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Cultures énergétiques pour la méthanisation : vers une approche plus agronomique ?

Culture principale, culture intermédiaire à vocation énergétique (Cive) ? Les cultures qui rentrent dans les méthaniseurs sont des cultures énergie. Comme les cultures fourragères ou alimentaires, elles entrent dans la rotation et doivent être considérées avec une approche agronomique. C’est l’idée évoquée lors du webinaire organisée par Solagro le 7 septembre. La profession souhaite que tout le monde puisse monter en compétence avec des projets en cohérence globale.

Effluents d’élevage, culture principale, culture intermédiaire à vocation énergétique (Cive), végétaux non agricoles… L’alimentation des méthaniseurs varie en fonction des régions et des projets.
© Ludovic Vimond

Depuis maintenant 40 ans, Solagro mène des études sur la méthanisation et accompagne les porteurs de projets. L’association a organisé le 7 septembre un webinaire sur le thème de « La méthanisation agricole dans le mix énergétique français ».

Les différents intervenants ont abordé la question des cultures énergétiques. Culture principale ou CIVE (culture intermédiaire à vocation énergétique) ? « Les choses ne sont pas si simples » a constaté Christian Couturier, directeur de Solagro. La Cive est une inter-culture, c’est-à-dire qu’elle doit être semée et récoltée entre deux cultures principales. Mais distinguer une culture intermédiaire d’une culture principale n’est pas toujours facile. Il y a certaines cultures intermédiaires qui n’en sont pas.

Les quatre participants à cette rencontre ont fait part de leur expérience dans 4 régions différentes.

. Armelle Damiano, directrice et responsable du secteur biogaz de l’agence AILE (Bretagne)

. Yves Le Roux, Ensaia-Urafpa-Chaire AgroMétha à l’Université de Lorraine (Grand-Est)

. Jérémie Priarollo, responsable de l’activité méthanisation à Solagro, Toulouse (Midi-Pyrénées)

. Grégory Vrignaud, gérant d’ACE méthanisation (Poitou Charentes)

 

Part faible des cultures principales

En Bretagne, la ration annuelle qui alimente les méthaniseurs provient à plus de 60 % des effluents d’élevage. Le maïs ne représente que 6 à 7 % du tonnage, affirme Armelle Damiano. Dans le Grand-Est, Yves Leroux donne également le chiffre de 6 à 7 % de cultures dédiées qui rentrent dans les méthaniseurs.

La culture dédiée n’est financièrement pas bien valorisée en méthanisation mais « la rentabilité ne se calcule pas sur une seule culture, » note Grégory Vrignaud. Elle offre cependant les avantages d’un prix stable, d’une économie sur les apports d’intrants, azote notamment. « Certaines cultures dédiées peuvent être intéressantes » assure-t-il, comme le sorgho par exemple qui ne nécessite pas de désherbage.

« Techniquement, on peut se passer des cultures principales mais cela peut apporter des opportunités, » commente Christian Couturier. Ce n’est pas une nécessité absolue mais cela peut avoir un intérêt dans certaines rotations et présenter une fonction de sécurisation sur le plan agroécologique.

Au-delà des cultures intermédiaires, une logique agronomique

Les intervenants ont présenté différentes rotations de culture intégrant des cultures intermédiaires destinées à la méthanisation. Jérémie Priarollo, par exemple, a présenté un système de Cive méthanisable en zone maïs qui permet une amélioration du bilan humique et des économies d’eau.

Yves Le Roux, lui, propose de ne plus parler de Cive ou de culture dédiée. « On est sur une logique agronomique. Le retour à l’agronomie, c’est la clé du système, » affirme-t-il. Il propose de parler de culture énergie et préconise qu’une culture dédiée ne puisse servir à la méthanisation que si elle est fertilisée par digestat. Un itinéraire qu’il qualifie de « système de reconception agronomique innovant ».

Lire aussi : Le gisement d'effluents avicoles intéresse la méthanisation

Vers une certification ?

Les intervenants ont souligné également le besoin de la profession de mise en place de contrôle des conduites de cultures pour la méthanisation. « Pour éviter les chauffards » et pour contrôler la cohérence globale des parcours. Les initiatives doivent rentrer dans une logique économique. « Les subventions ont été le levier majoritaire mais ce sera moins le cas à l’avenir, » souligne Armelle Damiano. « Il faut continuer à observer le passé pour voir l’avenir ».  L’idée d’une certification annuelle par une tierce partie indépendante est évoquée. « Le contrôle permettrait d’apporter des réponses aux opposants, » suggère aussi Yves Le Roux. Lié à une animation technique, il pourrait aussi « faire monter tout le monde en compétence ». Pour Jérémie Priarollo, c’est une manière d’encourager les exploitants à améliorer leurs pratiques et de montrer que la filière « s’auto-saisit de ses enjeux ».

Lire aussi : Les énergies renouvelables à la ferme en 5 graphiques

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