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Un effet positif du blé entier sur les performances et le bien-être des volailles

Mixscience confirme l’intérêt technique du blé entier chez le poulet. Le déploiement de cette pratique en élevage impliquera pour l’usine d’aliment d’adapter les niveaux nutritionnels et son process de fabrication.

Alors que l’intérêt du blé ingéré entier est connu depuis longtemps sur le plan digestif (taille du gésier, acidification du bol alimentaire…), son intérêt zootechnique est désormais lui aussi bien établi. Le gain potentiel attendu en poulet, selon les essais en station ou en élevage, est d’environ 20 à 50 grammes sur le poids vif et de 3 à 10 points sur l’indice de consommation. Un gain confirmé par un récent essai mené en station expérimentale par la firme services Mixscience sur des poulets Ross 308, nourris avec un aliment comprenant du blé entier (3 % sur aliment démarrage, 10 % en croissance, 30 % en finition). Il démontre que l’effet du blé entier est d’autant plus bénéfique lorsque les poulets sont élevés dans des conditions proches de celles du terrain. La firme services a utilisé son modèle expérimental qui vise à créer des conditions d’élevage non optimales (litière plus grossière, matières premières moins sécurisées…). « En conditions de station optimales, le blé entier n’apporte pas plus de performances qu’un aliment classique », a détaillé Nicolas Brévault, responsable volaille Mixscience. « À l’inverse, en conditions 'terrain', le blé entier a permis une amélioration significative de l’indice de consommation. » (voir graphique) Cette dernière est d’autant plus élevée lorsque l’on augmente la concentration énergétique de l’aliment : - 5 points d’IC corrigé à 36 jours avec un aliment peu concentré contre - 10 points dans le cas d’un aliment très concentré.

Un effet sur les pododermatites et la qualité de viande

Le blé entier a également eu un effet positif sur la fréquence des pododermatites. Le meilleur taux de pattes conformes (83 % en conditions optimales) a été obtenu en cumulant les facteurs « blé entier » et « aliment très concentré ». « Pour maximiser l’effet du blé entier, conclut le nutritionniste, les fabricants d’aliments qui déploieront cette pratique auront tout intérêt à revoir les niveaux nutritionnels de leurs aliments. » Par ailleurs, le blé entier a eu un effet très marqué sur la pigmentation des filets (couleur plus jaune), particulièrement en conditions challengées. « Cela confirme l’effet levier du blé entier pour améliorer la santé digestive (meilleure absorption des pigments de l’aliment du fait d’une meilleure digestibilité). »

L’atout d’une incorporation à l’usine

Au-delà de l’intérêt technico-économique, l’incorporation de blé entier dans l’aliment contribue à améliorer le bien-être animal, la qualité de viande mais aussi l’image de la production auprès du consommateur (naturalité, démédication….). «Tout nous pousse vers ce genre de pratique mais elle doit être bien organisée et maîtrisée », prévient Luc Mahieu. Pour l’expert Mixscience, le fait d’incorporer le blé entier dans l’aliment complémentaire à l’usine plutôt qu’en l’élevage, chez un éleveur qui produit ses céréales et les stocke, est un atout indéniable. « L’usine a une meilleure capacité à sélectionner des blés dédiés qui soient de qualité optimale et homogène. » Afin d’améliorer ce point crucial, Mixscience a développé un process intégrant l’appréciation visuelle du blé (absence d’insectes, d’impuretés et de petits grains) au poids spécifique et à l’énergie métabolisable mesurée à l’aide du NIR. En pratique, l’usine devra avoir deux stockages de blés, dont environ 80 % utilisés dans le process de fabrication classique (broyage et granulation) et 20 % qui seront réincorporés en l’état en fin de process. L’enjeu majeur pour l’usine reste de fabriquer un aliment complémentaire de qualité, qui réponde aux exigences particulières de la génétique Ross 308 en termes de présentation, de durabilité, de transition alimentaire. « Ce poulet tolère peu de variabilité de l’aliment. Cela passe également par une augmentation très progressive du taux de blé entier, pour éviter tout risque de tri et d’hétérogénéité des poids », souligne-t-il.

Une incorporation à l’usine iso-coût

La fabrication d’un aliment contenant du blé entier ne devrait pas avoir d’incidence économique pour l’usine d’aliment. Luc Mahieu a fait le calcul en prenant l’exemple d’une usine spécialisée en aliment volaille (100 000 t/an) et un coût de fabrication initial de 10 euros/tonne. En considérant l’économie faite sur le non broyage des 20 % de blés utilisés en l’état et le coût de son mélange en fin de process (2 à 4 euros), le coût de fabrication moyen baisse à 8,50 euros soit une économie d’1,50 euro. Il compense le coût d’investissement nécessaire pour le matériel de stockage et de transfert, amortis sur cinq ans (soit 1 euro environ). « Cela se solde pratiquement par un coût zéro, sans compter que cela permettrait par ailleurs de désaturer les usines d’aliment qui le sont », conclut-il. Le retour sur investissement de cette pratique sera à évaluer au cas par cas en fonction du modèle de production et du type d’usine.

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