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Béarn - « Nous avons choisi l’insémination artificielle ovine pour participer au schéma collectif avec notre système transhumant »

Dans le Béarn, Lucie Lapeyre et Pierre Glisia élèvent 250 brebis laitières en système transhumant. Passionnés, ils ont intégré le pool de sélectionneurs de la race afin de participer à l’effort collectif de progrès génétique.

<em class="placeholder">Pierre Glisia, éléveur de brebis laitières dans le Béarn</em>
Pierre Glisia, éléveur de brebis laitières dans le Béarn.
© B. Morel

Dans la vallée de Barétous, en plein cœur du Béarn, Lucie Lapeyre et Pierre Glisia élèvent 250 brebis basco-béarnaises dans un système transhumant et transforment la totalité de leur lait en fromages vendus localement.

 

 
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Bénéficiant dès le départ de doses de semence pour l'insémination provenant de béliers de qualité disponible grâce au travail des sélectionneurs, Pierre Glisia a choisi de rejoindre ces passionnés de génétique. © DR

Installé hors cadre familial depuis 2018, Pierre s’est intéressé rapidement à l’amélioration génétique de son troupeau avec le Centre départemental de l’élevage ovin (CDEO). « Dès mon installation, j’ai adhéré au contrôle laitier simplifié génétique pour réaliser 35 % d’insémination artificielle (IA) dans mon troupeau », explique-t-il. « La génétique m’a toujours intéressé : travailler avec d’autres éleveurs pour le développement d’une race, décider des critères de sélection communs, c’est important pour progresser collectivement ! »

Devenir sélectionneur par passion et reconnaissance

En 2020, voyant l’éleveur motivé et le taux d’IA dans le troupeau progresser, le CDEO propose à Pierre de devenir sélectionneur pour la race basco-béarnaise. « À mon installation, au moment de constituer mon troupeau, j’ai pu bénéficier de nombreuses doses d’IA de béliers de qualité qui ne m’appartenaient pas », rappelle Pierre. « Devenir sélectionneur et participer au schéma de sélection collectif d’amélioration de la race basco-béarnaise, en quelque sorte, c’est une façon de renvoyer l’ascenseur ! »

Aujourd’hui, une centaine de brebis sur les 250 qui constituent le troupeau sont inséminées chaque année autour du 10 juin. La lutte pour les retours en chaleurs commence une semaine plus tard, au moment de la transhumance, avec des béliers améliorateurs dits « génomiques ».

Connaître les pères par comparaison d’ADN

 

 
<em class="placeholder">Brebis au pâturage</em>
La lutte naturelle se fait lors de la transhumance avec des béliers améliorateurs. Les éleveurs font ensuite des assignations de parenté pour connaître la filiation de chaque animal né. © DR

Pour préparer les brebis à la lutte, Pierre et Lucie réalisent un flushing et distribuent des minéraux favorables à la reproduction avant la lutte et pendant toute la période qui suit, même une fois que le troupeau est en estive. En 2025, la fertilité à l’IA a atteint 71 %, « nous travaillons avec nos techniciens pour améliorer les résultats de fertilité pour toutes nos races pyrénéennes, et ça porte ses fruits ! », s’exclame l’éleveur.

S’il est facile de connaître les paternités des agnelles nées d’IA, ce n’est pas le cas pour toutes les agnelles de renouvellement. « Je fais des assignations de paternité pour les agnelles nées des retours », explique Pierre. Cette technique, basée sur la comparaison de l’ADN des béliers et des agnelles, permet d’avoir des généalogies les plus complètes possible pour gagner en fiabilité sur les index génétiques des brebis et limiter la consanguinité. « Cela me permet surtout un gain génétique plus important et plus fiable, puisque je connais les pères de mes agnelles, je peux choisir de garder les meilleures ! »

L’Isol enrichi régulièrement de nouveaux critères

 

 
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Grâce à une préparation minutieuse des brebis avant la lutte (flushing et apport de minéraux), les résultats d'insémination peuvent dépasser les 70 % de réussite. © DR

L’Isol, critère de sélection en ovin lait, a connu plusieurs évolutions au fil du temps, adaptées à chacune des races de brebis laitières. La race basco-béarnaise n’y a pas échappé : en plus de la quantité de lait, ce sont progressivement la richesse du lait, les cellules somatiques du lait et la morphologie de la mamelle qui ont été intégrées à l’Isol. « En 2025, nous avons ajouté la résistance au parasitisme car c’est un problème important chez nous et nous n’avons pas de traitement disponible pendant la période de traite », rappelle l’éleveur. « Le but c’est d’avoir des brebis qui résistent aux strongles gastro-intestinaux pour les traiter le moins possible. »

Aujourd’hui administrateur au CDEO, Pierre est convaincu de la force du collectif pour faire avancer la sélection des brebis des races pyrénéennes. « Il y a des bonnes brebis dans tous les troupeaux ! Nous avons une race commune, un territoire commun, nous devons travailler ensemble pour faire progresser notre race. »

Lucie Loubière, conseillère agriculture biologique à Unotec, et Pauline Guilloux, responsable R & D à Ovi-Test

Des éleveurs sélectionneurs réalisent l’IA sans traitements hormonaux

 

 
<em class="placeholder">Lucie Loubière, conseillère agriculture biologique à Unotec</em>
Lucie Loubière, conseillère agriculture biologique à Unotec. © DR

« Après plusieurs années d’expérimentation, six élevages en agriculture biologique accompagnés par la coopérative Ovi-Test mettent en place un protocole d’insémination artificielle(IA) sur chaleurs naturelles, sans recours aux traitements hormonaux facilitant la reproduction puisque ces derniers sont interdits en agriculture biologique.

L’objectif de ces éleveurs est de pouvoir bénéficier du progrès génétique dans leur élevage grâce à l’IA et de créer le progrès génétique par des reproducteurs certifiés AB pour certains d’entre eux qui sont en sélection. Le protocole comprend deux phases. La première période consiste en un effet bélier de deux semaines avec des béliers vasectomisés ou équipés de tabliers empêchant la saillie pour déclencher les chaleurs des brebis.

Un protocole permettant le groupage des agnelages

Cet effet bélier est suivi par une période de détection des chaleurs et d’IA chaque jour pendant deux périodes de cinq jours (soit deux semaines hors week-end). Durant cette période, les brebis détectées en chaleur par des béliers équipés de tabliers marqueurs la nuit sont identifiées et inséminées le lendemain. Pendant le week-end où les IA ne sont pas réalisées, les éleveurs font soit de la lutte contrôlée, soit de la monte naturelle classique avec des béliers entiers intégrés au troupeau. Dans la plupart des élevages, le groupage des mises bas est relativement satisfaisant et les résultats de fertilité permettent de conserver tout ou partie du renouvellement issu d’IA.

La coopérative Ovi-Test a mis en place un accompagnement spécifique pour ce protocole. L’objectif est d’aider l’éleveur dans la prise en main et la réussite technique. Il en ressort que les points majeurs pour assurer la fertilité à l’insémination sont : un effet bélier rigoureux avec des béliers bien préparés avec un flushing marqué et un repérage drastique des brebis en chaleurs chaque matin (des brebis avec au moins trois chevauchements dans la nuit et une seule insémination par brebis pour assurer la paternité). »

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