserie, il travaille sur une certification bio à venir et sur la production d’un sablé pour 2022.

 

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