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Marché de la tomate 2025 : côtelée qui rit, cerise qui pleure

Si les données Agreste tablent sur un bilan plutôt positif de la saison tomate 2025, la réalité est plus nuancée lorsque l’on interroge les principaux acteurs du marché. Le segment de la tomate cerise devient problématique.

<em class="placeholder">46,5 % des foyers ont acheté au moins une fois des tomates côtelées sur un an, au 13 juillet 2025.</em>
46,5 % des foyers ont acheté au moins une fois des tomates côtelées sur un an, au 13 juillet 2025.
© C. Gerbod

Selon les prévisions arrêtées au 1er septembre 2025, Agreste estime la production française de tomate pour le marché du frais à 504 300 tonnes pour la campagne 2025, en très légère hausse par rapport à 2024 (+ 1 %). Le service statistique souligne que les prix d’août 2025 ont été en hausse de 10 % par rapport à ceux de la campagne 2024 et de 29 % comparés à la moyenne 2020-2024 sur le même mois.

Toujours au chapitre des bonnes nouvelles, la tomate est toujours plus populaire. Selon les données Kantar, 96,6 % des foyers français en achètent (données sur un an arrêtées au 13 juillet 2025). C’est encore 0,6 point de plus que deux ans plus tôt. Selon la note de conjoncture FranceAgriMer, les quantités achetées ont atteint presque 9 kg par ménage sur la période janvier-juillet 2025, 5,8 % de plus qu’en janvier-juillet 2024. La météo, globalement plus favorable à la consommation que celle de l’été 2024, a aussi dynamisé les ventes.

Un bon millésime pour la tomate grappe

Philippe Fort, directeur commercial et marketing de Les Paysans de Rougeline apprécie le bilan « relativement solide pour les grappes, rondes, allongées et charnues ». Il juge les résultats dans la moyenne des dernières années avec un volume et une valorisation stable.

« On note le retour de la tomate ronde grappe. Il y a eu une meilleure stabilité sur l’été », abonde Yannick Rannou, directeur commercial de Prince de Bretagne. Ce que confirme Ronan Collet, président de Solarenn, pour qui « la tomate grappe s’est bien écoulée avec des prix corrects ».

La bonne tenue de ce produit qui représente autour de 37 % des ventes est un facteur de stabilité précieux. « Les grappes rondes, ce sont les tomates de base. Il y en a toujours besoin. La demande se maintient. C’est un produit d’appel pour les distributeurs avec du premier prix », remarque Yann Le Cunff, responsable de projet à l’AOPn Tomates et concombres de France. Pour les producteurs, la grappe assure l’accès à un marché volumique.

Euphorie pour la tomate côtelée

Bonne nouvelle également du côté des tomates côtelées. Les données Kantar confirment l’essor de ce segment avec 46,5 % de foyers acheteurs contre 37,9 % deux ans auparavant. « Ces trois à quatre dernières années, le marché a été très demandeur des côtelées de couleur. Les surfaces sont de plus en plus importantes et en face le consommateur est présent », retrace Yann Le Cunff. Il mentionne que les grandes surfaces aiment mettre en avant ce produit qui contribue à l’attractivité des étals. Une aide pour le référencement.

C’est même presque une sorte d’euphorie qui gagne ce segment. « Ça explose depuis quatre ans, et c’est encore une bonne année en volume. C’est très solide en valeur », positive Philippe Fort.

À Prince de Bretagne, on juge que pour ce segment, « c’est une année très satisfaisante avec une très bonne demande et des bons prix ». « La tomate est un produit plaisir. Le consommateur est en recherche de goût », analyse Yannick Rannou.

Et en matière de tomates côtelées et colorées, la production française continue de camper en leader pour ne pas dire presque en monopole. « Jusqu’ici il n’y a pas d’importation, lâche Philippe Fort. C’est très franco-français. »

Le début et la fin de saison deviennent tendus

Deux éléments viennent assombrir ce panorama plutôt réjouissant. Le premier est la météo. L’automne est arrivé très vite alors que la production française était encore très abondante.

De façon unanime, les responsables interrogés pointent une transition très rapide vers les gammes d’automne opérée par les grandes surfaces, avec une réduction des linéaires et une présence anticipée des produits d’importation. « En septembre, la situation a été beaucoup plus tendue », résume Yannick Rannou.

Ronan Collet rappelle que l’année entière a été compliquée pour la tomate cerise et la tomate cocktail. « Dès mai, il y a eu de grosses difficultés d’écoulement avec la présence massive d’importations marocaines, déplore-t-il. La grande distribution a retardé encore une fois le basculement vers l’offre française. En mai, il y avait encore beaucoup de tomates marocaines sur les étals avec même des promotions alors que l’on n’arrivait pas à écouler notre production. » Comme à chaque fois, un coup de pression a été nécessaire. Après une période plus favorable sur juillet-août, il constate que la situation « s’est tendue fin août dans tous les types d’enseignes même si certaines jouent un peu plus le jeu que d’autres ».

La filière perçoit la nécessité d’être en construction avec les enseignes. « Quand on alerte plus fortement, ils mettent en place des actions pour écouler les volumes », observe Yann Le Cunff.

Le marché des petites tomates en crise

« Le gros problème se concentre sur les petits fruits. Les volumes sont stables mais la valeur pas du tout dans les objectifs », martèle Philippe Fort. La concurrence de la tomate cerise marocaine tire les prix vers le bas. « La tendance est là depuis les 3 ou 4 dernières années mais il y a une accentuation préoccupante », insiste-t-il.

D’où une situation de plus en plus paradoxale. Plébiscitée par les consommateurs, la tomate cerise correspond à une vraie demande mais la production française voit sa valorisation s’effriter alors que ce produit implique des coûts de production élevés.

Le prix moyen d’achat de la tomate cerise baisse

<em class="placeholder">Le prix moyen d’achat au kilo de la tomate cerise a perdu 0,14 euro en deux ans</em>

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