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« Les acheteurs font les difficiles », Gaël Blard obligé de vendre 13 tonnes d'ail bio en direct

Une partie de sa production d’ail a été retoquée par la grande distribution. Sur 38 tonnes au total, 13 tonnes ne seront pas achetées par les grossistes. L’agriculteur a décidé de vendre lui-même sa production en organisant des journées de vente à la ferme et en l’annonçant via YouTube. Pari réussi pour Gaël Blard qui a écoulé ainsi 6,5 tonnes d’ail.

En juillet 2021, dans une interview qu’il nous avait accordée, Gaël Blard déclarait : « Être présent sur les réseaux sociaux aide à se dépatouiller ». Récemment, l’agriculteur de la Drôme a eu l’occasion une nouvelle fois d’en faire l’expérience. Fin octobre, il a posté sur YouTube une vidéo invitant ses abonnés à venir acheter de l’ail bio directement sur son exploitation le samedi 29 octobre. Un mode de commercialisation nouveau pour le producteur qui écoule habituellement sa marchandise via les grossistes qui approvisionnent les grandes surfaces.

Un déclassement pour cause de surproduction

« Chaque année, on nous pousse à produire plus », déplore le producteur. Mais cette année la production a dépassé les besoins et les acheteurs « se permettent de faire les difficiles » estime-t-il.  « Un petit choc » et « on déclasse ». Au total plus de 13 tonnes sur ses 38 tonnes ne vont pas partir chez les grossistes en raison de petits défauts à peine visibles à la surface de certaines gousses. A cela s’ajoute le waxy, une maladie qui touche environ 5 % de la production. Chaque année, les gousses touchées par cette maladie sont écartées. En revanche, jusqu’ici, avec les traces de chocs « on n’a jamais eu de souci » affirme Gaël Blard. Cette année, il va pourtant devoir embaucher 8 personnes, 7 h/j pendant 4 à 5 semaines pour trier l’ail « parfait » et le 2e choix.

Pour perdre moins d’argent, l’agriculteur a organisé 2 samedis de vente directe sur la ferme. L’annonce a été faite sur YouTube et dans les journaux locaux. L’ail 2e choix a été vendu directement sur l'exploitation au prix de 5 € le kilo, soit environ un tiers du prix. Au total, environ 1500 personnes se sont déplacées et 6,5 tonnes ont été vendues. Une vente aura de nouveau lieu ce samedi entre 10 h et 12 h. Et l’agriculteur envisage aussi une journée de vente avec d’autres producteurs sur sa ferme pour vendre de l'ail et d’autres légumes : oignons, patates douces…

Travailler autrement

En 2023, « je n’aurai pas les moyens d’acheter des semences », affirme le producteur, du moins pas pour les 6,5 ha ensemencés en 2022. La surface sera vraisemblablement réduite à 1 ha avec de nouveau une commercialisation en direct. « Je ne peux pas me permettre de perdre de l’argent chaque année » assure-t-il, d’autant qu’il paye encore des crédits sur le matériel. Il déplore d’être obligé de respecter les cahiers des charges (global GAP) trop contraignants imposés par les grossistes. « Je ne veux plus travailler comme ça » martèle-t-il. Le blanchissage de l’ail, qui consiste à couper la première peau sur les gousses, n’est pour lui pas nécessaire. Réaliser cette opération coûte 1 € le kilo. A l’avenir, il envisage de commercialiser de l’ail non blanchi à 1 € de moins le kilo, un prix plus intéressant pour le client.

Des consommateurs mobilisés

L’ail est un légume qui est conservé longtemps, ce qui génère des frais de frigo et des paiements tardifs de la marchandise. Cette année, c’est un « coup dur » reconnaît Gaël Blard. Le producteur conclut malgré tout sur une note positive. « Je suis surpris de voir la mobilisation des gens », observe-t-il. « Le client final est de plus en plus intéressé » et le circuit court fait des adeptes.

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