Ecopâturage en Alsace : « j'ai constitué un troupeau de moutons avec deux autres coopérateurs pour entretenir nos vignes »
Christine Sutter, vigneronne en agriculture biologique à Berrwiller, dans le Haut-Rhin, et vice-présidente de la cave du Vieil Armand, a mis en place de l'écopâturage avec deux autres collègues coopérateurs en constituant un troupeau de moutons en commun. Retour d'expérience.
Christine Sutter, vigneronne en agriculture biologique à Berrwiller, dans le Haut-Rhin, et vice-présidente de la cave du Vieil Armand, a mis en place de l'écopâturage avec deux autres collègues coopérateurs en constituant un troupeau de moutons en commun. Retour d'expérience.

« En 2021, j'ai constitué un troupeau de moutons avec deux autres coopérateurs, en bio comme moi. Nous avons choisi la race Shropshire pour sa rusticité. Nous avions 10 animaux au départ. Ils sont aujourd'hui une trentaine, suite à des naissances et des achats. Ils entretiennent 30 hectares. Le troupeau est au nom d’un de mes collègues mais les tâches et les coûts sont partagés. Il y a un peu de travail administratif. Il faut être rigoureux mais je suis habituée parce que j’élève aussi des bovins.
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Mutualiser la gestion des moutons
La préparation des clôtures prend du temps. Être à trois permet de partager les tâches et de s’aider. La tonte des moutons est réalisée une fois par an. La laine est utilisée en paillage dans nos vergers.
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Pour le transport, nous avons construit une bergerie mobile qui se remorque derrière un 4x4 ou un tracteur et utilisons aussi un ancien van que possède l’un des associés. La cabane est mise en place au bord de la parcelle. Ils peuvent aller dedans ou dessous.
Le troupeau assure l'entretien du sol et l'effeuillage
Les moutons nous font économiser deux passages. Les animaux restent dehors toute l’année mais nous rentrons les brebis l’hiver pour la mise bas. Nous avons chez moi et chez un collègue un bâtiment pour les abriter. Les animaux pâturent dans le vignes jusqu’au liage mais ils reviennent début juillet pour un effeuillage et l’entretien du sol. Il faut être ultra rapide et observateur pour les retirer de la parcelle dès qu’ils lèvent la tête mais cela facilite ensuite le travail des vendangeurs. Cette race est aussi valorisable en viande, ce que nous faisons depuis deux ans. Un abattoir juste à côté prépare la viande et la met sous vide. Elle est vendue en direct.
Un impact positif sur la qualité de travail et la communication
L’élevage implique beaucoup d'observation et une sensibilité au bien-être animal. On nous pose souvent la question du cuivre mais dans mes vignes je suis à moins de 1,5 kg par hectare. Introduire du vivant dans les vignes a du sens et rend le paysage agréable et paisible. Cela donne du plaisir dans notre métier et suscite beaucoup d’intérêt. Ça nous reconnecte avec les citoyens.»