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Vente directe : Les distributeurs automatiques de produits agricoles ont le vent en poupe

Apparue en Allemagne au début des années 2000, la vente automatisée de produits agricoles se répand en France à vitesse grand V, y compris pour les produits carnés.

Le distributeur climatisé de la Ferme de Marie Jeanne est installé à Andel (22) depuis décembre 2022
Le distributeur climatisé de la Ferme de Marie Jeanne est installé à Andel (22) depuis décembre 2022
© P. Le Douarin

Acheter en vente directe via un distributeur automatique est ultra simple. Le consommateur sélectionne sur la borne de commande le produit qu’il a repéré à la place numérotée. Et une fois qu’il a payé – de plus en plus par carte bancaire – la borne ouvre le casier. Le client n’a qu’à se servir et à refermer le casier. Le web permet aussi de commander à distance et retirer sur place, pour être sûr d’avoir le produit recherché.

Dans la mouvance de la vente directe

D’après Luc Folzenlogel, commercial chez Filbing distribution, le principal fournisseur français, « environ 1200 machines permettent de vendre des produits de la ferme en France, dont une majorité de notre marque ». Grégori Akermann, chargé de recherche en sociologie à l’Inrae et qui suit l’évolution des circuits courts, confirme ce chiffre. « J’estime que le nombre de distributeurs a doublé entre 2018 et 2022 et qu’ils dépassent le millier. »

Une réglementation commerciale

Un distributeur automatique est assimilé à un magasin, dans la mesure où le client paie sur place. C’est pourquoi la même réglementation s’applique : permis de construire ou d’aménager, sécurité incendie, accès aux personnes à handicaps, réglementation de la vente directe (déclaration Cerfa n° 13984).

Très répandus dans le Nord et l’Est de la France, ces distributeurs essaiment sur l’ensemble du territoire. Le sociologue avance plusieurs hypothèses : « un rapport coût/service apporté intéressant pour le producteur, des aides à l’investissement, l’essor général de la vente directe, la revitalisation commerciale de territoires délaissés par des méthodes innovantes (drives fermiers, magasins automatiques…), des consommateurs rassurés par du produit local et disposés à l’acheter sans nécessairement rencontrer le producteur, des garanties de fraîcheur et d’approvisionnement… »

Village Fraicheur veut relancer le petit commerce à la campagne avec des distributeurs multiproduits

 

Aujourd’hui, l’offre d’équipements est large, avec une vingtaine de fournisseurs français, dont quatre principaux (Filbing, Providif, Le Casier Français, Lardé distribution/WDM).

Il est possible de vendre n’importe quel produit agroalimentaire (sauf du vin et de l’alcool), sec ou périssable, en frais, réfrigéré, ou congelé dans des conditions sanitaires et réglementaires, similaires aux magasins conventionnels.

L’investissement peut varier de 10 000 à 100 000 euros selon le niveau d’équipement et le nombre de casiers.

Les principaux fournisseurs de casiers

La palette des fournisseurs et de la gamme de distributeurs automatiques s’étoffe d’année en année. Ils proposent plusieurs systèmes : des distributeurs à casiers (avec de nombreuses dimensions de cases), des distributeurs à plateaux tournants ou à tapis roulant pour les produits moins volumineux (œufs, bocaux, viande découpée…), des distributeurs à température ambiante ou régulée (surgelé, réfrigéré) et même un distributeur dans lequel les produits sont sur des plateaux peseurs (nouveauté de Providif).

Par ordre alphabétique (liste non exhaustive) : ABC Drive (département 44), ADS drive (54), AST-Le Casier Français (59), BS distribution (39), D2C Technologies (50), DAPS (79), Districlick (44), Drive Distribution (75), Elipas (78), Fas France (Italie et 93), Filbing (67), Kiosques automatiques de l’ouest (79), Lardé Distribution-WDM (80), Providif (57), SGA Market (76). Pour les œufs : ATS-Le Casier Français, Eggpress en Irlande (https://www.eggspress.ie/).

Une disponibilité 24 heures sur 24

Pour l’agriculteur, un casier automatique permet de toucher une clientèle complémentaire, tout en ne mobilisant pas la ressource humaine qu’exige la vente en présentiel. En revanche, il lui demandera une bonne organisation pour approvisionner régulièrement (ne pas être trop loin) et de la rigueur pour fidéliser le client (garantie de fraîcheur, bonne présentation et attractivité du produit, panneaux explicatifs, respect des DLC, propreté des lieux…).

L’installation du distributeur est à étudier au cas par cas, afin de dégager un volume d’activité rentable. Le choix de l’emplacement (coûts d’installation et de fonctionnement, fréquentation), la qualité du service et la variété de produits sont trois des points clé de la rentabilité.

 

 Jérôme Laurent aviculteur à Montenils (Seine et Marne) : « Le distributeur est devenu notre cinquième marché »

 

 
Le distributeur de produits de volailles installé chez une productrice de produits laitiers a évité à Jérôme Laurent de faire un cinquième marché dans la semaine.

 

« Je me suis installé en 2019 en Seine et Marne, à la suite de mes parents,. Nous produisons des œufs et des volailles que nous vendons aux trois quarts en direct sur quatre marchés de communes rurales, plus des œufs.

J’ai installé un distributeur en avril 2021 pour se libérer de l’astreinte d’un marché supplémentaire (6 heures bloquées) et pour relancer l’activité qui a baissé après l’euphorie de la covid.

Il est installé à 20 km à la Ferme du Petit Rémy. J’ai investi avec Christelle qui fabrique et vend des produits laitiers. Nos deux gammes se complètent. J’ai investi environ 35 000 euros dans 60 casiers Lardé-WDM (dont 36 réfrigérés) avec la borne de paiement, hors frais d’installation (bâtiment et autres).

Dans la partie sèche je mets des œufs et des bocaux de volailles transformées et de la volaille entière, découpée sous vide, des nuggets, des saucisses dans le distributeur froid. C’est le même prix qu’aux marchés. Je les charge les mercredis et vendredis après-midi, l’essentiel des ventes se faisant en fin de semaine et le week-end. »

Le point de vente est accessible nuit et jour. Les casiers qui tournent le mieux sont ceux à hauteur des yeux. Bien que nous soyons en pleine campagne, les ventes marchent bien. C’est comme si nous faisions un cinquième marché, avec une rentabilité du même ordre. Après presque deux ans de fonctionnement, j’estime que le système est rentable. »

 

Développer le petit commerce local et diversifié

Village Fraicheur veut relancer le petit commerce à la campagne avec des distributeurs multiproduits
 

 

Les distributeurs automatiques vont peut-être permettre de relancer le petit commerce de produits locaux tué par la grande distribution. C’est ce que veut croire Alexis Auger, avec son concept Village fraîcheur lancé en mai 2022 dans la Manche. Le jeune entrepreneur contacte des mairies rurales, en vue d’installer des points de vente automatisée proposant les produits d’agriculteurs et de petites entreprises alimentaires (restaurants, bouchers, boulangers…).

« Il faut des points de vente avec des produits diversifiés, car la vente mono produit marche mal. Avoir une gamme variée et qui change est essentiel pour créer du flux. Je propose une formule souple qui va de la location des casiers avec un engagement court (3 mois) jusqu’à leur achat. L’agriculteur ou l’artisan ne s’occupe que de ses casiers et moi je gère le reste. À la demande de certains, j’ai aussi démarré le remplissage des casiers avec un salarié dédié et un local de stockage attenant réfrigéré. »

Né dans la Manche, le concept a vocation à se développer sous la forme d’une franchise.

Les aides varient selon les départements

Des dispositifs d’aides publiques aux investissements peuvent être activés, mais ils varient selon les régions et les départements. Mieux vaut se renseigner auprès d’un (e) conseiller (e) en circuits courts de la chambre d’agriculture de votre département.

Ainsi, pour la Bretagne les producteurs bénéficient d’un soutien de leur Conseil départemental (sauf dans le Morbihan), au titre « d’aide à la transformation et à la vente directe » si l’investissement éligible est inférieur à 50 000 euros. Le taux d’aide de base est de 25 %, de 35 % pour un JA et de 40 % pour un projet collectif, avec un plafond de 30 000 (40 000 euros si projet collectif). Au-delà de 50 000 €, les agriculteurs doivent se tourner vers la région Bretagne, dans le cadre d’un dispositif PCAEA (mesure 422).

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